Quand le home devient fourmilière

Habituellement, le home Les Sugits avait plutôt tendance à organiser une kermesse par année. Mais le nouveau directeur a voulu varier et proposer une journée un peu plus légère en termes de préparation. « Ce ne sont pas des portes ouvertes, les gens ne sont donc pas invités à monter aux étages. L’idée est plutôt de favoriser les rencontres tout en exposant ce que notre soixantaine de résidents font de leur quotidien. » Oui, il y a donc de la vie dans les homes vallonniers !

La centenaire et son Courrier

« Vous avez raison, il y a beaucoup de vie aux Sugits. Les résidents font simplement les choses un peu moins vite qu’avant. Nos différentes équipes sont justement présentes pour les encadrer et les aider à continuer à être actifs. » Même les quatre centenaires du lieu ne sont pas en reste. L’une d’elles a préféré rester sagement à l’étage où nous avons exceptionnellement pu monter. Elle semble très concentrée sur quelque chose. Elle s’y accroche fermement. Qu’a-t-elle dans les mains ? Un Courrier ! Les bons réflexes ne se perdent jamais. Excellente lecture Madame ! « Je crois qu’elle ne nous entend pas », me reprend Thierry Racine. Oui j’oubliais. Il y a beau avoir beaucoup de vie aux Sugits en cette journée, on en reste pas moins dans un home.

Le petit marché des Sugits

Nous croisons alors un homme en train de courir dans le couloir. C’est une de ces nombreuses petites « fourmis », toujours prêtes à rendre service. Quelque chose se prépare dans la grande salle du bas et les préparatifs vont bon train. En sous-sol, l’énorme cuisine est également bien vivante. Il s’y prépare tous les jours les repas du home ainsi qu’une grande quantité de repas qui sont livrés. Ce sont plusieurs centaines de plateaux repas qui doivent être préparés au quotidien. Mais revenons-en aux résidents et à leurs activités. Un petit marché offre un aperçu de ce qu’ils sont capables de faire de leur temps. Des tricots, des herbes récoltées dans le jardin et d’autres produits sont vendus aux visiteurs.

Entre de bonnes mains

« Le bénéfice permettra d’organiser la prochaine activité », brode Thierry Racine. Un peu plus loin, des œuvres réalisées par les résidents sont exposées. Certains tableaux sont plutôt réussis. Des photos avec des paires de mains sont aussi affichées. « Elles appartiennent à nos résidents, à vous de trouver à qui… » Trop difficile, je préfère m’en remettre aux mains de cette dame qui m’explique les vertus de la musique sur les personnes âgées. « Je viens aux Sugits plusieurs fois par semaine pour qu’elles puissent jouer d’un instrument ou jouer avec les sons. » Renseignements pris, cela leur offre un moment de décharge émotionnelle. Ou à l’inverse, cela leur permet de se recharger mentalement, en plus de se dépenser un peu.

Ça grouille dans la grande salle

L’équipe de l’animation présente aussi ses atouts. L’élaboration de paniers en osier et les jeux de réflexion font partie de la panoplie des activités proposées. « Certains viennent vers nous simplement pour avoir du contact. Ils ne font rien, ils observent les autres. C’est aussi une façon de participer à la vie du home », expose Sylvaine. Il est à peine 14 heures et ça grouille dans la grande salle de l’établissement. Les visiteurs et les résidents se mélangent dans un flux continu. La table des lots de tombola est déjà bien entamée lorsqu’une douzaine de personnes âgées commencent une démonstration de cours de gym douce (chorégraphie). Ici, quand le chat de la solitude n’est pas là, ce ne sont pas les souris mais les fourmis de la fourmilière des Sugits qui se mettent à danser…

Kevin Vaucher