Portes ouvertes chez Olivier D. Barrelet
L’art vit lorsqu’il est venu
Un artiste vit lorsqu’il crée ses œuvres en écoutant sa voix intérieure, si souvent cachée, ensevelie sous tant de débris. J’ai appris à quitter mon faux moi, si longtemps ignoré, en quittant le monde cartésien ; pour enfin oser rencontrer mon véritable personnage, celui d’un artiste passionné, sculpteur sur bois, si longtemps ignoré, c’est aussi le résultat d’un long passage à vide existentiel. Ami de la nature depuis fort temps, je donne à ces vieux morceaux de bois, que je ressuscite avec amour, un nouveau foyer. Dans mon cas, je ne commence pas à partir de rien, tout au contraire, j’hérite de ce que m’offre la nature en cadeau. C’est la nature qui m’inspire sur les formes à donner, sur une matière avec une géométrie, un coloris, des structures, des couches à enlever dans le but de se rapprocher de l’âme de ces vieux morceaux de bois, véritables témoins de l’histoire. C’est ainsi que l’art permet à l’esprit humain de s’exprimer, de voir, de toucher, de créer. Mais l’artiste est un être paradoxal.
Ses blessures intérieures peuvent être la source même de sa créativité. Ces blessures peuvent donner naissance à des œuvres d’une profondeur rare, transformant la souffrance en beauté. Le créateur des arts est un nomade qui se trouve dans une danse continue entre la fragilité/vulnérabilité qui alimentent son art et les défenses, sous forme de peurs/insécurités/doutes qui le limitent. Puis, l’art aime le hasard, comme le hasard aime l’art. L’art met au monde ce qui n’a jamais existé auparavant, ce qui a germé comme idées dans l’esprit de l’artiste à travers l’humanité. L’art se veut aussi désintéressé, parce que tourné d’emblée vers la création, plus que vers le champ de l’utilité. Mais les œuvres d’art sont d’autant plus touchantes si elles touchent les profondeurs des nos âmes. Puis, l’art doit oser déstabiliser. « Un objet de beauté est une joie éternelle », dit Henry Bergson. Il y a peu des choses qui peuvent se comparer à la puissance de la créativité, excepté peut-être l’amour. L’artiste doit aussi faire face à une éternelle remise en question avec ses moments de doutes, de pessimisme, de solitudes.
Les soubresauts de cette activité artistique, qui fait aujourd’hui partie intégrale de mon quotidien, se situaient dans mes longues marches le long de l’Appalachien Trail, en Pennsylvanie, tout en écoutant de la musique de J.-S. Bach et de W.A. Mozart. C’est ainsi que je découvre ce que disait Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». En laissant libre cours à mon imaginaire, non seulement je me trouve, mais je mets du baume sur mes blessures et je m’allège, je me guéris et ce qui libère tant d’énergies.
Pour moi, la sculpture est un voyage intérieur, en dialogue avec le cœur de son âme, de la matière et le monde végétal. La vie résulte finalement dans un dialogue de son intérieur avec le monde extérieur.
Puis, marcher dans la nature, c’est comme se trouver dans une immense bibliothèque où chaque morceau de bois est un livre, qui ne demande qu’à être découvert et ressuscité grâce à ces instants de mystérieuses rencontres.
Il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. Sculpter me donne la puissance presque magique de donner une vie nouvelle à la matière, sous forme de résurrection. L’artiste vit à travers ses œuvres.
Oser, c’est perdre pied momentanément. Ne pas oser, c’est un peu se perdre soi-même. Mais l’échec est rarement évitable en matière de créativité. Mieux, je dirais même qu’il est le fondement de la réussite.
L’inspiration est une chose qui me fascine. Quels que soient les domaines de ma vie, je trouve toujours de l’inspiration. C’est elle qui me pousse à aller toujours plus loin, à apprendre toujours plus, à la découvrir encore et à me faire grandir. En l’apprivoisant, elle se déploie toujours un peu plus.
La nouvelle exposition des sculptures sur bois, sous forme de portes ouvertes, se tienda au domicile d’Olivier D. Barrelet, rue Centrale 5 à Môtiers, les 25, 26 et 27 octobre. Voir annonce en page 5.
Comm. – Olivier D. Barrelet