Église catholique de Fleurier
Embrumer pour mieux sublimer!
Les festivités autour du 50e anniversaire de l’église catholique de Fleurier se sont terminées sous les projecteurs et dans la lumière. Pour être précis, elles se sont conclues sous une soixantaine de spots lumineux gérés par le techniscéniste Matthias Babey. C’est aussi sous les notes de l’organiste Damien Savoy que la belle Notre-Dame de l’Assomption a célébré ses cinq décennies. Les deux concerts son & lumière ont attiré 150 personnes vendredi et samedi soir. Dans la brume et dans une ambiance quasi mystique, l’assemblée a vécu un moment perché très très haut en couleur. Immersion!
«Je vois que le brouillard est même monté jusqu’ici» ou encore «Le journaliste-pompier est rapidement arrivé dans l’église pour vérifier qu’il n’y avait aucun départ d’incendie.» Au moment de prendre place, les spectateurs présents lors des concerts d’orgue son & lumière s’amusaient gentiment de découvrir un épais rideau de fumée inondant Notre-Dame de l’Assomption. Le techniscéniste Matthias Babey avait absolument besoin de cette ambiance brumeuse pour créer les conditions nécessaires à ses jeux de lumière.
Je joue sur les directions des lumières, leurs couleurs, leurs formes et leurs intensités.
«Je n’aurais jamais pensé revenir à l’église sous cette forme»
L’habituel directeur technique des Mascarons est plutôt un habitué des «live» lors de festivals, de concerts ou de pièces de théâtre. Mais celui qui a grandi dans les églises n’était pas totalement dépaysé pour autant. «Étant donné le métier de mes parents (Carole et Romuald sont actifs au sein de l’église), je connais les lieux sacrés. Mais je dois bien dire que j’ai quitté les bancs de l’église à l’adolescence. Je n’aurais jamais pensé y revenir sous cette forme», s’amusait-il. Pour ces retrouvailles, le technicien s’est ajouté un challenge dans le challenge en se faisant un point d’honneur de ne rien déplacer dans son espace de travail de deux soirs. «L’idée est de jouer avec les objets présents dans l’église et de mettre en valeur les vitraux.»
Le faux «faux départ»
N’en faisons pas mystère plus longtemps, le rendu a été à la hauteur des explications fournies et des attentes du public. Pour être honnête, j’ai d’abord eu très peur car le concert est parti sur un rythme de sénateur. Seules quelques lumières s’illuminaient sur le devant de la scène et l’organiste de l’église rouge de Neuchâtel, Damien Savoy, avait encore les mains bien calmes. Cette entrée en douceur était en réalité une habile façon de nous placer dans les conditions parfaites pour nous surprendre. Car le rythme s’est très vite accéléré et les couleurs ont petit à petit explosé. La neutralité du jaune a laissé la place au bleu énergisant et au rouge étincelant. Les lumières ont commencé à balayer l’église de part en part jusqu’à faire émerger la beauté des vitraux de Yoki. C’est beau et ce n’était de loin pas fini.
L’élévation peut alors commencer
Damien Savoy semblait prendre un malin plaisir à balader son auditoire dans la brume de Notre-Dame de l’Assomption. Le seul à avoir la tête hors du brouillard était son complice Matthias Babey. Il accompagnait parfaitement les changements de rythmes sonores par le visuel. Soudain, l’éclairage des portiques latéraux se mit à raser les têtes des spectateurs. Ils nous ont eu par surprise, personne ne s’y attendait. Au gré du ballet de lumières, Jésus sur sa croix s’éclairait dans l’obscurité, comme une éternelle lumière au cœur du chaos. On commencerait presque à se laisser élever dans cet environnement aux confins du mystique.
Dans le coin de l’organiste, ça en jette !
Et si je prenais matériellement de la hauteur, en allant voir ce qui se passe à l’étage, dans le coin réservé à l’organiste? Hop, c’est parti! Damien Savoy est là, concentré, appliqué, investi. Tellement investi dans sa musique que c’est un collègue qui tourne les pages de ses partitions pendant qu’il s’agite dans de grands mouvements pour faire jaillir ces notes si envoûtantes. «Attention, on va passer à un autre rythme maintenant. 1-2, 1-2, 1-2-3-1 1-2-3.» Je ne sais pas du tout à quoi il fait allusion mais suivons-le dans sa mélodie. Ah oui, ça en jette. Il fait cracher toute l’énergie que l’orgue a dans ses veines!
Changement d’ambiance radical
Nous voici sur l’envolée finale. Le son est plus moderne et populaire, on se croirait dans une brasserie berlinoise des années 1950. 1-2, 1-2, 1-2-3-1… On en viendrait presque à entamer une partie de chaises musicales à l’allemande. Tous l’un derrière l’autre et on tourne autour de la salle. Mais non, la fin approche et il faut redescendre sur terre! La musique s’arrête, les lumières s’allument et les applaudissements commencent. Le brouillard du bas est toujours là mais l’incendie sonore et visuelle a été maîtrisé. Notre-Dame peut se rendormir quelques heures avant de se réveiller pour 10h. Les yeux encore un peu embrumés mais l’esprit apaisé. Monseigneur Charles Morerod peut donner sa messe dans une ambiance toute différente! Joyeux anniversaire!
Kevin Vaucher
La fête n’est pas encore finie !
Si les festivités en elles-mêmes sont désormais terminées, l’année du 50e anniversaire de l’église catholique est encore en cours. La fête continue donc encore un peu ! Dans cette optique, la cuvée spéciale de l’absinthe « eau bénite » et le chocolat du 50e sont toujours disponibles au secrétariat de la paroisse catholique de Fleurier (rue de l’Hôpital 3). Les portes vers ces gourmandises vous sont ouvertes les mardis et les jeudis, entre 8 h et 11 h puis entre 13 h 30 et 17 h.