La force d’une passion artistique commune !
Pierre-André et Cédric
« L’art est un jeu, tant pis pour celui qui s’en est fait un devoir » Max Jacob
Carte d’identité
Carte d’identité
Nom: Perret (père et fils)
Prénom: Pierre-André et Cédric
Nés le: Pierre-André le 22 mars 1943 à à La Chaux-de-Fonds et Cédric le 27 juin 1965 à Fleurier
Profession: Artiste et mécanicien de locomotives, artiste et menuisier-charpentier
Domicile: Fleurier
Tous les deux évoquent la chance de « ces rencontres au bon moment »… Tous les deux, lors de l’inventaire de leurs traits de personnalité parlent d’« amour de la nature, besoin de solitude, passion pour le dessin et la créativité »… Lorsqu’ils se décrivent, tous les deux énumèrent : « la persévérance et le perfectionnisme »… Tous les deux énumèrent le nom de leurs enfants issus de plusieurs mariages, précisant toutefois « sans acrimonie aucune l’un envers l’autre et les autres »… Pierre-André et Cédric parlent de leur sport favori, le hockey sur glace ! Seule et unique différence, à les entendre, le premier est discret et préfère demeurer en retrait alors que le second dit être « cabotin » :
J’aime ce contact avec le public ! Si je n’étais pas cabotin, je n’existerais pas dans ce monde !
Deux époques
Deux époques
Pierre-André naît et vit ses premières années à La Chaux-de-Fonds, un père technicien-mécanicien-électricien au RVT – raison du déménagement à Fleurier en 1948 – et une mère couturière. De sa scolarité, il se souvient de celui « qui nous tirait par les cheveux et tapait le bout de nos doigts », qui deviendra, plus tard, responsable de l’orientation professionnelle…
Je n’aimais pas beaucoup l’école, seules les leçons de dessin me passionnaient ! J’étais un solitaire qui aimait se promener dans la forêt donc ce que je préférais, c’était l’école buissonnière !
Au chapitre des loisirs, le hockey sur glace. Pierre-André évoque cette belle période avec les Leuba, Grandjean, Schneider dit « le mou », Barbezat et Weissbrodt…
J’aurais voulu faire les Beaux-Arts, mes parents m’ont dit que c’était des métiers de crève-la-faim…
Il entre à l’EMEC et obtient son CFC de mécanicien-électricien en 1963.
Cédric, fils de Pierre-André, naît en 1965, d’une maman sommelière et employée d’horlogerie à domicile. De sa scolarité, il conserve une figure à l’esprit :
Charles-Edouard Bobillier, le Bob, une véritable référence pour moi. Il a beaucoup compté dans mon adolescence !
Il évoque une belle enfance, dans l’univers bien protégé du Val-de-Travers :
Quand on a un père qui dessine toute la journée, on dessine, je dessinais des trains…
Et d’ajouter :
Je n’étais pas simple, difficilement canalisable, très turbulent, j’étais demandeur de plein de choses ! Le hockey sur glace m’a fait du bien, mais ce sont surtout les scouts, avec une autre référence – Philippe Vaucher – qui m’ont beaucoup apporté !
Au divorce de ses parents, Cédric répond ainsi
J’ai vécu cela comme un enfant de cinq ans qui ne comprend pas. J’ai alors eu la chance d’être élevé par mes grands-parents ! Avec beaucoup d’avantages. On ne réalise que plus tard, les désavantages d’une telle situation !
Artiste, il désire devenir
J’ai alors choisi un métier plus ou moins artistique, celui de menuisier-charpentier chez Gilbert Dubois ! Mon CFC en 1984…
Les rencontres
Les rencontres
Cédric entame alors son école de recrues suivie de plein de petits boulots. Un premier mariage et un statut de père avec l’arrivée de Natigane en 1987. Puis c’est le coup de massue avec cette tumeur cancéreuse qu’on lui découvre au début des années 90 : « Coup de tonnerre, opération puis, en phase de récupération, ce Monsieur Ballon venu présenter ses tours de magie aux enfants hospitalisés…
Je me suis dit alors, si je sors d’ici, c’est ce que je ferai ! Un véritable détonateur…
Vingt ans plus tôt environ, Pierre-André rencontre Georges Droz, des Compagnons du théâtre et des arts :
Je me souviens de ce Salon de septembre qui se tenait dans la grande salle du Stand où j’ai exposé avec Fernand Vaucher, Georges Juvet, Maurice Gostelli et d’autres encore ! Des portraits selon la technique de la sanguine !
