Peinture murale
Les nouvelles silhouettes de la Presta
Le 13 janvier dernier était inaugurée aux Mines d’asphalte du Val-de-Travers, une peinture murale réalisée par les huit élèves de la classe Passer’ailes du collège de Fleurier. La conclusion d’un projet créatif et éducatif de six mois pour cette classe de soutien intensif.
L’inauguration ne correspond certainement pas à celle que Laure Von Wyss, ni Peggy Dejardin et ses élèves avaient imaginée. Absence d’invités, de parents d’élèves et pas de verrée, ne sont malheureusement présents que quelques médias pour assister au déploiement sur presque dix mètres de ces huit panneaux de bois, la silhouette noire d’un mineur représentée sur chacun. « En vérité, ils ont projeté leur ombre avec les outils des mineurs », nous explique Peggy Dejardin, leur enseignante. La classe de soutien intensif s’est intéressée pendant un semestre aux Mines d’asphalte de la Presta via le biais créatif de la peinture. C’est Laure Von Wyss, de Goût & région, qui a donné pour mission à Peggy Dejardin et sa classe d’embellir cet espace du bâtiment. Depuis longtemps, la collaboratrice de Goût & Région désirait mettre à profit cette place. Par le bouche à oreille, elle apprend l’existence de la classe Passer’ailes et contacte alors l’enseignante du collège de Fleurier au printemps. « Laure Von Wyss m’a exposé la situation. Il y avait un large espace libre à exploiter pour un projet créatif », poursuit Peggy Dejardin. Unique condition, qu’il y ait un lien avec les Mines d’asphalte du Val-de-Travers. Pour le reste, l’enseignante et ses élèves ont eu carte blanche et pu laisser libre cours à leur imagination.
Le résultat est cette vaste peinture murale faite de panneaux de bois blancs sur lesquels se détachent en négatif les silhouettes sombres. Cette œuvre, qui n’est pas une fresque comme l’a précisé le professeur de dessin qui a accompagné la classe dans son projet, trône désormais dans le bâtiment des mines.
Projet captivant
Fondée il y environ dix ans par Claude-Alain Kleiner, alors conseiller communal, la classe Passer’ailes réunit des élèves en difficulté scolaire de degrés 4 à 6, trois matinées par semaine, dans le but de consolider leurs bases, mais aussi de développer leurs aptitudes personnelles dans un cadre extrascolaire. Ainsi, par le passé, Peggy Dejardin et ses élèves ont pu travailler la céramique, rencontrer un guide de montagne ou s’essayer au graffiti avec un graffeur. Un autre horizon qu’a parfaitement constitué celui des Mines d’asphalte de la Presta. « Ce projet nous a permis d’aborder d’autres sujets comme le travail minier ou la géologie », relate l’enseignante. Durant un semestre, ses élèves et elle ont, en parallèle de la peinture, appréhendé un peu d’histoire, de géographie et même de sociologie du travail. « Ils ont été motivés de A à Z. Il y a eu beaucoup d’entrain », avoue Peggy Dejardin. Néanmoins, cet allant semble surtout stimulé par la fascination de l’univers minier. Le mot « or » finit toujours par ressurgir.
Élèves captivés
Chaque élève bruisse d’excitation lorsque l’on déploie sa part de l’œuvre. « Moi, c’est celui avec le casque de mineur avec la lampe et la pioche », nous raconte Omar, 11 ans, intarissable sur les outils et les tâches minières. Le garçon détaille les différents postes dans la mine, mais hésite à décider lequel il aurait aimé occuper. Luca, lui, opte pour celui de cocher. Toutefois, tous les élèves ont été marqués par la rigueur des conditions de travail et par l’histoire de ce haut lieu de l’industrie du Val-de-Travers. Leurs silhouettes noires dont les reflets se rapprochent de l’asphalte rendent véritablement hommage aux « gueules noires » du Vallon. « J’espère vraiment qu’une cérémonie digne de ce nom pourra se tenir en mars », ajoute Laure Von Wyss, très reconnaissante du travail de la classe Passer’ailes et de Peggy Dejardin. Même si la vaste peinture murale aurait mérité plus d’applaudissements, les futurs visiteurs des Mines de la Presta pourront désormais l’admirer lors de leur venue. Et les artistes en herbe d’être un peu déboussolés quand on leur apprend qu’ils seront des milliers.
Gabriel Risold