Portes ouvertes d’une porte toujours ouverte
Voilà 25 ans que s’ouvrait la porte duz CAPTT (aujourd’hui site ambulatoire du Val-de-Travers de la Fondation Addiction Neuchâtel), à la ruelle du Guilleri 8 à Fleurier. Installée dans une ancienne usine de fraises mécaniques, le site s’est développé à petits pas, ne prenant possession des étages supérieurs qu’en 2010. Afin de remplir ses missions (traitement, préventionm, réduction des risques), une équipepluridisciplinaire de dix collaboratrices et collaborateurs qui œuvrent pour offrir un soutien médico-psycho-social personnalisé. Prévention, distribution de matériel stérile, distribution de nourritures, aide administrative, activités de groupe ou encore activités dans l’un de ses deux ateliers occupationnels complète l’offre de consultation. Pour marquer ses 25 ans, le site ambulatoire du Val-de-Travers propose une après-midi portes-ouvertes le 19 mai de 15h à 17h.
Cʼest en 1997 que le CAPTT (Centre dʼaide, de prévention et de traitement de la toxicomanie) a fait son arrivée au Val-de-Travers. Cʼest aujourdʼhui, avec Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, un des trois sites ambulatoires de la fondation Addiction Neuchâtel qui chapeaute également un grand centre résidentiel à Saint-Aubin. Aujourdʼhui, on ne parle plus en termes de drogues dures et de drogues douces mais de substances psychotropes légales (tabac, alcool,…) et illégales.
On aborde aussi la notion dʼaddiction avec ou sans substances (écran, jeux dʼargent …). Catherine Huber-Blagov (responsable du secteur soins) et Patrick Igor Moser (responsable du site) sont présents à Fleurier depuis 1997. Ils ont vu le nombre de patients annuels passer dʼune trentaine à quatre-vingt en vingt-cinq ans.
Certains patients qui ont poussé notre porte dès lʼouverture fréquentent notre centre encore aujourdʼhui, des liens se sont tissés !
Installation dʼun distributeur de seringues
Toute personne qui en fait la demande est reçue, en toute confidentialité, par un référent psychosocial qui définira avec elle le « contour » de lʼaccompagnement le plus adapté. La volonté du patient est au centre de cette prise en charge.
Il nʼy a aucune obligation de traitement médicamenteux. Certains veulent principalement un soutien psycho-social.
Dans le cadre de sa mission de réduction des risques, un distributeur de seringues a été installé à lʼextérieur pour être accessible 24h sur 24. Une distribution peut aussi se faire, sur demande, à lʼintérieur de lʼétablissement. Dans les années 1990, cʼest lʼhéroïne qui avait la cote et il existe pour ce produit des traitements de substitution (notamment la méthadone).
Or, cʼest désormais la cocaïne et les drogues de synthèse, telle le Crystal meth, qui sont les plus répandues et pour lesquelles nous nʼavons pas de produit de substitution comme la méthadone. Un soutien médicamenteux est tout de même possible pour permettre une démarche de prise de distance avec la ou les substances problématiques. Au fil du temps cʼest surtout le mode de consommation qui a évolué. Il y a de plus en plus de poly consommations (consommations de plusieurs substances).
De plus, un accompagnement adéquat est recommandé pour une personne qui tente de sortir dʼune addiction car elle peut se défaire dʼune dépendance pour se rapprocher dʼune autre. Cʼest un des pièges à éviter.
Les moments de bascule et la polytoxicomanie
Sʼil nʼy a pas de profil-type de personne à risque, on remarque quʼune addiction sʼinstalle généralement pour anesthésier une souffrance ressentie par des émotions négatives.
Les moments de vie douloureux et les traumatismes (deuil, abus,…) sont des moments de bascule potentiel. Et ça peut toucher tout le monde, il nʼy a pas dʼâge ni de statut social qui y échappe. La prise de conscience dʼune possible addiction survient parfois lors dʼun changement important de son quotidien (un départ à la retraite, le confinement lié au COVID …). Lʼengrenage infernal se met souvent en marche sans nécessairement que la personne ne sʼen rende compte.
On peut parler dʼaddiction lorsquʼun produit ou un comportement impacte négativement notre vie de façon durable et prend le dessus sur toutes autres priorités. Elle nous éloigne petit à petit de notre famille et lʼisolement est lʼun des facteurs qui pousse à augmenter la consommation du produit en question. Les dégâts collatéraux arrivent ensuite avec des répercussions sur sa vie professionnelle, familiale et sociale. Une aide et des conseils aux proches fait dʼailleurs partie intégrante du panel de soutien proposé par Addiction Neuchâtel.
Des ateliers occupationnels à Fleurier
Les personnes fragilisées et désinsérées socialement sont souvent plus à risque que les autres. Dʼailleurs, deux ateliers occupationnels (menuiserie et multimédia) avec possibilité de contrats ISP (Insertion sociale et professionnelle) sont proposés à Fleurier. Ils sont ouverts à toutes personnes suivies par lʼaide sociale et visent à une réintégration ou à une reprise de rythme de vie ainsi quʼau développement de liens sociaux. Un espace dʼaccueil, des activités de groupe, un équipement de lavage pour le linge et une douche sont à disposition des patients.
Nous sommes habituellement discret sur notre activité mais on souhaite rappeler à la population quʼon existe si quelquʼun a besoin de nous. Cʼest la raison de nos portes-ouvertes du 19 mai. Nous avons beaucoup de choses à proposer.
Pour conclure, rappelons quʼun grand nombre de conduites addictives sont ignorées ou minimisée car acceptées socialement.
Lʼalcool et le tabac ainsi que les dépendances liées aux écrans et aux médicaments en font partie. Beaucoup de gens consomment des antidépresseurs ou des somnifères et en deviennent dépendants sans en prendre conscience.
Le personnel de la Fondation Addiction Neuchâtel est à lʼécoute de la population neuchâteloise pour les addictions et proposent des traitements médico-psycho-sociaux adaptés à chaque problématique. Pourquoi ne pas en profiter et pousser sa porte ?
Kevin Vaucher