Paroisse
L’Eren ne se renie pas, elle se réinvente !
L’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (Eren) le sait : elle va au-devant de grands changements dans les années à venir. Face à ces défis, elle a décidé de prendre le taureau par les cornes, mais avec douceur, afin de ne pas reproduire les erreurs du passé. Regroupement, optimisation et spécialisation sont au programme !
À la question de savoir si l’on va vers une église de spécialistes, la responsable communication de l’EREN, Angélique Neukomm, tempère. « Les réformes entreprises en 2025 contiennent un registre spécialisation mais tout en conservant le côté humain, qui reste plus que jamais notre priorité. Disons plutôt que nous devons nous réorganiser face à une société qui avance et qui voit son rapport au religieux évoluer. Les réformes, cela nous parle forcément », envoie-t-elle en clin d’œil. « Nous n’avons de toute façon pas le choix, nous devons sans cesse nous réinventer en fonction des moyens que nous avons. » La contribution ecclésiastique non obligatoire n’offre aucune marge de manœuvre et les ressources financières ne vont pas en augmentant.
Mieux utiliser les compétences
Malgré ce constat, l’Eren refuse de s’apitoyer et ne transige pas avec quelques-unes de ces bases fortes comme le maintien de la gratuité du service funèbre (dont le coût est estimé de 1000 à 1500 francs). Mieux encore, elle cherche à appréhender l’avenir avec un maximum de sérénité en s’y préparant activement. « Le Synode (le parlement de l’Eren) a voté trois principales mesures, d’impact cantonal, aux multiples répercussions locales. Nous visons l’optimisation de nos services sur le terrain tant auprès des jeunes (catéchisme) que chez les plus âgés (deuil) », explique Angélique Neukomm. La création du SIAD (Service interparoissial d’accompagnement du deuil) et du SIAJ (Service interparoissial d’accompagnement de la jeunesse) matérialise symboliquement cette nouvelle vision. Les compétences de chaque ministre (pasteur, diacre et aumônier) – certains sont plus à l’aise avec les jeunes et d’autres pour accompagner le deuil par exemple – seront ainsi mieux utilisées. Fini le modèle où une seule personne occupait l’ensemble des responsabilités, place à la valorisation des compétences pour répondre avec pertinence aux attentes des Neuchâtelois.
Quatre foyers catéchiques
Pour ce qui est du rapport à la jeunesse, le constat est clair.
Nous sommes très forts dans le catéchisme au sein de l’Eren mais les chiffres ne nous le rendent pas forcément
En 2023, 65 confirmations en bénédictions ont été recensées seulement. C’est extrêmement faible ! « Ce modèle a atteint ses limites. Nous l’avons notamment remarqué au Val-de-Travers », appuie la pasteure vallonnière Véronique Tschanz Anderegg. « Mais le constat est valable pour l’ensemble du canton. C’est pourquoi la solution doit être cantonale également. » Cette solution consiste en la création d’une équipe interparoissiale qui va couvrir l’ensemble du territoire neuchâtelois via quatre territoires paroissiaux : 1. La Chaux-de-Fonds et les Hautes Joux. 2. le Joran, la BARC et le Val-de-Travers. 3. La Côte, Neuchâtel et le Val-de-Ruz. 4. L’Entre-deux-Lacs. « Le terme regroupement peut faire peur mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de catéchisme au niveau local. Nous tenons à rassurer les parents. »
Échange de chaires favorisé
Un regroupement semblable aura lieu, dès juin 2025, au niveau du SIAD. Cela signifie qu’un ministre du Joran ou de la BARC viendra faire un service funèbre dans notre paroisse vallonnière de temps en temps. « De même que nos ministres se rendront au Joran ou à la BARC. Mais rassurez-vous, il sera toujours possible de demander, au cas par cas, de bénéficier des services d’un pasteur en particulier. Nous restons à l’écoute de la population », précise Véronique Tschanz Anderegg. Le troisième changement va dans le même sens. Il s’agit d’un échange de chaires. Chaque 3e dimanche du mois, les paroisses accueilleront un ministre d’une autre paroisse de l’Eren pour le culte du dimanche. En clair, cet échange favorisera les liens et permettra aux paroissiens de s’ouvrir davantage tout en découvrant d’autres sensibilités ecclésiales. « Nous faisons tous partie de la même église après tout. Je sais que cela peut être un peu angoissant pour nos paroissiens mais c’est un changement dans la douceur qui a pour but un enrichissement tant spirituel que sur les façons de faire. » Eh oui, dans le mot réinventer il y a « inventer ». Et inventer, c’est créer ! Quoi de mieux pour une église que la création ?
Kevin Vaucher