Quand les avions volent en salle
Si on vous pose la question de savoir qu’est-ce qu’on peut faire dans une salle de gym, très peu d’entre vous répondront «y faire voler des avions». Et pourtant, chaque année, les membres du Modèle Air Club Val-de-Travers font entrer leurs modèles réduits dans la salle de Belle-Roche quand l’hiver arrive. Comme la mode, qui se décline en version été – hiver, le modélisme change d’apparat au gré des saisons. On part à l’entraînement!
La scène peut surprendre. Alors que j’arrive à proximité de la salle de Belle-Roche, j’aperçois plusieurs personnes y pousser la porte les bras chargés, non pas de sacs de sport, mais de modèles réduits d’avions. Une dizaine de membres du Modèle Air Club se retrouvent là, chaque dimanche, dès que les conditions météo commencent à se dégrader (de novembre à mars). En ce
dimanche 26 février, les vents sont particulièrement tempétueux, d’où la nécessité de passer en mode hiver une partie de l’année.
Changement de saison – changement de « tenue »
« On aime bien être au grand air mais c’est mieux de passer en intérieur quand vous voyez des temps comme aujourd’hui. On loue cette salle, de 17 heures à 19 heures, jusqu’à fin mars, donc autant en profiter », dit le président Jean-Michel Rossetti. Qui dit saison froide dit donc changement d’environnement d’entraînement et changement de « tenue ». « Le fait de voler en intérieur nous oblige à adapter les machines qu’on utilise. On va évidemment sortir uniquement les avions à moteurs électriques et on va manier des modèles particulièrement légers. »
Des avions pas plus lourds qu’un paquet de chips
Je prends un avion dans les mains pour mieux m’en rendre compte. Le poids du minuscule moteur, fixé vers le cockpit, fait pencher le nez de l’appareil vers l’avant. C’est dire si le reste de la structure est léger. « Les plus lourds pèsent 250 grammes », précise Jean-Michel Rossetti. Ce poids est obtenu en utilisant une matière plastique très légère, appelée dépron. Il est nécessaire de ne pas trop surcharger l’appareil afin de gagner en réactivité. « L’espace clos d’une petite salle de gym comme celle-ci nous oblige à manœuvrer avec rapidité et habileté. Il faut que l’avion réponde instantanément à nos demandes de changements de direction. »
Espace clos, obstacles multiples
La taille de la salle est proche de celle d’un terrain de basket. Ce qui multiplie les risques de toucher des obstacles (plafond, panier de basket, vitre,…). Et même si une machine devait finir sa course dans une vitre par exemple, cela n’engendrerait pas de dégâts, grâce au dépron ultra-léger. « Généralement, ça n’arrive pas. On vole les uns après les autres pour avoir un maximum de marge pour faire nos acrobaties et nos figures. » Chaque vol d’entraînement dure quelques minutes seulement pour garder une concentration constante.
Des concours pour les acrobates du ciel
« Il y a quelques années, certains membres participaient à des concours. Mais on a arrêté. Cela demandait un gros investissement car il faut être capable de tenir un programme de figures imposées durant quatre minutes pleines. » Un peu comme ça se fait pour un gymnaste. L’acquisition de la technique de pilotage et son perfectionnement se font essentiellement lors des vols en intérieur. Savoir gérer son appareil dans un petit espace permettra ensuite de le manier plus facilement à l’air libre où il n’y a pas (ou moins) d’obstacles et plus de temps pour rattraper une erreur. Finalement, voler en intérieur accouche aussi sur un avantage en termes financiers.
150 à 500 francs par machine
« Un kit se monnaie à partir de 70 francs. Il faut y adjoindre un moteur, un récepteur de radiocommande et certains équipements. Pour un petit avion, il faut compter 150 à 500 francs d’investissement », explique le président du Modèle Air Club. Jean-Michel Rossetti a connu une époque différente où le plaisir résidait aussi dans la construction de ses propres avions. « On achetait des plaques de dépron nous-mêmes et on confectionnait les pièces à l’aide de patrons. Puis, certains ont compris qu’il y avait un marché à prendre et les kits sont arrivés. » De sorte qu’aujourd’hui, un avion en kit est prêt à l’envol en 3 à 10 heures. À peine le temps d’un trajet aérien entre Genève et New York ! Sans risque de terminer sa course dans un panier de basket…
Kevin Vaucher