Moins 20 degrés toute l’année
Ces derniers jours, l’hiver 2021/22 a connu un bon coup de frais. Ça conserve, dit-on ! Pas assez, selon les bouchers du Val-de-Travers qui m’ont donné rendez-vous à Saint-Sulpice pour un petit tour du propriétaire de leurs trois grands congélateurs installés en 2015. Le premier est utilisé pour réceptionner les quartiers de viande sortant de l’abattoir et le deuxième est à disposition des habitants comme congélateur collectif. Le troisième est utilisé pour les déchets carnés. Point positif, lorsqu’on ressort des moins vingt degrés de ces congélos géants, le thermomètre extérieur semble clément et on laisserait presque tomber la veste (presque hein).
Congélateur collectif de 22 cases
Pour ce qui est du congélateur collectif, 22 grandes cases en inox ont été réalisées sur mesure par « Metalu Constructions métalliques » de Couvet. Il ne reste que six places disponibles. Les frais d’électricité de ces « géants de glace » sont annuellement l’une des grosses charges de la société. Le « loyer » d’environ 320 francs par année demandé à chaque bénéficiaire paraît ainsi raisonnable.
C’est raisonnable et surtout bien pratique pour certaines personnes qui ne peuvent pas installer de congélateur chez elles. Il y a aussi des gens qui achètent des moitiés de bête pour ensuite partager les différents morceaux avec leur famille. Ces cases sont assez grandes pour les stocker sans problème, ce n’est pas limité à trois cartons de glace. Des paysans et certains homes utilisent aussi ces cases.
Déchets animaux pour alimenter un réseau de chauffage
Le dernier des trois conteneurs est aussi très pratique. Les bouchers viennent y déposer leurs déchets carnés.
Lorsque l’on évacue une bête ou des déchets, on doit passer par la balance pour les quantifier. Chaque mois, un relevé nous est envoyé par la fiduciaire Reymond avec le montant à payer pour l’élimination de ces déchets animaux.
Ceux-ci partent ensuite à Lyss où ils sont brûlés par GZM Extraktionswerk AG. Près de 90’000 tonnes par année y sont traitées. Et pour utiliser judicieusement la grande quantité de rejets de chaleur provenant du procédé de transformation/combustion, GZM alimente le réseau de chauffage à distance Wärme Lyss Nord. De l’abattoir au réseau de chauffage, les congélateurs de Saint-Sulpice occupent donc une place centrale dans le processus de transformation de la viande et d’élimination des déchets carnés. Vous voilà informés et nous voilà délicieusement gelés par -20 degrés !
Kevin Vaucher
En cette fin de journée, le soleil a déjà disparu à Saint-Sulpice. Rémy Bohren et Antonio Alves m’attendent dans le froid à l’entrée de la déchetterie. Oui, c’est là que la coopérative des bouchers du Val-de-Travers a déposé ses trois grands congélateurs utilisés dans le cadre de ses activités. Leur confrère Louis-Zélim Huguenin est quant à lui resté au chaud.
C’est le privilège des anciens,
rigole-t-on d’entrée de jeu. Avec ses trente-cinq ans de service, c’est vrai que le boucher du commerce « Au gourmet » possède un sacré pédigrée. Avec respectivement 23 et 16 années de boucherie à leur compte, Rémy Bohren et Antonio Alves commencent aussi à avoir une sacrée belle « carcasse ». Bon, assez rigolé, on part dans le vrai froid maintenant !
De l’abattoir de Môtiers à celui des Ponts
Tout part de la fermeture des abattoirs de Môtiers en mars 2014. Une fermeture qui signifiait une réorganisation globale pour les bouchers.
Au départ, ce devait être temporaire et nous pensions en reconstruire un nouveau au Val-de-Travers. Mais les nouvelles normes restrictives en la matière couplées à la baisse de consommation de viande – et donc à la baisse de l’abattage – ont vite refroidi nos ardeurs. Ça aurait coûté beaucoup trop cher.
La Société coopérative des abattoirs du Val-de-Travers – devenue La coopérative des bouchers du Val-de-Travers – a donc décidé que les bêtes du Vallon allaient désormais être dirigées vers l’abattoir des Ponts-de-Martel.
Cette question était donc résolue. Mais il fallait encore trouver des solutions pour l’entreposage de nos bêtes avant découpe – les bouchers n’ayant pas nécessairement la place à disposition pour le faire directement dans leur commerce – ainsi que pour l’évacuation des déchets carnés et des bêtes mortes. Et comme il y avait un congélateur collectif à cases à Môtiers, il fallait aussi que l’on puisse offrir une alternative à ses utilisateurs.
Il y avait bien le congélateur communal de Saint-Sulpice à cette époque mais il a été fermé en septembre 2018 pour des raisons techniques.
Saint-Sulpice, idéal pour les transporteurs
Concernant les bêtes mortes à évacuer, il s’agit aussi bien d’animaux de ferme (veau mort-né,…) que d’autres plus « sauvages » victimes d’accidents de la route par exemple. Quatre conteneurs frigorifiques de 60 m3 chacun ont donc été achetés en 2015 pour répondre à ces différents besoins (aujourd’hui, trois sont encore utilisés). Prix à l’unité : quelque 40’000 francs. Des socles en béton, des travaux de raccordements électriques et d’autres frais s’y sont ajoutés. Pourquoi avoir opté pour ces « grands congélos » disposés à l’entrée de la déchetterie de Saint-Sulpice ?
Nous avions d’abord cherché une construction fixe « en dur » mais sans trouver quelque chose de suffisamment convaincant. Cette zone à Saint-Sulpice est relativement accessible pour nos transporteurs et elle se prêtait donc bien à notre usage.
En effet, les quartiers de bêtes qui sortent de l’abattoir des Ponts sont ensuite acheminés à Saint-Sulpice par véhicule réfrigéré, à disposition des bouchers du Vallon.
Le fait d’être à proximité de la déchetterie permet en plus la maintenance des congélateurs et la réception des bêtes par un des employés de celle-ci.