Stéphane Berger
Pourquoi la maman de jour fume la pipe ?
La maman de jour fume la pipe parce que la maman de jour est un homme ! Cela pourrait être les sous-titres de cet article. En effet, le Vallonnier Stéphane Berger a été l’unique maman de jour dans le canton de Neuchâtel durant 15 ans. Il a été rejoint cette année par un deuxième camarade qui œuvre du côté de La Chaux-de-Fonds. Avec deux représentants masculins sur 130 mamans de jour sur le plan cantonal, ce métier reste très majoritairement « squatté » par les femmes. Pourtant, Stéphane Berger ne changerait pour rien au monde son activité. Nous l’avons rencontré.
Ce vendredi, il est midi lorsque je rejoins Stéphane Berger dans son appartement de Fleurier. Tous les enfants sont réunis dans le salon qui donne directement sur la cuisine. Le Vallonnier de 50 ans s’apprête à enfourner les deux pizzas dans le four. Je commence d’entrée à comprendre qu’il faut une bonne mémoire pour faire une bonne maman de jour. « Alors, il y en a un qui ne mange pas de gluten et un autre qui ne mange pas de porc. Il faut faire attention », m’envoie Stéphane Berger en ouvrant la porte du four.
Enfants de 0 à 12 ans
Ce jour-là, il s’occupe de quatre enfants : Louis (13 ans), Mickael (9 ans), Gabin (8 ans) et Serena (7 ans). « Les autres jours, il y a aussi Hailey (4 ans) et Matteo qui a deux ans et demi. C’est le seul qui ne va pas encore à l’école. Je dois encore le changer mais j’ai décidé de prendre des bébés uniquement à partir de deux ans et demi pour ne plus donner le biberon. » Cela prend trop de temps ? « Il y a de ça. Un jeune bébé demande beaucoup d’attention. Et je me fais un peu vieux aussi », rigole-t-il. Officiellement, ce jour-là, Stéphane prend en charge seulement trois enfants en réalité. Il explique pourquoi. « Le métier est chapeauté par l’association Accueil familial de jour (AFJ) et seuls les jeunes de 0 à 12 ans sont comptés comme enfant gardé. » Il a le droit d’en garder cinq en même temps, au maximum.
Son fils prêt à reprendre le flambeau ?
Par ailleurs, Louis et Gabin sont ses propres fils. Stéphane est séparé. Il a également deux adolescents de 19 et 16 ans. « Ils gèrent donc leurs journées de façon autonome. Et j’ai de la chance parce que Louis commence à avoir un âge où il peut m’aider à surveiller les plus petits. » N’est-ce pas un peu perturbant de devoir partager son papa au quotidien Louis ? « Absolument pas. Nous sommes même privilégiés par rapport à nos copains car on peut être avec lui toute la journée. » Louis est loin de trouver étrange d’avoir un papa maman de jour. D’ailleurs, il pourrait lui-même être tenté par en faire son métier.
Pour bouger, il bouge !
« C’est un métier vivant où on bouge beaucoup toute la journée. Je vais essayer de faire un stage dans le domaine ou en crèche dans les prochains mois. » Pour bouger, il bouge son papa Stéphane ! Ce coach de boxe travaille le lundi et le jeudi pour le club du Val-de-Travers. Le reste de la semaine, il accueille les enfants dont il s’occupe. Le samedi, c’est compétition de boxe, toujours avec des jeunes. Et le dimanche ? Repos, faut pas pousser quand même ! D’où vient son appétit pour ce métier ? « J’ai toujours baigné dans des environnements avec beaucoup d’enfants. J’ai notamment été entraîneur de self-défense et d’une équipe de hockey juniors. » En parlant d’appétit, la sonnerie du four se met à sonner. Les pizzas sont prêtes ! On tire les rallonges de la table et le repas est servi !
L’avantage d’être un homme ?
Stéphane fume la pipe depuis l’âge de ses 17 ans, comme son grand-père. Ce qui lui donnait un style un peu décalé en boîte de nuit, avoue-t-il. A priori, son image est loin d’être celle d’une maman de jour standard. Alors, comment est-il tombé dans la marmite ? « Je travaillais en usine et j’ai été licencié. Alors j’ai saisi l’opportunité et c’est vraiment un changement que je ne regrette pas. » Le fait d’être un homme lui offre même certains avantages : « Je n’ai pas besoin de hausser le ton. Je pense que je le dois à mon autorité naturelle d’homme. Et pour le reste, j’ai suivi six formations la première année pour apprendre les bases du métier de parent d’accueil (on n’utilise plus le terme de maman de jour aujourd’hui). La bascule s’est opérée naturellement. » Tout est question d’équilibre. La maman de jour fume la pipe, oui, mais Stéphane est tout à fait équilibré, pas de panique…
Kevin Vaucher
6 h 30 – 18 h : la journée type de Stéphane
Stéphane Berger commence une journée d’accueil à 6 h 30. Certains enfants viennent déjeuner avec lui alors que d’autres le rejoignent un peu plus tard. Puis, Stéphane les accompagne à l’école et va les rechercher pour midi. Les enfants jouent pendant qu’il cuisine en les gardant toujours à l’œil. Ensuite, retour à l’école pour les enfants. Lui rentre à la maison, avec Matteo (2 ans et demi), pour faire la vaisselle et un peu de ménage. Puis il va rechercher les enfants à l’école enfantine ou à l’école primaire vers 15 heures. Tout le monde prend le goûter et joue encore jusqu’à l’arrivée des parents aux alentours de 18 heures. Petite précision : comme Stéphane n’a pas le permis de conduire, tous les trajets se font à pied. Et contrairement à ce que nous pourrions instinctivement croire, les vacances scolaires sont loin d’être de tout repos pour lui. Excepté en été, la plupart des parents travaillent durant les vacances scolaires et Stéphane doit donc travailler deux fois plus puisqu’il s’occupe toute la journée des enfants qu’il garde. Pas de répit scolaire pour lui !