Conseil communal de Val-de-Travers
Sarah Fuchs-Rota : la politique pour passion
Deuxième femme à siéger à l’exécutif de la Commune de Val-de-Travers, la socialiste Sarah Fuchs-Rota succédera officiellement, le 1er mars, à Frédéric Mairy. Rencontre avec celle pour qui la politique est devenue, au fil du temps, une passion.
En la présentant lors de l’élection complémentaire en janvier dernier, son collègue Emil Margot a dit d’elle qu’elle ne pouvait « faire dix mètres » dans une manifestation sans croiser une connaissance. C’est effectivement le cas lorsque nous rencontrons Sarah Fuchs-Rota à Neuchâtel, où elle salue, avenante, deux personnes, avant de nous consacrer de son temps. Son agenda du jour est chargé, un avant-goût de celui de conseillère communale qu’elle sera à partir du 1er mars, et elle jongle entre les sollicitations médiatiques, dont la nôtre, et ses adieux au Grand Conseil, où elle siégeait depuis 2021. Une fonction qu’appréhendait de quitter l’élue. « Désormais c’est terminé, je n’ai pas de regrets », avance-t-elle. « Ou sinon je regretterai les liens humains construits ».
Après trois ans et des poussières au législatif cantonal, elle s’est positionnée comme une élue influente en commission. D’ailleurs, elle souffle qu’un député de droite qualifie même son évolution de « fulgurante ». Travail « de l’ombre » qui représente un parfait bagage pour sa future fonction dans un exécutif. « Mon action au Grand Conseil prouve que je sais rechercher le compromis », poursuit l’éducatrice sociale qui avoue également que sa profession lui apporte au quotidien de la nuance sur un monde où rien n’est noir ou blanc. « Alors que j’ai la sensation que nous vivons dans une société de plus en plus clivée actuellement », note celle qui siège au Conseil général de Val-de-Travers depuis 2016.
Élue à dix-huit ans
L’habitante de Môtiers a développé tôt un intérêt pour la chose publique et la politique. Née à Fleurier en 1985, dans une famille non politisée, elle se souvient de sa passion pour les cours d’éducation civique à l’école. « J’ai pris conscience que la politique impactait notre vie et j’ai eu envie d’avoir voix au chapitre », se rappelle Sarah Fuchs-Rota, dont le souhait de justice sociale, « qui coule de source » chez elle, l’a conduite au parti socialiste. Résultat, elle est élue conseillère générale à Môtiers à dix-huit ans.
Suivent les études, des domiciliations à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds, avant de partir vivre un an aux États-Unis. Elle revient à Val-de-Travers en 2015. « Cette expérience m’a encore plus convaincue de l’attachement à ma région pour sa qualité de vie et la convivialité entre ses habitants », détaille-t-elle. Un autre regard qui lui démontre chaque jour la chance de vivre ici : la nature environnante, « à deux pas », de nombreuses infrastructures et un « fourmillement » culturel et associatif de ce « grand village » de Val-de-Travers. Un amour pour le Vallon qui l’a motivée à se présenter à l’élection complémentaire à l’exécutif.
« Je me réjouis »
Succéder à Frédéric Mairy, en poste depuis onze ans et qui faisait l’unanimité, n’effraie pas celle qui sera en charge de la cohésion sociale, de la santé, de la culture et des sports. « C’est à la fois un honneur et une certaine pression », répond-elle, consciente des enjeux et pleine d’humilité. Au poste, elle pense apporter sa propre personnalité, créative et énergique, ainsi qu’une passion de la politique née au fil des engagements. La nouvelle élue à l’exécutif reconnaît tout de même une appréhension au moment de son élection, le 16 janvier dernier. Sentiment qui a disparu depuis. « Après l’accueil chaleureux de mes collègues, le super contact avec les équipes du dicastère et la transition avec Frédéric Mairy, je me réjouis d’entrer en fonction », admet Sarah Fuchs-Rota, ajoutant qu’elle parvient désormais à se projeter.
À l’annonce de cette complémentaire, la socialiste avoue s’être longuement interrogée sur ses capacités et l’impact de sa décision. « Un train passait et il ne repasserait pas avant longtemps. Finalement, j’ai eu envie d’y monter », image-t-elle, en relevant aussi le privilège de pouvoir s’appuyer sur un soutien total de sa famille. Mariée et mère de deux enfants de six et huit ans, elle juge conciliable sa vie privée et son futur poste, bien qu’un rythme devra être trouvé. « Pour aussi s’octroyer du temps de loisirs, ce qui est vital pour l’équilibre », estime celle qui apprécie les activités liées à la nature et culturelles. Même si dans son temps libre elle confesse lire beaucoup d’ouvrages politiques. Normal, dirons-nous, pour une passionnée.
Gabriel Risold