Noël les pieds dans l’eau ! (2 sur 3)
Si les villages du Vallon ont fait face à un manque d’eau cet été, la fin d’année humide a coïncidé avec un « trop plein » en plusieurs endroits. À Travers, les inondations sont récurrentes et elles ont une nouvelle fois fait parler d’elles le 24 décembre. À chaque fois que l’Areuse prend ses aises sur le terrain bâti, elle plonge certains habitants dans un torrent de soucis et de démarches complexes avec les assurances. En août, l’État de Neuchâtel avait identifié les inondations comme risques le plus élevé de danger naturel dans le canton. Mais sur le terrain vallonnier, comme à Travers, aucune solution n’est aujourd’hui venue en aide à ceux qui souffrent régulièrement de ce phénomène. Comment expliquer ce surplace ?
La semaine passée, nous avons commencé à planter le décor et nous terminions en évoquant le réveil brutal du 24 décembre pour les familles Schenk et Marques, toutes deux en première ligne des inondations. Au garage Touring de Pedro Marques, une partie du stock a été détérioré. Et plusieurs voitures non immatriculées ne démarrent plus. « Et une voiture non immatriculée n’est pas assurée. Donc je ne serai assurément pas dédommagé pour ces dégâts. Je loue également des places de parc à l’arrière du garage et des véhicules de privés sont également inutilisables. » L’arrière du garage est mitoyen du jardin du couple Schenk. Les numéros 3 et 5 de la rue des Moulins sont directement menacés lorsque l’Areuse a des envies de « conquête de territoires ». Pour tenter de contrer ces velléités d’expansion, un mur a été construit entre la rivière et les habitations concernées (en 1999). Mais cette « ligne Maginot » n’a pas résolu le problème.
L’eau s’infiltre maintenant par le sol
L’eau passe désormais de l’autre côté par le sol notamment. « Nous avions un beau bord de rivière dans le jardin mais nous avions consenti à la construction de ce mur », explique Sylviane et Jean-Pierre Schenk.
À l’époque, leur maison familiale avait été prisonnière d’un mètre septante d’eau lors d’une crue particulièrement intense. Ce qui les avait poussés à accepter cette proposition de mur. « Il faut dire que ça aide sans doute un peu contre les grosses inondations mais cela n’a pas réglé les choses. Car la nappe transpire et l’eau remonte directement depuis le sol. Ça s’infiltre partout et ça crée des fissures dans les sols et les murs. »
En me montrant les stigmates de la dernière « montée des eaux » sur ses murs, leur voisin Pedro Marques confirme : « Je n’invente rien, vous voyez les fissures par vous-même. C’est aussi très néfaste pour les fondations », appuie-t-il. Sans parler de la valeur des biens immobilier. « Qui va vouloir acheter au juste prix un bâtiment qui est inondé plus d’une fois par année (8 fois en 5 ans) », tranchent les voisins de la rue des Moulins.
Travers, un village laissé pour compte ?
« La commune de Val-de-Travers s’est déplacée quelques fois. Une étude a été menée par un bureau d’ingénieur et quelques travaux ont été faits, sans que cela n’arrange les choses. Maintenant, on nous dit que c’est à l’État de prendre le dossier en main mais il ne le fait pas. On ne veut pas créer de polémique, on veut juste que des actions concrètes et efficaces soient entreprises rapidement. C’est tout. »
Le Val-de-Travers serait-il trop éloigné du chef-lieu de la République pour que cet appel à l’aide soit enfin entendu ?
Cet immobilisme est d’autant plus mal compris que des travaux de grande envergure ont récemment été entrepris sur l’Areuse, à Môtiers. Pourquoi Travers serait-il un village laissé pour compte ? En aurait-il été autrement s’il s’agissait d’une zone industrielle par exemple ?
Ces questions, les Traversins sont en droit de se les poser après des années de paroles et très peu d’actions concrètes. D’autant que des solutions plus ou moins rapides existent pour régler définitivement le problème. Nous y viendrons la semaine prochaine.
Kevin Vaucher