Maître en valeurs
Samedi passé, le Buttes Shotokan Karaté-Do recevait un grand maître de la discipline martiale. Le Français Fabrice Boichot (ceinture noire, 6e dan) a savamment et patiemment transmis certaines de ses connaissances à un groupe inhabituellement restreint dʼélèves pour un cours de cette qualité. Eh oui, lʼépreuve du pass sanitaire met aussi au tapis certains karatékas. Tant pis pour les absents !
Si vous nʼêtes pas un adepte du karaté, imaginez-vous passer trois heures au contact de lʼun des maîtres dʼune passion qui vous transporte. Et vous comprendrez sans problème ce quʼont vécu les six Vallonniers réunis samedi à la salle de gym de Buttes. Deux jeunes de huit ans et des adultes – dont une femme – se sont délectés des enseignements de Fabrice Boichot toute la matinée durant.
35 ans de stages partagés
Cʼest en voisin que le résident de Pontarlier est venu donner certaines clés de karaté au Val-de-Travers.
Je connais le président du club de Buttes Fabien Leuba (3e dan) depuis plus de trente-cinq ans et cʼest toujours volontiers que je réponds à son invitation,
étaie ce prof de la fédération française. Cʼest notamment à travers ce type de stage que les deux hommes entretiennent leur amitié et leur relation. Car dans cette discipline, les deux ceintures noires sʼaccordent à dire que « cʼest un apprentissage permanent ».
Même les plus anciens continuent à faire des stages.
Je vois cela comme une quête perpétuelle vers un étage supérieur. Non pas pour chercher à être le meilleur mais pour chercher à sʼélever soi-même. Tout ça, en donnant un maximum aux autres pour quʼun jour peut-être ceux à qui jʼenseigne me dépassent.
Sʼélever en élevant
Voilà déjà une première leçon à en tirer en transposant ces paroles dans la vie quotidienne : on peut chercher à sʼélever chaque jour tout en cherchant à faire avancer les autres dans son sillage. Tout est question de volonté et dʼétat dʼesprit. Pour revenir sur le dojo, Fabien Leuba a déjà participé à cinq stages depuis la mi-août malgré les contraintes actuelles liées à la pandémie.
Quand on veut, on peut. En temps normal, on aurait été une vingtaine à participer à ce cours à Buttes,
explique le Vallonnier.
Il y a plein dʼadultes que je nʼai pas revus à lʼentraînement depuis tous ces mois. Sʼils nʼont pas besoin du pass dans leur métier, une partie des pratiquants ne se font pas vacciner juste pour le karaté,
confirme Fabrice Boichot.
77 ans, toujours en progrès
Il convient de respecter le choix de chacun même si cela conduit à des salles qui sonnent parfois un peu plus creux quʼà lʼaccoutumée.
Cʼest exactement ça et je serais venu même si on avait été seulement trois, il nʼy a pas de soucis. Lʼimportant nʼest pas le nombre mais le partage.
Même à leur niveau, les deux amis ont encore plaisir à (ap)prendre de leurs pairs et notamment de Jean-Pierre Lavorato et sa 9e dan.
Personnellement, ça a été une énorme rencontre,
acquiesce le Français.
Et encore aujourdʼhui, à 77 ans, il est toujours là. Jʼai 53 ans et jʼespère mʼapprocher de son niveau technique et de ses connaissances quand jʼaurai son âge. Mais ce nʼest pas garanti car lui aussi est encore en train de progresser.
Un art martial, deux combats
Les participants garderont à nʼen pas douter un très grand souvenir de ce moment passé ensemble samedi. Peut-être même que les plus jeunes se donneront pour objectif à long terme dʼatteindre voire de dépasser leur maître du jour Fabrice Boichot. En tout cas, une bonne partie dʼentre eux ont eu la surprise de découvrir certains muscles lors de cet entraînement et ils le garderont en mémoire quelques jours, cʼest certain !
Ca ne remplace pas une séance de musculation mais le karaté a lʼavantage de faire travailler toutes les parties du corps. Avec le kata (travail de mouvements répétitifs et individuels) et le côté travail à deux, ça peut très bien se suffire à lui-même sʼil est fait avec sérieux et assiduité.
La maîtrise dʼun art martial consiste justement à gérer cette dualité dʼêtre seul face à soi-même en étant parallèlement confronté à dʼautres karatékas.
Gagner dans les règles
Et le combat dans tout ça ?
On peut être confronté à meilleur que soi ou à plus faible que soi mais on reste dans tous les cas partenaires dans un duel. On lʼa très bien vu aujourdʼhui avec cette mixité dʼâge et de niveau. Soit je cherche à aider lʼautre à progresser en lui donnant une « leçon » au sens noble du terme soit cʼest lʼautre qui va mʼen donner une et me faire progresser. On peut gagner dans les règles, on est pas là pour se détruire.
Ce sera la deuxième leçon de la journée. Et pour conclure : Osu (à prononcer Ousssssss !).
Kevin Vaucher