Sainte Barbe, la galerie du tunnel de La Clusette est percée!

Il est très exactement 12 h 34 lorsque le brise-roche fracasse le dernier mur de roche qui résiste encore au percement de la galerie. Un gros bruit vrombit de l’autre côté du mur puis la roche commence à se fendre sous le regard des invités, des caméras et des appareils photo. Une fois que le coup de grâce a été donné, un groupe de mineurs franchit pour la première fois les derniers mètres du « souterrain » sous les applaudissements nourris du public présent. L’un d’entre eux tient dans ses mains une statuette. Il s’agit de sainte Barbe, la patronne des mineurs. C’est elle qui a la mission de veiller sur eux et de les faire tous remonter à la surface sans encombre. Mission réussie pour ce qui est de la galerie du tunnel de La Clusette ! Le conseiller d’État Laurent Favre se tient en première ligne et me glisse que la majorité de l’excavation a été réalisée à l’explosif sauf les 68 derniers mètres qui ont été pilonnés à coups de marteau brise-roche.

La matière excavée a été recyclée sur place

Puisque Laurent Favre semble bien renseigné, saurait-il me dire ce qu’il est advenu des gravats qui ont été excavés de la galerie ? « La quasi-totalité a été recyclée sur place. 6000 mètres cubes de rochers ont été mis à la disposition de la commune de Val-de-Travers pour la construction des digues de protection du village de Noiraigue. 6000 autres mètres cubes ont servi au remblayage de l’ancienne route cantonale. Le reste a été concassé et est conservé à Noiraigue. Il sera réutilisé dans la suite des travaux. » En effet, la galerie de sécurité doit encore être étanchéifiée, bétonnée et entièrement équipée. Le passage des piétons et des cyclistes devrait pouvoir se faire à l’automne 2024. C’est à ce moment-là que la seconde phase des travaux pourra débuter : celle de l’assainissement du tunnel principal de La Clusette. Les trois voies prévues à la circulation seront ouvertes en début d’année 2027 si tout va bien. 2000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques seront notamment installés aux abords du tunnel pour couvrir une large partie de ses besoins énergétiques.

« L’épicier du coin face à la Coop et à la Migros »

« Pour le moment, il faut féliciter le consortium d’entreprises neuchâteloises Infra Tunnel car les travaux ont été faits dans les temps et en respectant le budget. Une vraie précision horlogère », souligne encore Laurent Favre. « C’est important pour nous de montrer que nous travaillons avec professionnalisme et sérieux car nous sommes une petite structure à l’échelle nationale et la concurrence alémanique est très forte sur les appels d’offres. Si vous voulez une comparaison parlante, nous sommes le petit épicier du coin face à la Coop et à la Migros », conceptualise Gilles Lequertier. Le rapport de force est effectivement parlant.  Le représentant du consortium n’a d’ailleurs pas manqué d’interpeller gentiment Laurent Favre au sujet du futur appel d’offre pour les travaux du tunnel principal de La Clusette (la décision sera rendue dans les prochains mois). « Infra Tunnel a démontré son savoir-faire en respectant les délais et le budget qui lui avaient été demandés. Comme quoi, il y a de bons professionnels par ici… » Difficile de faire plus clair comme appel du pied.

Patience et compréhension : un mot pour les riverains

Cette matinée s’est déroulée en présence des autorités politiques de Val-de-Travers et de Rochefort. Le conseiller communal Eric Sivignon avait fait le déplacement côté vallonnier. Casque fixé sur la tête, il est également venu au plus près de l’action en assistant à l’abattage du dernier pan rocheux. « Je demande aux conseillers communaux de ne pas s’approcher trop près du mur. Les relations entre le canton et les communes sont bonnes, je ne tiens pas à ce qu’il y ait un souci », a taquiné Laurent Favre.

Ce dernier a tenu à avoir un mot pour les riverains qui subissent plusieurs travaux en même temps. Nous ne les oublions pas aujourd’hui et nous les remercions pour leur patience et leur compréhension. En « contrepartie, nous sommes heureux d’avoir mieux pu sécuriser le village de Noiraigue contre les éléments naturels. Et la valorisation de l’axe Littoral-Rochefort-Val-de-Travers, pour la mobilité douce, aura également un impact positif pour la région. » sainte Barbe et sainte Patience, tout arrive un jour ou l’autre !

Kevin Vaucher