Alix Mercier, le guerrier blanc
Sa maman s’illustrait dans le ski alpin alors que son papa et son grand-papa avaient une préférence pour le fond. Comme les hommes de sa famille, Alix Mercier a choisi le ski de fond pour perpétuer la lignée. « Dans la famille, on a presque appris à faire du ski avant de savoir marcher », résume le jeune homme des Bayards. Si Alix se transforme en guerrier blanc sur ses skis, il a appris bien d’autres choses et possède plusieurs cordes à son arc. Ses études en biologie-chimie, son CFC de forestier-bûcheron et son bachelor en sciences forestières sont là pour le prouver.
Lorsque je lui demande à quel âge il a chaussé ses « armes de glace » aux pieds pour la première fois, Alix Mercier se retrouve bien embêté. C’était tellement inscrit dans les gènes de la famille qu’il est impossible de dater avec exactitude ce moment.
Le ski de fond, j’y suis depuis que je suis né,
finit-il par lâcher.
Mon père faisait notamment partie des cadres nationaux dans les années 1980 et moi j’ai voulu faire comme lui tout jeune.
Comme lui donc, c’est au ski-club de La Brévine qu’il a accordé sa confiance pour passer les échelons en glissant sur la neige. Vers 12-13 ans, il a intégré le Centre régional de performance du Giron jurassien.
Cette structure offrait un encadrement optimal pour progresser et c’est à partir de là que j’ai pu évoluer sur des courses nationales et quelques coupes d’Europe.
Comme son papa avant lui, il semblait avoir les bons coups de bâtons pour ouvrir la porte du cadre national. Et pourtant…
J’ai manqué le train, j’ai pris la correspondance suivante
C’est vers nos 20 ans que l’âge charnière arrive dans cette discipline. C’est là qu’il faut être capable d’être dans le bon wagon pour avoir une chance au niveau suisse. Et moi, j’ai manqué le train !
Alix Mercier porte un regard sévère et franc sur cette période et il n’oublie pas non plus qu’il a su réagir pour ne pas rester tout seul à quai.
J’ai tout de suite pris la correspondance suivante pour rester dans le milieu et je me suis accroché.
Ce qui lui a régulièrement permis de briller en Suisse romande. Et depuis quelques années, il complète son agenda hivernal avec des compétitions de peau de phoque. Il n’est pas rare de le voir s’aligner sur de grandes courses comme la Patrouille des Glaciers.
J’attends toujours l’hiver avec impatience et je le prépare surtout activement du printemps à l’automne avec un gros travail sur l’endurance et la vitesse.
Course à pied, vélo et ski à roulettes l’accompagnent durant toute cette phase préparatoire. Et plus les premiers flocons se rapprochent, plus il augmente le rythme de ses séances.
Avant j’étais à une douzaine d’heures d’entraînement par semaine. Bon, maintenant je suis plutôt entre six à huit heures car mes objectifs ont changé. Là où il n’y avait que l’envie de performance plus jeune, il y a désormais une grande place pour le plaisir aujourd’hui. Cela fait partie de mon nouvel équilibre de vie.
Les championnats romands ce week-end
En ski de fond, une bonne dizaine de courses par année restent quand même à son programme, sans compter les cinq à six sorties en peau de phoque.
Le gros avantage est qu’il s’agit de sport d’extérieur que l’on peut pratiquer seul. Par conséquent, on a été moins touché que d’autres par les contraintes sanitaires. Comme on ne connaissait pas vraiment ce virus, pas mal de compétitions sont malgré tout tombées à l’eau l’année passée mais c’est bien revenu cette saison,
remarque-t-il. Et il s’est déjà mis en évidence avec des podiums sur la Grimpette de la Bosse et la Course de l’Heure jusqu’à présent. Ce week-end sera le point d’orgue de son hiver avec les championnats romands où il espère pouvoir jouer au moins la médaille en relais. Ensuite, il participera évidemment aux trois prochaines étapes du Viteos Ski Tour ou encore à la Mara de Sainte-Croix. Chasseron-Buttes est aussi coché dans la catégorie « à faire ».
J’espère que l’enneigement sera suffisant car j’attends ces échéances avec impatience.
Se sublimer au milieu des sapins enneigés
Malgré cette passion dévorante, le sportif de 27 ans a quand même appuyé sur le frein depuis qu’il s’investit pour la relève.
Je consacre désormais une partie de mon temps pour l’enseignement aux jeunes du ski-club La Brévine. J’aimerais poursuivre le cycle et transmettre à mon tour ce que l’on m’a donné. Depuis cette année, je fais l’impasse sur quelques courses pour les accompagner en déplacements.
Sans oublier le côté professionnel qui a pris toujours plus de place dans la vie de l’athlète des Bayards.
Quand j’étais au Giron jurassien, on m’a proposé de suivre la structure sport-études à Brigue mais j’ai préféré faire le lycée près de chez moi. Cela s’est très bien passé ainsi. C’est seulement quand j’ai décidé de faire des études supérieures que j’ai dû mettre le ski de fond un peu de côté. Mais je ne le regrette pas !
Ses études l’ont porté jusqu’au poste d’ingénieur forestier de l’arrondissement de Val-de-Travers.
J’ai commencé début 2020 à un pourcentage réduit et je suis à 100 % depuis juillet dernier. Ça me convient bien et je prends un plaisir fou à aller m’entraîner en fin de journée au milieu des sapins enneigés.
Tout se rejoint finalement, Alix le guerrier blanc a besoin du calme de la nature pour se sublimer.
Kevin Vaucher