Avec conviction, nous votons oui !
Loi sur la reconnaissance des communautés religieuses
Réponse à la réaction du « Collectif du Pervou » (Courrier du 02.09.2021).
La loi soumise au peuple neuchâtelois est le fruit d’un long processus de discussions en vue de mettre en œuvre la Constitution cantonale. Approuvée en 2001 par une large majorité du peuple (76%), celle-ci contient notamment la possibilité d’une « reconnaissance de l’intérêt public d’autres communautés religieuses », « autres » que les trois Églises actuellement reconnues (catholique, catholique-chrétienne et réformée). La loi fixe de manière précise le cadre, les critères et les effets d’une telle reconnaissance.
Pour l’enseignement dans les bâtiments scolaires, la loi prévoit les dispositions aujourd’hui en vigueur (LOS 28 mars 1984) : « L’enseignement dispensé dans les écoles publiques est laïque » (art.5) ; « L’enseignement religieux est distinct des autres enseignements. (…) La fréquentation de cet enseignement est facultative. » (art.8). Pour des raisons d’organisation et de disponibilité des locaux, les Églises reconnues ne font d’ailleurs que partiellement usage de ce droit.
Il est certes possible que certains points de la loi ne soient pas parfaits ; il n’en demeure pas moins que la loi elle-même, telle qu’elle est soumise au peuple, permet une mise en œuvre largement bénéfique de la Constitution.
En vérité, son éventuel rejet profiterait avant tout à deux groupes d’opposants présents parmi les référendaires, qui sont d’ailleurs aux antipodes l’un de l’autre :
d’une part ceux qui, systématiquement, font obstacle à l’accueil et à l’intégration de gens venus d’ailleurs, – ces « autres » caricaturés naguère comme « moutons noirs » qui menaceraient notre vie commune ;
d’autre part des groupements hostiles par principe à toute religion, qui aimeraient voir supprimer de la Constitution fédérale la mention de Dieu et effacer la Croix des drapeaux neuchâtelois et confédéré.
Voter « Non » à la loi, c’est faire le jeu de tels mouvements d’opinion, au détriment de la paix confessionnelle et de la cohésion au sein d’une société plurielle comme la nôtre.
C’est pourquoi, tout en partageant avec le collectif du Pervou la conception d’une laïcité comme vecteur de paix civile et de respect des convictions de chacun, nous nous engageons résolument pour le « oui » à la loi sur la reconnaissance des communautés religieuses telle qu’elle est proposée, même si elle est imparfaite.
Elle est l’expression d’une laïcité inclusive qui vise à intégrer plutôt qu’à diviser et à exclure : la « laïcité de coopération » préconisée par Jean-François Aubert, ancien conseiller aux États libéral neuchâtelois qui contribua à l’élaboration de la Constitution.
Béatrice Perregaux Allisson ; Anne-Pascale Isler ; Dominique Jan Chabloz ; Marinette Jequier ;
Séverine Schlüter ; Véronique Tschanz Anderegg ; David Allisson ; Ion Karakash ; Patrick Schlüter