Noël et toujours pas de place en crèche
L’histoire est vieille de 2000 ans mais elle est toujours d’actualité.
La crèche a changé la litière, le foin pourrait sentir bon et attirer l’enfant.
Mais les rares bergers n’ont plus le temps de regarder le ciel et la toison de leurs moutons a viré au noir. Les champs qui entourent la crèche ont perdu leur herbe verte et surtout leur saveur.
Le bœuf a beaucoup maigri, il a perdu le moral. L’âne, pas si bête, a changé d’écurie. Il ne reste plus que ce foin frais qui attend…
Mais qu’attend-il ? Oh ! Il sait très bien ce qu’il attend, il peut l’expliquer clairement et raisonnablement. Il attend que certains vizirs de ce coin de terre cessent de vouloir récupérer la moindre petite pièce d’argent au détriment du bon sens et du bien-être des habitants, cessent de tondre les moutons et d’affamer le bœuf et cessent de prendre l’âne pour une bestiole sans cervelle.
Il rêve que ce petit monde cesse de marcher sur la tête, cesse d’être obsédé par la moindre pépite brillante, cesse d’être sûr de sa suprématie. Il rêve que ces vizirs prennent le temps de s’asseoir, de laisser l’air de ce vallon aérer leurs neurones, de humer ce foin frais généreusement fourni par Marie et Joseph… et de jeter leurs préjugés à la poubelle pour reconsidérer l’enfant dans la crèche.
Alors, le miracle de Noël pourra avoir lieu pour les 14 chérubins (dont 9 fratries) qui attendent de pouvoir enfin poser leurs ailes dans ce foin frais déjà prévu pour eux.
Marilyne Brügger, Travers