Sous leur face féminine, les «émeraude» brillent aussi!
Vous l’avez probablement suivi sur les différents supports du Courrier : le FC Val-de-Travers a réalisé un premier tour de toute beauté en 3e ligue masculine, terminant champion d’automne. Mais ce coup de chapeau serait incomplet si on oubliait d’y associer les succès des différentes équipes féminines du club. Avec bientôt 100 membres, les filles représentent près d’un quart des effectifs vallonniers. Cela en fait un cas à part dans le canton où seul Audax peut se prévaloir d’un tel engouement. Alors, pourquoi le foot féminin cartonne autant au Vallon ?
Pour mieux comprendre où nous en sommes, il faut toujours regarder d’où nous venons. Depuis une dizaine d’années, un énorme travail de fond a été fait pour développer l’aspect féminin du ballon rond au Val-de-Travers. « Jean-François Jornod et Nadia Clerc ont donné la première grosse impulsion. Ils ont ensuite été rejoints par Christophe Tschäppät et Jérémy Badertscher. L’engouement a pris de l’ampleur de cette façon, grâce à un cadre compétent, sérieux et passionné. Il n’y a pas de miracle, ça se sent et ça se sait. Les filles attirent alors leurs copines qui en attirent d’autres et le mouvement est lancé », décrypte Diego Gaier.
Les qualités de Michel Etter
Le directeur technique du FC Val-de-Travers pointe un autre « responsable » de cette situation : « Michel Etter ! Peu de monde a un bagage comme le sien dans notre sport et il en fait pleinement profiter le club depuis plusieurs années. Il apporte tellement au foot vallonnier. » Diego Gaier oublie modestement de se mettre dans le lot.
Lui et Michel se connaissent de longue date. Ils ont notamment partagé le maillot du FC Fleurier dans les années 1980 - 1990. « Une fois les crampons rangés, nous sommes restés amis et nous avons notamment coaché chez les juniors B et C. Mais c’était avec des garçons et ils sont difficiles à gérer entre 15 et 19 ans. Ils pensent qu’ils ont déjà tout vécu et tout compris sur un terrain de foot. Comme nous n’aimons pas faire la police, nous nous sommes gentiment retirés du coaching. »
L’état d’esprit des filles est différent
Mais… chez les filles, l’état d’esprit est différent : « Elles sont à l’écoute et cherchent constamment à apprendre. Elles sont attentives et se concentrent sur le jeu et rien d’autre. » Aujourd’hui, le FC Val-de-Travers possède une équipe de filles en moins de 12 ans (FF12), deux formations de FF15, un collectif de FF19 et une première équipe adulte en 4e ligue. Il y a environ deux ans, le poste d’entraîneur des FF19 était vacant à la suite du départ de Jérémy Badertscher. Vous imaginez la suite ? Michel et Diego ont accepté de reprendre l’équipe d’ados ensemble. « Au début, j’avais refusé cette offre », admet Diego Gaier. « Puis Michel m’a appelé pour me proposer de le faire avec lui et je n’ai pas pu refuser… » C’était donc reparti pour le duo !
« Pot commun » pour les FF19 et les adultes
L’année dernière, c’est au sein de l’équipe féminine de 4e ligue que des signes de fragilité ont été observés. « C’était un peu du foot à la carte et il manquait toujours beaucoup de joueuses aux entraînements et aux matches. L’équipe était à deux doigts de disparaître en juin dernier. Ce qui était impossible pour Michel qui a eu l’idée de regrouper les 26 joueuses des FF19 et les 12 éléments de 4e ligue pour constituer un contingent commun (selon un tournus pré-établi). » Bingo ! Les joueuses se sentent concernées par le projet et les résultats suivent. Les deux formations occupent la première place de leur hiérarchie respective.
« Les résultats des FF15 sont aussi excellents avec respectivement une 2e et une 5e places au classement. » Les « émeraudes » brillent définitivement sous toutes leurs faces.
Kevin Vaucher
Les 3 infos « en replay »
1. Promotion en 3e ligue ?
Les résultats du FC Val-de-Travers sont bons dans toutes les catégories. Ils sont presque trop bons. « Trop bons non ! Disons que nous avons de l’avance sur nos plans et c’est très bien ainsi. Si nous pouvons en profiter, nous n’hésiterons pas à le faire. Je pense notamment à une promotion en 3e ligue avec notre première équipe féminine. Nous gagnons parfois des parties 20 à 0. Nous devons aller jouer plus haut pour continuer à progresser », évoque Diego Gaier.
2. La rivalité avec Audax !
Dans le canton de Neuchâtel, il manque encore cruellement d’équipes féminines compétitives. Du coup, les Neuchâteloises et les Fribourgeoises font championnat commun. Dans ce contexte, une forte rivalité cantonale est née avec Audax qui sont, en poussant le trait, les Real et Barça du foot féminin neuchâtelois. « C’est vrai que ce sont les deux équipes qui ont toujours peur l’une de l’autre car elles savent que cela va être une vraie bataille. On est contents de rivaliser avec Audax qui draine des joueuses de tout le canton quand Val-de-Travers se repose exclusivement sur un réservoir vallonnier. »
3. Les intermittents du spectacle
Si le bilan du foot féminin du Val-de-Travers est presque parfait. Il y a quand même un hic. « Nous constatons un manque d’entraîneurs qualifiés ou souhaitant se former. Il en faudrait idéalement cinq nouveaux pour pouvoir être confortables pour l’avenir. » Le profil du papa de joueur qui vient entrainer l’équipe de son fils est encore très répandu. Si cette aide est positive, elle est aussi problématique car ce sont comme des intermittents du spectacle : « Ils se retirent bien souvent du coaching quand leur fils ou leur fille range son sac. Ce sont donc plutôt des solutions temporaires. » En résumé, les CDD, c’est bien. Mais les CDI, c’est mieux !