C’est la rencontre avec Marie-Antoinette Sarrasin de l’Académie européenne des arts de Paris. Pierre-André est sélectionné, avec d’autres artistes, pour y exposer. Puis, les rencontres se succèdent grâce aux expositions, au Japon notamment. La méthode de l’apprentissage du dessin par le « cerveau droit », son enseignement à Yverdon et à l’occasion de nombreux remplacements au Val-de-Travers.
Quant à Cédric, il se découvre une véritable passion pour les ballons et s’adonne alors à la technique de leur sculpture : « En lien étroit avec le dessin, puisque toutes mes figures je les dessine d’abord puis les transpose en trois dimensions ! ».
Nouvelle symétrie, les deux avouent ne pas avoir « l’esprit baroudeur » ! Ils n’ont dès lors jamais vécu – et ne vivront jamais – de leur art :
Je n’ai pas l’âme saltimbanque, j’ai donc toujours concilié les deux choses, avec des enfants, difficile de faire autrement !
Pourtant, la notoriété de Cédric dépasse largement non seulement les frontières du Val-de-Travers et du canton, mais du pays également. Pour preuve, ce ne sont pas moins de quatre-vingts dates qui sont ainsi supprimées en raison de la pandémie :
Grâce à la vidéoconférence et aux réseaux sociaux, je travaille dans le monde entier ! Là encore, des rencontres exceptionnelles !
Les chiens
Les chiens
Ce ne sont pas moins de cinquante années que Pierre-André aura consacrées à la cynologie, avec des bergers allemands, en classe sanitaire
Des championnats cantonaux, romands et suisses !
Cédric conserve ainsi des souvenirs vivaces de cette période : « J’ai grandi avec Jumbo ! ». Jouko, Laria, Zitto, les souvenirs remontent et cette anecdote, avec le dernier cité :
En apprentissage sanitaire, les chiens possèdent un témoin au cou. Lorsqu’ils retrouvent une personne, ils doivent revenir avec ce témoin dans la gueule. Un jour, au Plat-de-Riaux, je vois Zitto partir en courant jusque derrière le gros rocher. Il revient avec le témoin dans la gueule. Je me précipite et je découvre une jeune fille pratiquant le bronzage intégral !
Regards extérieurs
Regards extérieurs
Nicole, compagne de Pierre-André depuis plusieurs années, le décrit ainsi, un peu empruntée :
C’est un grand bilieux, immensément appliqué, qui sait se ressourcer dans la nature. Cela ne l’empêche pas d’être aussi un bon vivant !
Quant à Cédric, c’est son ami d’enfance, Marc-Olivier Perotti qui l’évoque de cette manière :
Je le connais depuis l’âge de 10 ans. Mon père était Môtisan et je passais toutes mes vacances d’été à Môtiers, chez mes grands-parents, puis à Fleurier. J’ai connu Cédric autour de la piste de glace. Il est une personne dynamique avec mille idées en tête, fidèle en amitié, toujours motivé pour relever de nouveaux défis. Un grand cœur et il met ses talents d’artiste au service d’associations, notamment Kyféquoi, association pour personnes en situation de handicap, dont je suis le président ! C’est en accompagnant Cédric à un congrès mondial de « ballooneurs » à Nice – il a une peur viscérale de l’avion – que j’ai réalisé combien ce petit gars du Vallon était mondialement connu ! ».
Équilibre
Équilibre
Tout comme il existe des sportifs du dimanche – ces courageux praticiens du football de talus par exemple –, il y a les peintres du dimanche. Les loisirs, au travers des mondes du sport et de la culture, permettent à nombre d’entre nous cet indispensable ressourcement nécessaire à notre équilibre. Pour Pierre-André et Cédric, la nature fait figure de lieu de vie, d’oxygénation et d’équilibre. Lorsqu’ils évoquent leurs sorties en forêt ou à travers les pâturages de la région, leurs yeux s’illuminent, leurs visages s’apaisent. La nature est source d’inspiration pour leurs dons respectifs, la peinture pour l’aîné, la sculpture de ballons pour le fils – lequel passe le plus souvent par le dessin avant d’aborder la 3e dimension –. Belle symétrie de trajectoire entre ce père et son fils ! Cependant, au moment de la finalité de l’acte créateur, ils deviennent différents. L’un aime la discrétion même s’il éprouve une fierté certaine à voir ses œuvres exposées, l’autre adore ce contact avec le public. Mieux, il en a besoin. Il ne réfute pas le mot « cabotin », il en use avec délicatesse. Pour mieux faire connaître son art aujourd’hui mondialement reconnu.
Ainsi, lorsque le premier a tiré bénéfice de ce temps de confinement, l’autre l’a subi puisque toutes « ses » dates ont été supprimées. Nul doute qu’il saura rebondir !