Qui fait la politique ?
Des mannequins habillés par la haute couture se tiennent par la main comme des petits enfants ou encore ils se serrent comme des garçons et des filles grincheux : ce que nous voyons quotidiennement c’est un cabinet d’images des gouvernements au pouvoir, comme s’ils avaient joué un drame shakespearien de première classe et qu’ils remontaient sur scène pour recevoir une standing ovation du peuple. Mais le drame qu’ils ont joué, on ne le voit jamais, on ne l’a jamais vu ; car le véritable drame, c’est à l’extérieur qu’il se déroule, et ce drame-là, les gouvernements ne semblent pas réussir à le résoudre malgré leurs innombrables vols et voyages pour atteindre leurs innombrables sommets.
Les partis et les médias remplacent Shakespeare et débattent par le biais de divers événements et de discours édulcorés et salés, de ce qui pourrait se dire et se faire derrière les portes fermées. Les peuples, ces braves gens qui sont confrontés aux décisions prises dans le secret, peuvent se contenter de ce qu’on leur propose de consommer ou pire encore doivent prendre les armes pour attaquer d’autres gens, d’autres peuples.
Une telle politique, vue de l’extérieur, est un mauvais film de Hollywood, joué par quelques personnages charismatiques qui tombent amoureux de leur image reflétée par un public admiratif, et par de nombreux figurants qui suivent les instructions du metteur en scène sans contredire. Il semblerait qu’on a oublié à quoi doit servir la politique. Cela n’a rien d’étonnant, car ceux qui poursuivent leurs intérêts dans les communes ou dans la population tenteront de se servir de la politique en utilisant certains moyens pour influencer les représentants et représentantes politiques.
Un État n’a pas seulement une constitution, des lois et des règles, mais aussi, et de plus en plus, des représentants et représentantes de ces intérêts particuliers ; ces personnes sont choisies par des groupes d’intérêts, par la science, l’économie, par les partis et, si possible, placées à des postes clés. Tous ces intérêts particuliers sont généralement présentés comme étant de première importance pour toute la population.
Heureusement qu’il y a toujours des personnes qui travaillent sérieusement pour le bien-être des hommes, des animaux et de la nature ; il y en a dans le domaine des soins, des pompiers, de la famille, dans les ONG, ou même dans les parlements ; ils ne veulent rien savoir du grand tapage, mais souhaitent simplement effectuer leur travail politique sans être entravés.
Heinz Salvisberg, Buttes