Ouvrir la porte de son corps
Lundi matin, 9 heures. Une quinzaine de personnes se « désarticulent », dans une légère « chorégraphie », au cœur du parc Girardier à Môtiers. La température est agréable et l’ambiance sereine. La cheffe d’orchestre de ce petit manège est Christine Völlmin. Tout de noir vêtue, et bandeau rouge sur le front, la Bayardine enseigne l’art du Qi Gong gratuitement, durant une semaine, pour la troisième année d’affilée. Le Courrier s’est immiscé dans l’assemblée…
La première chose à faire est d’expliquer ce terme un peu « cavalier » pour nos oreilles : Qi Gong ! Il s’agit d’une gymnastique traditionnelle chinoise basée sur la respiration, des mouvements lents et la concentration. « Le ‹ Qi › est l’énergie vitale que nous avons en nous. Et cette gymnastique permet de l’activer d’une façon à faire du bien au corps et à l’esprit », étaie Christine Völlmin. À ne surtout pas confondre avec le yoga qui repose sur des exercices beaucoup plus dynamiques et rigides.
Femmes, hommes et… chien
« Les mouvements du Qi Gong sont lents et fluides, un peu comme la bise qui se veut légère et aérienne. Ce qui permet à des personnes de tous âges et de tous handicaps physiques de le pratiquer. Chacun approfondit les gestes selon ses possibilités. » Il est vrai que l’âge des participants est plus proche des 70 à 80 ans que des 20 à 30 ans. Bien qu’il y ait une poignée de plus jeunes femmes. Il y a aussi un homme et… un chien, un peu passif il est vrai, couché qu’il est sur le pull de son maître. La naturopathe bayardine relève que sa classe habituelle mélange les genres et les âges.
Dans son jardin secret
« Et vous, je vois que vous êtes sportif », me lance alors une dame d’un certain âge. Je lui réponds que je cours notamment beaucoup. « On court quand on est jeune et après on passe à la gymnastique douce. Il n’y a pas de miracle », rigole-t-elle.
Il n’empêche que la Fleurisane est venue à vélo jusqu’à Môtiers ce jour-là. Je lui fais donc remarquer qu’elle reste encore passablement active. « C’est vrai. Je cultive régulièrement mon jardin pour être autonome. Je mange ce que je produis et ça fait bouger. » Et ne lui parlez pas de supermarché : « Quel horreur ! Avec tous ces additifs et ce genre de choses, non merci. Dans le temps, tout le monde prenait le temps de cultiver son petit bout de terre, c’était beau. »
Un concept lancé pendant le Covid
Ce qui est beau également pour les participants, c’est de pouvoir pratiquer ces exercices en extérieur. Christine Völlmin a eu cette idée de semaine de cours gratuits il y a trois ans, pendant le Covid. « C’était une façon de se retrouver en nature et de voir du monde. Les gens ont tellement apprécié qu’ils m’écrivent maintenant chaque année à l’arrivée de l’été. Ils me demandent s’il y aura bien une session estivale. »
Et la réponse tombe en ouvrant le Courrier ! Ce matin-là, au parc, personne n’a eu à ouvrir de porte, ni de portefeuille, il n’y a eu qu’à ouvrir la porte de son corps…
Kevin Vaucher