Matou dans le collimateur
Niels Rosselet-Christ est allé au bout de ses convictions en portant une motion visant à abolir les tirs de chats harets dans le canton de Neuchâtel. Souvent incompris, parfois moqué et dans le collimateur de certains partis, lʼélu UDC du Grand Conseil nʼa pas reculé malgré le manque de considération accordée par bon nombre de ses collègues à ce sujet. Sans surprise, sa motion a donc été balayée par 63 voix contre 12 « oui » et 19 abstentions lors de la session du 4 mai. Sʼil regrette cette décision, il tente de lʼexpliquer tout en pointant dʼautres urgences dans lʼimmédiat.
Le résultat du vote a été clair. Le Grand Conseil a exprimé un refus marqué pour ma motion et je ne vais pas revenir à la charge dans lʼimmédiat. Je sais reconnaître les choix démocratiques qui sont faits même lorsquʼils ne me donnent pas satisfaction.
Bon joueur, Niels Rosselet-Christ met donc ce combat temporairement entre parenthèses pour se concentrer sur dʼautres enjeux.
Il y a dʼautres urgences politiques comme la suppression de lʼimpôt sur les successions (une motion en ce sens a été déposée par lʼUDC et sera débattue lors de la prochaine session) et la préservation des terres agricoles. Des propositions en termes de sécurité et de pouvoir dʼachat vont aussi être formulées par le groupe UDC ces prochaines semaines.
Il y a donc du pain sur la planche.
Le poids des convictions face aux luttes partisanes
La planche des chats harets, sur laquelle il sʼest avancé ces derniers mois, était quant à elle particulièrement savonneuse. Sʼappuyant sur une pétition lancée par Tomi Tomek, de SOS Chats Noiraigue, le Vallonnier nʼa pas hésité à partir seul sur ce chemin glissant.
Cʼétait le fruit dʼune longue réflexion personnelle et jʼai porté cette motion en mon nom propre. Mon parti était divisé sur la question. Une petite moitié a voté pour et lʼautre sʼest abstenue. Pourtant, beaucoup de politiques ont fait lʼamalgame et ont parlé de motion émanant de lʼUDC.
Cet amalgame supposé a certainement poussé certains membres du Grand Conseil à ne pas soutenir ce texte. Quand les luttes partisanes deviennent plus importantes que les convictions, est-ce encore une bonne façon de faire de la politique au nom du peuple, pourrait-on se demander.
« Une croisade contre les chats »
À la base, jʼe nʼimaginais pas que cette question du tir des chats harets allait prendre une telle ampleur. Aujourdʼhui, il y a très peu de tirs pratiqués (une quinzaine ces trois dernières années) et cʼétait avant tout un acte symbolique de lʼabolir. Cela aurait aussi été bénéfique pour les dépenses publiques. Ce sont les gardes-faune qui sont habilités à tirer les chats harets et ils sont payés par lʼétat pour le faire. Avec ma motion, cette tâche de régulation serait restée uniquement en mains dʼassociations privées qui utilisent des méthodes plus douces. Mais force est de constater quʼune croisade contre les chats a été menée.
Niels Rosselet-Christ insiste en soulignant que ces associations luttent déjà contre la prolifération depuis plusieurs années. Ainsi, lʼintervention des gardes-faune nʼest pas indispensable.
Des débats virulents
Selon lui, les résultats obtenus sont bons car le nombre de chats errants a chuté depuis quʼelles font des stérilisations dans les fermes et quʼelles placent les éventuels minets esseulés dans des lieux dʼaccueil comme SOS Chats Noiraigue. à lʼévidence, son message nʼa pas été entendu et les débats ont parfois été âpres lors de la session du 4 mai.
Apparemment, cʼest un animal qui crispe les débats. Je regrette simplement quʼaucun argument concret ne mʼait été opposé. Le Conseil dʼétat, à majorité PLR, ne sʼest dʼailleurs pas prononcé contre ma motion. La gauche, et surtout les écologistes, ont eu des prises de parole particulièrement virulentes. Ils estiment que le chat haret est responsable de la mort dʼénormément dʼoiseaux. Je leur ai présenté des études démontrant que son impact est minime sur la faune mais ils nʼont rien voulu entendre.
Défense de lʼagriculture
Lʼhomme de 32 ans regrette également certaines incompréhensions qui ont entouré sa prise de position.
Des personnes ont pensé, à tort, que je mʼattaquais aux chasseurs et aux agriculteurs. Pas du tout ! Au contraire, ce sont deux causes pour lesquelles je me suis toujours battu politiquement. Je rappelle que je suis fils dʼagriculteur et membre du parti agrarien. Je profite pour dire ici que je ne suis pas spécialement connu pour être écolo et encore moins pour être antispéciste. Je mange de la viande et je défends lʼagriculture. Jʼai simplement une sensibilité personnelle pour la cause des chats. Cʼest tout.
Pour le moment !
Kevin Vaucher