Miss Fête des vendanges
Une expérience mi-figue, mi-raisin pour la candidate vallonnière
Amélie Aeschbacher a 22 ans. Elle a grandi à Fleurier. Elle mesure 1 m 67. Quel intérêt de mentionner sa taille ? Car c’est ce qui l’a long- temps empêchée de participer à des concours de beauté. Mais l’élection de Miss et Mister Fête des vendanges se veut plus rassembleuse et aucune limite d’âge et de taille n’existe. Voilà donc ce qui a définitivement poussé la jeune femme à y participer. Si elle a été sélectionnée dans les dix finalistes, elle n’a pas remporté la couronne le 26 octobre dernier. Amélie en garde toutefois « que du positif, ou presque », regrettant le côté politisé, ou idéologisé, que semble prendre le concours selon certains.
Évacuons immédiatement le côté « mi-figue », comme ça c’est fait ! Marie Thiam et Sylvain Basilico sont les Miss et Mister Fête des vendanges 2025. Ils ont été élus au soir du 26 octobre, au temple du Bas de Neuchâtel, devant 300 personnes. Le public et le jury en ont décidé ainsi. Ceci étant dit, on devrait pouvoir ajouter que c’est un choix qui ne souffre aucune discussion. Mais des discussions, il y en a eu beaucoup depuis cette soirée du 26 octobre. C’est complètement fou de devoir encore évoquer cela dans des articles en 2024 mais la couleur de peau de la candidate victorieuse et la sensibilité à la cause LGBTQIA+ du candidat vainqueur ont beaucoup fait parler ces derniers jours.
« Tout le monde doit avoir les mêmes chances »
Non, cela n’a pas été handicapant pour eux. Au contraire, cela aurait joué en faveur de ceux qui se présentent volontiers comme des ambassadeurs de la diversité. C’est ce prétendu avantage qui est qualifié d’injustice par une partie des candidates et des votants de cette élection. « Je trouve qu’on s’éloigne de ce qui fait un concours de beauté et c’est un peu dommage », relève Amélie Aeschbacher. « Personnellement, j’ai surtout participé pour vivre une aventure particulière et je l’ai vécue. Donc je ne suis pas trop déçue. En revanche, plusieurs candidates ont pleuré au moment du résultat et l’ont parfois ressenti comme une injustice. Bien sûr, il ne faut pas qu’une couleur de peau ou qu’une sensibilité soit un désavantage mais il ne faudrait pas que cela devienne un avantage non plus. Tout le monde doit avoir les mêmes chances. »
Neuf mois de préparation
Avec retenue et sagesse, Amélie Aeschbacher a tout dit, sans tomber dans les excès que l’on a parfois pu lire sur les réseaux sociaux. De son côté, le comité du concours a réagi dans un communiqué, condamnant « avec la plus grande fermeté tout comportement et propos discriminatoires, qu’ils soient racistes, xénophobes, homophobes ou incitant à la haine. En tant qu’événement festif et rassembleur, la Fête des vendanges de Neuchâtel porte les valeurs de respect, d’inclusion et de diversité. » Fin du sujet ! Heureusement, la candidate vallonnière de 22 ans retient surtout la bonne saveur du « raisin », autrement dit toutes les choses positives et nouvelles qu’elle a découvertes durant neuf mois. Oui, les prétendantes à la couronne se préparent durant neuf mois avant de défiler le soir de l’élection. « C’est une période particulièrement intense. Nous suivons des cours au moins deux soirs par semaine, en plus des séances de sport avec un coach privé. »
Pas de salaire mais quelques cadeaux
Amélie et ses concurrentes ont notamment participé à des cours d’éloquence pour mieux parler en public. Il y a aussi des cours de maintien, de tenue et de maquillage. « Nous apprenons à marcher en talons et à poser devant les photographes. J’ai personnellement beaucoup apprécié. Je pense que je ne referai pas d’autres concours de beauté mais je vais continuer les shootings photos par contre. » Plusieurs demandes en ce sens lui ont déjà été adressées. Normal, pour celle qui était l’une des favorites de Miss Fête des vendanges. Durant tout ce processus, les candidates ne reçoivent aucun salaire mais quelques avantages en nature comme des habits ou des soins de la peau et du visage.
La fierté de sa maman
Avant cela, Amélie avait participé au casting où elle avait été sélection- née parmi les dix finalistes, au milieu de 50 candidates. « Je suis vraiment fière d’elle », couve sa maman Valé- rie. « Elle m’a vraiment surprise car elle est de nature timide. » Amélie acquiesce : « Cette expérience m’a aidée à ce niveau-là. Elle m’a apporté beaucoup sur le plan personnel. J’avais envie de découvrir ce monde et je suis contente de l’avoir fait, du haut de mes 1 mètre 67 », confie Amélie avec le sourire. La gardienne d’animaux a retrouvé le calme du refuge de Cottendart où elle travaille depuis deux ans maintenant. Là-bas, ce sont les animaux qui défilent devant elle et elle s’en satisfait pleinement aussi, fidèle à la simplicité et à la douceur qu’elle incarne.
Kevin Vaucher