On nous écrit
Retour de Paris pour Sœur Odette
Du 14 au 17 novembre, je me suis rendue à Paris, accompagnée de plusieurs personnes, afin d’apporter un soutien désintéressé aux laissés-pour-compte de la capitale française. C’est une tonne de marchandises diverses (sacs de couchage, couvertures, chaussettes, etc) qui a été apportée afin d’être distribuée à diverses associations œuvrant en faveur des plus démunis. C’est une chaîne humaine qui se forme pour vider notre convoi. En deux mois maximum, tout sera distribué. De nouveaux besoins nous sont signalés, notamment des sous-vêtements.
Comme chaque année, c’est l’Armée du Salut qui nous a accueillis : nous avons visité son quartier général, et la major Brigou nous a reçus pour un bon repas. Elle nous émeut par ses récits de vie, par ses anecdotes. Nous avons fait la connaissance du premier pupille de Denise Brigou, chassé à l’époque du domicile familial par sa propre mère alors qu’il avait 14 ans : il en a désormais 68 !
Francine, Jean-Claude, Véronique, Anne-Marie et Laurent ont été confrontés, parfois pour la première fois, à l’envers du décor de la Ville Lumière. C’est au sein du quartier de Barbès-Rochechouart, tristement connu pour sa criminalité et ses trafics de drogue, que nous avons participé à la distribution d’un repas chaud. Des jeunes, des étudiants, des femmes avec leur(s) enfant(s), mais également des personnes âgées viennent se restaurer. Ils appartiennent pour la plupart aux working poor, ces personnes qui ont un travail et un toit, mais dont les maigres revenus ne suffisent pas à payer toutes les factures, ni à se nourrir suffisamment. Quelque 350 repas sont servis ici chaque jour de l’année, à l’emporté si cela est demandé. Afin de respecter les convictions de chacun, il n’est pas servi de viande de porc. Les règles sont strictes : pas de double passage, plusieurs repas peuvent être servis pour la même famille à condition que tous les membres soient présents, l’accès est refusé aux gens ivres. Un securitas est chargé de veiller au bon déroulement de la distribution. Le sentiment de honte prédomine : « Bonjour » et « Merci » sont les rares mots entendus, il n’y a pas d’échange verbal. La rue est une liberté, diront certains : la peur de la solitude pousse d’autres à venir.
« Que dire de la soirée de la distribution de repas aux SDF ? Je ressens toujours un immense malaise face à toutes ces personnes, dont énormément de jeunes noirs : que dire, sinon leur offrir un sourire ? Je reste impressionnée par tous ces bénévoles qui, chaque soir, se mettent au service de toutes ces personnes marginalisées. »
« Une salle remplie d’hommes et de femmes venant d’ethnies hétéroclites, venus chercher un repas chaud, un abri provisoire. Nous ne saurons jamais qui sont ces écorchés de la vie : ils passent devant les bénévoles sans exposer leur vie, sans aucune plainte. Ils repartent dans la nuit froide et pluvieuse pour aller dormir qui dans un minuscule appartement, qui sous un porche abrité du vent. Nous sommes repartis sous des torrents de pluie et de violentes rafales de vent, songeant à ceux qui dorment dans la rue… »
Je remercie chaque accompagnant et chaque accompagnante pour leur remarquable collaboration. Surtout, j’adresse un grand et vibrant merci à celles et ceux qui sont fidèles à notre action parisienne, de notre pays de Neuchâtel ou d’hors canton. En novembre 2023, l’opération sera reconduite. Je lance un appel de bienvenue aux nouvelles tricoteuses, et signale que nous recherchons un chauffeur. N’hésitez pas à prendre contact avec moi-même au foyer l’étoile, 032 863 21 91.
Sœur Odette,
Foyer l’étoile, Couvet