Portrait
Jean-Michel Divernois: 47 ans au service de la population
Fin mai, Jean-Michel Divernois a pris sa retraite après 47 ans de service au sein de La Poste. Retour sur presque un demi-siècle de service public postal, majoritairement au Val-de-Travers, et sur une profession dont l’évolution n’a cessé.
19 juillet 1976 : la date de son entrée comme apprenti aux PTT est restée gravée dans la mémoire de Jean-Michel Divernois. Le jeune retraité de La Poste, depuis fin mai, se remémore sans autres ses débuts. « Lors des tournées, certaines personnes nous offraient un petit verre. À seize ans, je rentrais fatigué », sourit-il, en soulignant que parfois l’alcool était « fait maison ». Une année plus tard, c’est l’embauche en tant qu’employé volant. Le natif de Saint-Sulpice voit alors du pays pendant dix ans : Bôle, Boudry, Neuchâtel, Genève, La Côte-aux-Fées ou encore Môtiers, avant d’entrer en fonction à Fleurier en 1986.
Trente-sept années, donc, de service continu au Val-de-Travers, où il fut notamment chef d’équipe et suppléant « Team leader », et où il a vécu le regroupement des locaux pour l’entier du Vallon sur Fleurier. « Une chose positive pour la gestion, la transmission des informations et des directives », estime-t-il, en ayant pu observer de l’intérieur l’évolution de la régie nationale durant près de cinquante ans. « L’évolution s’est faite, toujours pour le mieux, selon celle de la société », relève Jean-Michel Divernois, en notant qu’aujourd’hui il s’agit du même travail mais accompli de manière différente. Et depuis 1976 que d’évolution.
Vécu l’évolution
D’abord, il y a l’apparition progressive de la technologie. Aux débuts du jeune postier, tout se fait via le papier, puis est venue l’informatique, jusqu’aux scannages par des téléphones ou encore les signatures électroniques de maintenant. L’évolution des « véhicules » fut aussi immense. « J’ai commencé avec des charrettes à bras pour les tournées », poursuit Jean-Michel Divernois. Puis sont venues les « Harbilt », des charrettes électriques, les scooters à deux roues et « enfin », ceux à trois roues, et électriques, plus stables en cas de mauvais temps. « Le pire ennemi du facteur est la pluie givrante », note celui que l’on surnomme Didi, en avouant quelques chutes en 47 ans. En effet, détail oublié de certains, ce métier s’effectue par tous les temps.
Autre « ennemi » du facteur : le chien. « J’ai eu quelques morsures et pantalons déchirés », relève le nouveau retraité. Par contre, il se rappelle d’une adresse où l’imposant, mais inoffensif, terre-neuve ne rompait la garde de la boîte aux lettres qu’une fois l’édition du 24 Heures placée dans sa gueule. Un temps qui date de celui où les facteurs apportaient également les rentes de retraite aux personnes, où ils étaient accueillis par ce « petit verre », faisaient deux tournées par jour et où ils distribuaient les fleurs du fleuriste contre petite rétribution.
« Carte de visite »
Des souvenirs et anecdotes qui peuvent sembler lointains, mais qui ont eu soudain un écho lors de la période du Covid-19 et du confinement. « Nous étions un lien social important. Parfois, nous étions les seules personnes que les gens voyaient durant la journée », analyse Didi, en précisant que ce contact restait distant mais bienveillant. Le jeune retraité note que l’interaction était soudainement presque identique « qu’à ses débuts » et les remerciements après la crise sanitaire ont démontré l’importance du service postal, alors que le métier a évolué. Cependant, celui qui a vécu l’introduction du courrier A et B demeure persuadé de la valeur de ce service public.
« Ce métier est extraordinaire, on ne fait jamais deux fois la même chose », note-t-il, en estimant que la tâche est centrale dans un village. Tâche qui se révèle parfois émotionnelle lorsqu’il faut porter des lettres graves, comme un faire-part de décès. « Le courrier est une petite partie de l’intimité des gens », évoque Didi, quelque peu ému. En 1976, la première chose qu’on lui a dite est que le facteur est « la carte de visite de l’entreprise ». Et, après 47 ans de service au Vallon, Jean-Michel Divernois est devenu une figure de référence connue et appréciée de tous. Toutefois, il souhaite avant tout mettre en avant ses collègues. « Philippe Kisslig et Claude-Alain Montandon ont aussi pris leur retraite cette année. À nous trois, cela doit faire près de 150 ans de Poste », souligne-t-il. Des années d’expérience à compenser ? « Mais cela est un plaisir de transmettre notre vision du service public à des jeunes motivés ! », conclut-il.
Gabriel Risold