Maison de l’Absinthe
10 ans pour l’écrin de la Fée Verte
Avec une certaine poésie et une évidente convivialité, la Maison de l’Absinthe a célébré son dixième anniversaire, samedi dernier. Un âge qui n’a rien encore de vénérable mais qui dénote la place acquise depuis sa création par l’institution dans le paysage touristique du canton.
Légère brume bleuté enveloppant les forêts vertes des hauteurs, l’atmosphère matinale, propre aux contes et légendes, de samedi dernier était idéale pour l’apparition soudaine d’une, puis deux et enfin trois fées devant le parvis de l’ancien Hôtel de district, devenu depuis dix ans la Maison de l’Absinthe (MABS). Ainsi a débuté la cérémonie officielle de l’anniversaire de l’institution, les fées chantant et louant, dans un langage inconnu aux sonorités mystiques et presque gaéliques, le mythique breuvage, bénissant par des formules secrètes les verres et l’imposante fontaine à absinthe géante qui trônait au centre de la Grande Rue de Môtiers, attraction de l’événement. « Cette langue est de l’absinthial, créé exprès pour aujourd’hui », a expliqué avec humour Yann Klauser, directeur de la MABS, très ému.
Si ému qu’il laissa rapidement la parole au président de la Fondation de la Maison de l’Absinthe. « Dix ans, ce n’est pas encore un âge respectable, mais ce n’est pas rien non plus », a débuté Baptiste Hurni, avant de noter certains changements depuis 2014. « Croyez-le ou non, il y a dix ans, nous vivions un des mois de mai les plus chauds de l’histoire », a-t-il plaisanté, levant les yeux vers le ciel toujours gris de cette fin de matinée. Le président de la fondation a tenu à rappeler que l’idée de ce projet avait longtemps été qualifié « de rêve impossible » et de saluer la présence d’un de ses initiateurs puis promoteur, Jean-Nat Karakash, présent dans l’auditoire, tout comme d’autres défenseurs de la première heure, comme le conseiller communal Yves Fatton.
« Dix ans, une grande étape »
Président de la fondation de la MABS depuis 2021, Baptiste Hurni a remercié les multiples soutiens, notamment la Banque cantonale neuchâteloise, la Loterie romande ou la Commune de Val-de-Travers, de l’institution qui est plus qu’un musée, mais une magnifique vitrine pour ce produit iconique du Val-de-Travers, devenu muse des artistes et poètes, et son histoire patrimoniale. « Nous sommes le troisième musée en fréquentation du canton, mais aussi le musée le moins subventionné », a-t-il relevé dans une petite pique, en notant le « combat » quotidien pour son existence. L’actuel président de la fondation a également souligné l’œuvre de son prédécesseur, Pierre-Olivier Chave, qui fut « indispensable » durant les premières années.
Un vif hommage fut aussi rendu à Yann Klauser, son directeur. « Il est la cheville ouvrière de la MABS et a trouvé le moyen de la faire vivre chaque jour », a ajouté Baptiste Hurni à l’égard de celui qui remettra son poste prochainement, étant élu au Conseil communal de Val-de-Travers. Son futur collègue et président de l’exécutif communal, Eric Sivignon, a confirmé l’ampleur prise depuis 2014, de la MABS. « Elle est devenue un endroit emblématique de l’écosystème économique et touristique de la région », a-t-il déclaré, en ajoutant que la structure avait créé une émulation autour du produit. La MABS attire 12’000 visiteurs par an. « Dix ans, c’est une grande étape », a poursuivi le conseiller communal, en souhaitant que la MABS trouve un successeur à la hauteur de Yann Klauser.
Un « écrin » pour l’absinthe
Toujours ému, celui qui est encore directeur jusqu’à fin juin a salué les soutiens et ses collaborateurs, avant d’énumérer les différentes opérations de la MABS pour cet anniversaire : un vél’absinthe au design élaboré par l’Atelier Léa Parmigiani, mis aux enchères, un trône à absinthe ou des transats réalisés avec la bâche qui entourait le bâtiment lors des travaux de rénovation en 2013. Enfin, une nouvelle exposition temporaire intitulée « Une bouteille d’absinthe à la mer » sera visible cet automne. La fontaine à absinthe géante créée par la Jeune Chambre internationale de Neuchâtel pour l’occasion sera, elle, offerte à la MABS. « Un cadeau extraordinaire », selon Yann Klauser, qui a conclu que « l’écrin de la MABS » tirait l’absinthe vers le futur. En aparté et avec un verre estampillé « boire un lait du Val-de-Travers », en main, le président de la fondation reconnaissait qu’il ne sera pas aisé de trouver son successeur. « Dans son profil, il est irremplaçable », a estimé Baptiste Hurni. Mais à l’heure de la célébration, le public et les invités n’avaient pas cela à l’esprit, seul prévalait le besoin de trouver un robinet libre à la fontaine pour troubler le légendaire apéritif.
Gabriel Risold