Racisme au Val-de-Travers
Êtes-vous prêts à le voir ?
Jeudi dernier a eu lieu le vernissage de l’exposition « Nous et les autres. Des préjugés au racisme » à la bibliothèque communale de Fleurier. Dix-sept, ce nombre aura été celui de cette soirée. D’abord parce que 17% de la population helvétique a déclaré avoir été victime de racisme au cours des cinq dernières années. Ensuite, car il y a avait seulement 17 personnes (en comptant large) à ce vernissage. Comment expliquer ce grand écart ?
Quand on se rend dans les écoles, on se rend compte de l’énorme travail qu’il reste à faire sur la question des préjugés et du racisme. Dans la politique actuelle mondiale aussi, il reste énormément de boulot. « Quand on entend les termes de remigration et de préférence nationale, on est en plein dans le racisme », affirme Grégory Jaquet du Service de la cohésion multiculturelle. Il est à la tête d’une équipe d’une trentaine de personnes dans ce qui constitue « l’un des 37 ou 38 services de l’État. » Le but de son service est « de ne pas se demander comment réduire les discriminations. » Oui, oui, vous avez bien compris !
Ne pas réduire les discriminations mais les…éliminer !
Pour Grégory Jaquet, lui et son équipe doivent se poser la question de comment éliminer les discriminations. Mais pour y arriver, encore faut-il savoir où le racisme commence. Cette exposition « Nous et les autres. Des préjugés au racisme » (jusqu’au 14 avril), donne des réponses à travers différentes notions élaborées par des scientifiques, des muséologues et des ethnographes notamment. Elle s’inscrit dans le cadre de la 30e édition de la semaine contre le racisme. « Si je comprends bien le fond de ces actions (une centaine au total), j’ai de la peine avec les termes de ‹ journée › et de ‹ semaine › contre le racisme, comme s’il n’y en avait pas le reste du temps », s’est étonné David Hamel.
L’école devant le défi du racisme
Le directeur de l’École JJR a également mis en avant « la peur des différences » chez les jeunes. Une différence sur laquelle ils n’ont parfois pas les outils pour l’assimiler. Devant l’inconnu, il est plus facile d’en rire et de la rejeter plutôt que de chercher à la comprendre. « Nous cherchons à les rendre acteurs sur la question des discriminations. L’école doit chercher à les responsabiliser. » Dans cette optique, planter cette expo dans la bibliothèque attenante au collège faisait sens, d’après les propos de Sarah Fuchs-Rota, conseillère communale en charge de la cohésion sociale. « Le racisme augmente dans les écoles ces dernières années et c’est un problème qu’il faut prendre en considération », a-t-elle continué.
S’adresser de la bonne façon aux bons acteurs de la société
Une fois que l’on a dit ça, comment agir concrètement ? Les paroles et les actes sont louables mais que faire si la population ne se saisit pas elle-même de cette question, à l’image du peu de monde présent à ce vernissage ?
Grégory Jaquet a son idée sur la question : « Il me semble que tous ceux qui ont un rôle d’éducation au sens large, parents compris, devraient être placés devant ces réalités. Je pense qu’ils devraient prendre 1 h 30 (allez, 1 h, ce serait déjà pas mal) de leur temps et un bon thermos de Chai latte pour venir se balader dans cette expo. » Le défi semble effectivement de s’adresser de la bonne façon aux bons acteurs de la société. Et ça, sommes-nous prêts à le comprendre et surtout à le penser avant de mettre sur pied de telles actions ?
Kevin Vaucher