Musique
« Miroir de l’âme » : Bino en solo avec des pros
Cofondateur en 1994 du groupe vallonnier Britannicus System, Pascal Magnin, alias Bino, sort un album « solo » intitulé « Miroir de l’âme ». Un disque « artisanal », mais produit presque professionnellement, réunissant 16 morceaux que le Fleurisan de naissance et de cœur dédicacera le samedi 20 novembre de 14 h à 17 h au Pizza’Fun à Fleurier.
À 6 ans, je voulais être chanteur. Mon idole cʼétait Claude François,
se souvient Pascal Magnin, dit « Bino ». Même si cela ne sera pas son métier et que Cloclo a été vite remplacé par Mick Jagger ou Freddie Mercury, la passion de la musique anime toujours Bino, ancien hockeyeur en ligue nationale, alors quʼil sort un premier album « solo », « Miroir de lʼâme ». Celui qui a cofondé le groupe Britannicus System en 1994 a réuni 16 titres de sa composition sur cet album produit en étroite collaboration avec le guitariste et ami, Renaud de Montmollin.
Il est la pierre angulaire du projet,
relève Bino. En plus de mettre à disposition un studio professionnel et son jeu de guitare, celui qui est aussi lʼancien colocataire de Bino a participé à la production, aux arrangements et a écrit deux titres de lʼalbum. Également, le natif de Fleurier sʼest entouré de ses amis, anciens de Britannicus System : Thierry Jaccard qui a écrit les lignes rythmiques initiales et Stéphanie Geiser qui « a chanté sur la moitié du disque ».
Autrement, le projet dʼalbum solo entamé à lʼautomne 2019 a bénéficié, grâce à un concours de circonstances, lié à la pandémie, de musiciens professionnels reconnus. En mars 2020, alors que les activités culturelles sont à lʼarrêt, Renaud de Montmollin contacte le bassiste du chanteur et imitateur français Michaël Gregorio, Silvio Marie, pour établir les lignes de basse des morceaux. La réponse est positive et également un batteur professionnel, Fabien Messonnier, se joint à lʼaventure. Lorsquʼil écoute les « bandes », Bino est bluffé.
Le résultat était hallucinant,
explique-t-il en rappelant quʼil nʼest quʼun autodidacte. En effet, à lʼécoute, lʼorchestration impressionne et contribue à la qualité de lʼalbum, résolument rock.
« Entre Bavois et Lausanne »
Toutefois, cet album cʼest évidemment les chansons de Pascal « Bino » Magnin.
Jʼai toujours eu la plume facile,
avoue lʼancien hockeyeur, à Langenthal notamment. Les textes font généralement écho à des situations vécues par lui ou par des amis. Quant aux mélodies, elles lui viennent à lʼesprit presque soudainement.
La mélodie de « Bien à vous, Léa » mʼest apparue sur lʼautoroute entre Bavois et Lausanne, celle de « Clinique » lorsque jʼétais hospitalisé,
évoque Bino, qui tente toujours de noter au plus vite, ses inspirations. De sa création, il estime à environ 50 % la part de « déchet » et de « bon ».
Un 50 % positif qui a été bonifié par le travail des musiciens et notamment de ceux professionnels qui ont amené le passionné de rock à travailler à dépasser ses limites.
Ce disque cʼest de lʼartisanat, mais avec et comme des pros,
résume Bino. Cependant, celui qui regrette de nʼavoir pas plus étudier la musique a été impressionné par lʼhumilité des artistes français lors dʼun week-end en août 2020 à Lamboing lorsquʼil a pu, enfin, les rencontrer physiquement. Peut-être, la preuve que la passion de la musique est plus forte que les étiquettes.
Cadeau à soi-même aussi
Bien que « Miroir de lʼâme » soit un disque de qualité, avec certains morceaux aux accents de Renaud, Téléphone ou Noir Désir, Bino, qui a autofinancé sa production, ne se fait pas dʼillusions.
Ce nʼest pas à mon âge que je vais être découvert et percer dans la musique,
rigole-t-il. Cet album, il le conçoit aussi comme un cadeau pour exorciser le cap futur des soixante ans et le titre résonne aussi vis-à-vis de la période dʼintrospection quʼil a eue durant la pandémie actuelle. Pour couvrir une partie des frais, Bino espère dʼéventuels passages à la radio pour les droits dʼauteur, recherche quelques sponsors ou le soutien de fondations et compte sur la vente de disques. « Miroir de lʼâme » est en vente au Kiosque Tahuna à Corcelles, au Pʼtit mag à Saint-Sulpice, au Cellier des Fées, Instincʼtifs coiffure, et au Pizza’Fun à Fleurier, là même où il dédicacera son album le 20 novembre entre 14 h et 17 h.
À lʼinterrogation dʼun possible vernissage du disque au Vallon, lʼautodidacte hoche la tête.
Le problème est que je nʼai pas de groupe avec moi,
explique-t-il. Faire venir chacun des musiciens de lʼalbum engendrerait des frais importants et jouer ces morceaux avec dʼautres dénaturerait la qualité du disque. Toutefois, Bino est heureux de tout de même dédicacer son album à Fleurier.
Dans mon village, là où je reviendrai à la retraite,
explique-t-il, en mimant lʼair particulier du lieu. Justement, a-t-il écrit des chansons sur ce lieu qui lui tient à cœur ?
Cela fait vingt ans que jʼai lʼenvie de parler de mon village, de lui rendre hommage,
avoue-t-il.
Mais, Bino prend son temps car il ne souhaite pas « trahir son village et écrire des conneries ». Pour patienter, on peut écouter « Miroir de lʼâme ».
Gabriel Risold