Take away et optimisme aux Six-Communes
Sereins et sûrs d’eux, Nora et Joffrey Jacob ne regrettent à aucun moment leur choix de reprendre les rênes du restaurant des Six-Communes de Môtiers. Même s’ils n’ont pas pu ouvrir leur porte en début d’année en raison de la pandémie, ils n’y voient pas un faux départ et ils ont le sentiment d’être là où ils doivent être. Nouveauté depuis avril, ils proposent un plat en take away tous les vendredis et samedis.
Lorsque l’on rencontre Nora et Joffrey Jacob, 32 ans tous les deux, leur calme saute aux yeux.
C’est peut-être un peu fou vu de l’extérieur mais on est bien et on est pas mal occupé malgré tout.
Entre les rendez-vous professionnels pour planifier l’avenir, leur fille de deux ans et demi et les travaux réalisés dans l’établissement, ils n’arrêtent pas.
Heureusement qu’on habite à l’étage du restaurant des Six-Communes, cela nous permet de tout mener de front.
Ainsi, toutes les peintures ont été refaites et ils ont aussi mis la main à la pâte pour réaliser quelques aménagements dans le restaurant. Bref, leur installation ou plutôt leur changement de vie s’est rapidement transformé en « essai réussi ». Il faut dire qu’ils ont de l’expérience à revendre en ayant successivement transité par Paris puis Bangkok.
Surpris par le virus mais pas piégés
En Thaïlande, ils ont largement contribué au succès et au développement d’un grand groupe durant cinq bonnes années. C’est d’ailleurs de là-bas qu’ils ont appris qu’ils avaient été choisis pour succéder à Marianne et Pierre-Alain Rohrer.
On ne s’y attendait pas vraiment tout comme on ne pensait pas que le virus poserait autant de problèmes en Suisse. Il y avait à peine 6000 cas en Thaïlande en août 2020. Mais on n’a pas été trompés ou piégés, on était parfaitement conscient des risques potentiels.
Même avec le recul, celle qui a vécu au Vallon dans sa jeunesse ne regrette pas ce retour aux sources :
Tout se recoupait parfaitement pour faire ce choix, nous devions le faire. C’était un peu étrange de s’occuper des démarches à distance, y compris la signature du bail, mais on l’avait déjà fait lorsqu’on a débarqué à Bangkok,
expose-t-elle.
D’ailleurs, on est passé pour des gens un peu barrés à ce moment-là,
rigole son homme. Sous son air de bon vivant, Joffrey n’est pas un rigolo dans le milieu de la restauration. Il possède un CV impressionnant et il a mené de grosses équipes durant ses diverses expériences jusqu’ici.
Pas de terrasse… alors du take away
Compétent et bosseur, le jeune couple se réjouit à l’idée de pouvoir réenfiler son bleu de travail en compagnie de ses treize employés, actuellement au « repos forcé ».
On était prêts à rouvrir notre terrasse le 22 mars et le report de cet allégement nous a mis un petit coup derrière la nuque.
C’est la seule fois qu’ils se sont « laissés aller » à une petite baisse de moral. Le reste du temps, ils baignent dans un optimiste rayonnant et une envie de bouger incessante. Ils ont par exemple décidé de se lancer dans le take away dès le week-end de Pâques après avoir longuement hésité.
Notre hésitation s’explique simplement. C’est compliqué de faire découvrir notre cuisine par ce biais-là. Ce type de vente est moins compatible avec des plats chauds et bien présentés.
Il s’agit également de ne pas donner une fausse image de la cuisine qui sera proposée lors de la réouverture du restaurant.
Tous les menus ne peuvent pas être faits à l’emporter, notamment des choses très élaborées. D’autant qu’on travaillera seulement à deux pour ne pas devoir choisir parmi nos employés qui reste aux RHT et qui nous épaulent. Et on veillera quand même à travailler des produits de qualité chaque week-end.
Réouverture cet été ?
Ainsi, ce sera salade d’asperges et navarin d’agneau pour le week-end pascal. Dix kilos d’asperges doivent être épluchés puisque septante-cinq personnes ont eu la bonne idée de réserver leur menu (par téléphone, internet, …).
Depuis avril, on fonctionne sur réservation chaque semaine pour une question d’organisation et de quantité de nourriture à acheter,
précisent-ils.
Et la suite, comment l’imaginent-ils ?
On ne se fixe plus d’objectif en termes de date d’ouverture pour ne pas être déçus. On espère juste pouvoir être là cet été pour jouer notre rôle auprès de la population et des touristes qui viendront pour des événements tels qu’Art en plein air. Et puis si on doit rester fermé, on fera des paniers de pique-nique,
lancent-ils le sourire aux lèvres. En attendant l’issue heureuse, ils souffrent financièrement même si la société immobilière – bailleresse de l’établissement – se montre arrangeante et solidaire. Une bienveillance qui colle parfaitement avec l’état d’esprit du jeune couple à qui l’avenir ne peut que sourire.
Kevin Vaucher