Salle des Mascarons n°2
Un cachet fou et une chance
En 1972, était fondé le Groupe théâtral des Mascarons, indissociable de la salle du même nom. Entretien avec Blaise Berthoud qui fut l’un des membres fondateurs.
Blaise Berthoud, quels sont vos souvenirs des débuts de la salle des Mascarons et du Groupe théâtral ?
À Couvet, il y avait déjà un groupe théâtral, le jeune Théâtre covasson, fondé par le pasteur Gustave Tissot. Le groupe s’était déjà produit lors de la quinzaine culturelle en 1969. Quand en 1971, Jean-Paul Debrot fut chargé de l’animation de la salle des Mascarons, il s’est approché de notre troupe pour y développer un groupe théâtral. C’était une chance car nous n’avions pas de salle pour répéter. Cette salle, qui a un cachet fou, c’était extra! Cela a été un véritable accélérateur pour nous à l’époque. Mais, la rénovation du toit fut une étape essentielle. Les spectateurs n’avaient plus à venir avec leur couverture.
Avez-vous des souvenirs de la première du Groupe théâtral des Mascarons et des autres projets montés dans cette salle ?
Je me rappelle surtout que nous avons joué notre premier spectacle, « Cabaret TV-GAG », au château de Môtiers. Nous étions en fin d’année et la salle des Mascarons était horriblement froide et le toit perçait. La première pièce jouée aux Mascarons fut « Riquet à la troupe » en 1973 car nous étions à une période de l’année moins froide (ndlr: juillet 1973). Le succès avait été au rendez-vous. « La Goualeuse » a aussi marqué les esprits (ndlr: 1981-1982) notamment en raison du décor. Nous faisions passer de l’eau sur scène pour représenter la Seine. Des calculs avaient été nécessaires pour s’assurer que le poids de l’eau ne soit pas trop important pour la structure ! Et bien sûr, il y a les mois théâtraux organisés qui représentaient une dizaine de spectacles sur un mois.
Également j’ai des souvenirs des autres artistes qui se sont produits aux Mascarons, et particulièrement des Mummenschanz (ndlr : qui se nommaient encore Vorher und Verloren). Il y avait 17 spectateurs dans la salle, alors que par la suite ils ont eu une renommée mondiale ! (rires).
L’année prochaine le Groupe théâtral fêtera, une année après la salle, ses cinquante ans. Quel regard portez-vous sur ce demi-siècle d’existence ?
Avant tout, j’espère que nous pourrons fêter véritablement cet anniversaire, mais je remarque que nous avons eu des metteurs en scène de talent, comme Charles-Jimmy Vaucher ou François Flühmann. Depuis 1972, nous avons eu plus de 100 productions, et le Groupe est toujours vivant et a toujours su se renouveler. Dans ce but, nous avons instauré une école de théâtre pour les 12-16 ans qui a du succès. D’ailleurs, nous avions prévu un spectacle en commun l’année passée, mais voilà avec cette situation… Mais le problème c’est que certains adolescents que nous avons intéressés au théâtre finissent par quitter le Vallon.
Gabriel Risold
Quand la culture innerve une région !
Le Val-de-Travers, terre de pionniers, ne serait sans doute pas ce qu’il est aujourd’hui sans le tissu culturel qui l’anime et l’aide à vivre depuis des lustres. Sans ses musées, ses lieux de concerts, son cinéma, ses scènes de théâtre et de spectacles, ses galeries, ses événements artistiques, la qualité de vie du Vallon n’aurait pas la réputation qui est la sienne depuis toujours. Depuis des décennies, le Val-de-Travers rayonne grâce à ses nombreux et extraordinaires acteurs culturels… Parmi eux, le Groupe théâtral des Mascarons !
La culture est un art de vie, une manière de vivre, une conjugaison de la liberté de dire, de faire et d’être. à tous les temps, depuis toujours, et pour longtemps encore le Val-de-Travers se nourrira des traductions du monde des artistes d’ici et d’ailleurs. La culture, c’est un élan, une volonté, un besoin, un courage, une imagination, une créativité, un humour, une impertinence… La culture, c’est l’art de la rencontre !
Aux Mascarons, on rit, on pleure, on tressaille, on sursaute, on réfléchit, on se détend… La scène est un miroir de la vie. On s’observe, on s’interroge, on réfléchit… On change et on échange, on pense autrement ! Grâce à tous ces gens de théâtre qui font vivre la scène des Mascarons depuis des générations, on redevient, le temps d’un instant ou pour toujours, c’est selon, libre comme l’art !
CK