Piste de La Presta
Un pôle de compétences à visée internationale
En fin de semaine dernière, la piste d’entraînement de La Presta était occupée par 80 instructeurs sapeurs-pompiers venus du Valais pour profiter des installations uniques proposées dans le Val-de-Travers. En plus d’assurer la formation des troupes de l’ensemble du territoire national, La Presta a la ferme intention de s’ériger comme un centre de compétences sur le plan international. Et elle en a tous les atouts pour le faire !
La grande force de ce terrain d’entraînement de 300 mètres de long pour 100 mètres de large est de plonger les soldats du feu dans des conditions presque réelles d’intervention. « Récemment, nous avons débauché une vingtaine de voitures mal en point pour être encore plus près de ce que nous sommes susceptibles de trouver sur notre chemin sur le terrain », développe le major Cédric Michel. Par exemple ? « Nous disposons les véhicules de sorte à créer un faux bouchon et nos pompiers peuvent ainsi s’exercer à la conduite aux heures de pointe. Nous pouvons aussi simuler une intervention sur un carambolage et nous entraîner à la désincarcération. »
Surprendre à l’entraînement pour agir correctement en intervention
Ces véhicules permettent également de créer des obstacles sur d’autres sites d’exercices de La Presta. Un peu plus loin, un groupe de sapeurs est en action autour du nouveau bâtiment « élément naturel ». Ils doivent gérer un ruissellement naturel qui est en train de créer une inondation dans une maison.
Surprise au moment d’ouvrir le garage pour évacuer l’eau : la voiture familiale se trouve sur le chemin. « Cela peut paraître bête mais ce genre de choses est toujours handicapant sur le terrain.
En les confrontant à ces obstacles à l’entraînement, ils sauront réagir de façon appropriée, demain, en
intervention », glisse celui qui est aussi le responsable du centre de formation de Couvet au sein de l’ECAP.
Un petit village dans le village !
Cédric Michel insiste sur un autre facteur : l’environnement ! « Nous avons vraiment fait un gros effort pour avoir un minimum d’impact écologique à La Presta. Nous utilisons de l’eau de source et nous ne brûlons plus une seule vraie voiture dans le cadre de nos formations par exemple. C’est important. » Cela l’est d’autant plus que la piste peut accueillir jusqu’à 100 pompiers en même temps. Cela en fait des kilomètres de tuyaux et des litres d’eau ! « Cela fait aussi bien vivre les commerces du Val-de-Travers. Ici, six jours sur sept, c’est un petit village dans le village. Lorsque vous accueillez autant de monde en même temps, cela profite aux boulangers, aux bouchers, aux hôtels et ainsi de suite. » Une grande fondue chinoise a par exemple été organisée jeudi soir dernier à espaceVal. Ça en fait des kilos de viande et des litres de vin… euh d’eau ! Valaisan ou non, le sérieux avant tout bien sûr !
Une maison du feu unique en son genre, sur 4 étages !
À La Presta, on met le corps au défi mais on n’oublie pas la tête pour autant. Des salles de cours théoriques ont aussi été construites tout comme un poste de préparation mentale. Le sapeur doit connaître ses limites et les instructeurs doivent garder la tête froide devant les flammes. Justement les flammes, parlons-en. « Vous ne trouverez pas une maison du feu aussi grande ailleurs. Elle fait quatre étages et nous pouvons allumer 12 points feu différents pour les exercices. » Une poignée de formateurs, dont Cédric Michel, ont dessiné de leurs mains ce petit bijou ardent. « Ce ‹ sur-mesure › permet de coller aux réalités actuelles du feu. C’est quelque chose de vital pour nous. En 50 ans, l’évolution du mobilier (qui contient davantage d’hydrocarbures notamment) a multiplié par huit la vitesse de propagation des flammes lors d’un incendie. Cela implique nécessairement une adaptation des formations » et une infrastructure au top, comme celle de La Presta. Chaud devant !
Kevin Vaucher