Si le pont de Môtiers pouvait parler…
Le Courrier vous a raconté l’histoire de la construction du nouveau pont de la cascade de Môtiers dans une précédente édition (article à retrouver sur notre site internet : courrierhebdo.ch). La deuxième phase du projet consistait à installer la structure de près de 2 tonnes à la place de l’ancienne. « Ce ne fut pas une sinécure », dirait le pont s’il pouvait parler. Mais un pont, ça ne parle pas ou bien ? Je ne sais pas mais ces mots ont été prononcés pas loin du pont où se tenait le conseiller communal Frédéric Mairy.
Le pont de la cascade de Môtiers a été installé au début du mois dans son nouvel environnement. « On savait l’ancien pont très vieux mais on ne pensait pas qu’il était si âgé quand même. Sous lui, on a trouvé une plaquette en acier qui indiquait sa date de construction : 1894 ! Vous vous rendez compte ? » Qui parle ? Le pont ? à moins que ce ne soit Claude-André Montandon, le garde forestier de la forêt jardinée du Val-de-Travers ?
2 tonnes dont 40 kilos de colle
Après presque 130 ans de service, on peut dire qu’il en a vu du passage. « On n’avait donc aucun regret à le retirer. » Mais encore fallait-il trouver un moyen de le retirer. L’hélicoptère ? « On y a pensé mais on a trouvé un engin encore plus adapté. À savoir la machine passe-partout, à six roues, du Vallonnier Jérémy Thiébaud. » Et tout cela sans laisser trop de traces derrière lui. « On dit souvent que la cascade de Môtiers voit passer beaucoup de promeneurs durant l’année. Il aura désormais aussi vu passer un pont de près de 2 tonnes (dont 40 kilos rien que pour la colle). » Tiens, une voix se fait à nouveau entendre près de Frédéric Mairy.
Sortir des sentiers battus
Habituellement, la forêt protège, crée de la biodiversité et remplit aussi une fonction sociale. « Dans ce lieu, la dimension est encore plus grande. On sait que Jean-Jacques Rousseau venait s’y promener pour trouver de l’inspiration à ses écrits. Cela lui ajoute un côté spirituel qui invite à la rêverie. » Justement, je rêve ou le pont parle vraiment ? à moins que cela soit encore le poétique Claude-André Montandon que l’on entend ? Chut, écoutons ! En tout cas, s’il y en a un qui n’a pas rêvé, c’est bien le jeune Théo Krawiec. Lui, c’est l’apprenti de 4e année du menuisier Olivier Favre, le maître d’œuvre de l’ouvrage. « Je ne lui ai pas facilité la tâche, ni au reste de l’équipe. Mais j’apprécie sortir des sentiers battus et créer des choses hors norme. »
56 projets soutenus
Tiens, il semblerait que j’aie trouvé à qui parler hors des sentiers battus. Parfait ! On parle, on parle mais on ne parle pas beaucoup d’argent. Il paraît que c’est le nerf de la guerre. Est-ce aussi celui d’un bon morceau de bois vallonnier pour faire un pont ? La réponse nous est adressée par La Mobilière qui a créé un fonds pour soutenir la rénovation, le remplacement et la construction de ponts et de passerelles en 2018. « En cinq ans, 56 projets ont été soutenus financièrement à travers la Suisse grâce à un partenariat avec Suisse Rando (et ses 65’000 kilomètres de réseau pédestre). 350’000 francs sont alloués à cette tâche chaque année. La contribution pour la construction de Môtiers s’est élevée à 15’000 francs. »
Vaut-il mieux parler à un mur ou à un pont ?
Soit un peu plus de la moitié du coût total de l’ouvrage. Serait-ce la voix du pont ? Ou celle de Sven Renaud, responsable à La Mobilière ? Bon, on dois vous avouer quelque chose. Un pont ça ne parle pas vraiment. Mais ça fait beaucoup parler quand il est réussi et qu’il a donné lieu à de multiples collaborations fructueuses au sein d’une même région. Si seulement le monde pouvait s’en inspirer pour réussir à s’unifier de temps en temps ! Non, je ne parle pas à des murs mais je parle aux ponts, vous voyez bien…
Kevin Vaucher