Santé des seniors
Au Cora, une série d’ateliers pour pratiquer sa mémoire
Tout au long du mois de juin, le Centre de la mémoire des HUG animera des ateliers mémoire dans les locaux du Cora, à Fleurier. Un projet-pilote est proposé par le Service cantonal de la santé publique et la Commune de Val-de-Travers. La séance introductive s’est déroulée la semaine dernière.
Les oublis quotidiens chez les seniors sont-ils toujours les symptômes d’une maladie ? Comment prévenir les défauts de mémoire et en prendre soin en vieillissant ? Telles étaient, en substance, les questions abordées par le neuropsychologue Christian Chicherio, du Centre de la mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), mercredi 22 mai, dans les locaux du Cora à Fleurier. Cette conférence introduisait une série d’ateliers mémoire qui se dérouleront durant le mois de juin dans le cadre d’un projet-pilote du Service cantonal de la santé publique (SCSP) qui a pour objectif la promotion du bien-être cognitif des seniors. « Cela s’inscrit pleinement dans la vision politique du Canton qui vise le plus possible le maintien à domicile », explique Gwenola Pradeau.
La responsable du domaine « vivre à domicile » au sein de la SCSP a découvert les travaux menés par le Centre de la mémoire des HUG et les très bons retours de ces ateliers débutés en 2021. « Le volet social et l’aspect préventif correspondaient à ce que nous souhaitions mettre en place », poursuit-elle. Pour l’instant, ce programme est un projet-pilote et le fait qu’il est proposé au Val-de-Travers résulte « d’opportunités et de rencontres », le Cora s’étant immédiatement intéressé et ayant des locaux à disposition. Sa directrice, Christelle Isler, confirme que le projet a tout de suite intéressé l’institution. « Le sujet est une préoccupation importante des seniors. Il est essentiel de se préparer à bien vieillir », estime-t-elle. C’est peu dire, la séance introductive a attiré une quarantaine de personnes, toutes très concernées.
Pas toujours la preuve d’une maladie
Devant une salle comble, Christian Chicherio a d’abord avancé une réalité qui a fait bruisser l’assemblée : chaque année, en Suisse, 30’000 nouveaux cas de démence ou d’Alzheimer sont diagnostiqués. Toutefois, le neuropsychologue a immédiatement tenu à rassurer, la diminution de la mémoire n’est pas une fatalité. « Avec de bonnes pratiques, on peut réduire de 40% le facteur de risques », a-t-il exposé. Ainsi, exercice physique, hygiène de vie, stimulation intellectuelle, socialisation, sont autant d’éléments contribuant au bon fonctionnement cognitif et à la mémoire. « La mémoire doit s’appréhender dans le contexte de la vie et de la santé en général », a-t-il résumé, relevant qu’on ne pouvait parler de santé sans aborder celle du cerveau, ce « chef d’orchestre du corps ». Bonnes pratiques et exercices cognitifs qui seront développés durant les ateliers en juin.
Cette conférence d’introduction avait aussi pour but de casser certaines idées reçues sur les défauts mémoriels. Ainsi, ne pas se rappeler l’emplacement de sa voiture sur un parking n’est pas alarmant, mais ne plus se souvenir d’être venu en voiture si. Oublier le nom d’une personne vue il y vingt ans n’est probablement pas un signe d’une maladie cognitive, alors que l’oubli des noms de gens côtoyés au quotidien doit inquiéter. Également, certains oublis sont souvent dus au fait que nous faisons plusieurs choses en même temps ou en ayant des pensées annexes. « Le cerveau doit être sélectif et oublier certains éléments pour en enregistrer d’autres », a noté Christian Chicherio. Petit film et exercices ludiques à l’appui, le neuropsychologue a démontré à l’auditoire comment notre mémoire fonctionnait ou parfois pouvait nous jouer des tours.
Seconde série d’ateliers en septembre ?
À la suite de la conférence, le public était invité à s’inscrire aux cinq ateliers qui auront lieu en juin. Malheureusement, le nombre de places est limité à une quinzaine de participants. « Nous avons constaté que cela était le nombre idéal pour créer une dynamique participative et personnalisée permettant les échanges », détaille le scientifique. Au regard de l’affluence à cette séance, il est fort probable qu’il y ait des déçus.
Autre légère contrainte, la nécessité de pouvoir suivre, si possible, l’ensemble de la série et d’avoir accès à une tablette et un ordinateur afin de poursuivre les exercices à domicile après les ateliers. « Notre équipe évaluera les résultats après trois et six mois pour retravailler ou proposer d’autres conseils », ajoute Christian Chicherio. Enfin, consciente du fort intérêt des seniors pour ces ateliers, Christelle Isler pense déjà proposer, avec le Centre de la mémoire, une seconde série. « Celle-ci devrait se dérouler durant le mois de septembre », indique la directrice du Cora.
Gabriel Risold