Affrontement survolté entre profs et élèves
T’as cours ct’aprem? Non, j’ai match!
Une patinoire pleine à craquer, des banderoles dans les tribunes, des cris de joie, des sifflets, beaucoup de « chambrage » et pas mal de plaisir. Voilà les contours de ce qui fait le succès du traditionnel match de hockey, entre les profs et les élèves, depuis une quarantaine d’années. Vendredi après-midi, la patinoire a une nouvelle fois chaviré dans la liesse et les élèves ont une nouvelle fois été largement poussés par le public. Mais comme souvent, les profs ont fini par donner la leçon aux plus jeunes et ils l’ont emporté 9 – 6.
Un élève-arbitre qui tire par la manche l’un de ses professeurs-joueurs pour lui infliger une pénalité et l’amener sur le banc. Voilà l’une des images insolites qu’offre le match de hockey entre les professeurs et les élèves de l’École Jean-Jacques Rousseau. Dans la peau des arbitres, on retrouvait les jeunes Emma Cuijpers et Yannick Gyseler. Deux juniors du CP Fleurier et surtout deux élèves fleurisans. C’est l’une des particularités de ce moment de sport insolite : les élèves arbitrent le match, gèrent la cabine de chrono et ils tentent de battre l’équipe de profs qui se trouve face à eux.
La rivalité s’installe plusieurs jours avant le match
à fréquence régulière, les enceintes du Centre de sports de glace ne trompaient pas. Les élèves présents dans la cabine se laissaient volontiers aller à quelques encouragements pour leurs camarades sur la glace. Cette ambiance joyeusement « hostile » envers les profs reste toutefois toujours correcte. « Et puis, vous savez, on a pris l’habitude. Cela nous perturbe plus, ça fait partie du jeu. Cette atmosphère bon enfant de rivalité et de chambrage commence généralement deux jours avant la partie », évoque le codirecteur-joueur David Hamel.
550 à 600 élèves ont défié leurs profs
À en croire sa mémoire, ce rendez-vous sportif entre profs et élèves s’est institutionnalisé depuis une quarantaine d’années. « Chaque année, ce match marque l’aboutissement de notre semaine de joutes d’hiver. Pour faire simple, c’est toujours la classe de 11e année qui remporte les joutes de hockey qui a la possibilité de défier les professeurs. » Au passage, cette classe en profite pour embarquer quelques renforts pour ce match de « tout un collège ». Depuis qu’il est né, ce duel a donc vu passer une bonne quarantaine de profs sur les patins, et 550 à 600 élèves. « Les profs vieillissent mais la base reste la même. »
Les profs restent maîtres en la matière
Finalement, ce moment est davantage l’occasion de créer des liens et des souvenirs, n’est-ce pas Monsieur Hamel ? « C’est exactement ça. Mais bon qui n’aime pas gagner, quand même ? Je plaisante… à moitié. » En quelques mots, le codirecteur a magistralement résumé l’enjeu de ce match. Tout le monde est là pour prendre du bon temps mais ça reste quand même mieux de gagner. Même pour les profs. Et à ce petit jeu, force est de constater que les maîtres en la matière restent les professeurs. « Les élèves ont dû gagner cinq à six fois en 40 ans et leur dernier succès remonte à 2018 ou 2019, sauf erreur de ma part. » Mais n’allez pas croire que c’est la quille pour les autres élèves des classes de la huitième à la onzième année.
Patinoire comble et bronca
« Les jeunes qui ne jouent pas la finale n’ont pas le choix d’être présents à la patinoire durant la rencontre car ils ont habituellement cours le vendredi après-midi. Il est vrai aussi que plusieurs élèves qui n’avaient pas de leçons sont venus voir le match sur une base volontaire. » Au final, cela donne une patinoire archipleine et une ambiance de feu. Chaque action des élèves soulève le bruyant enthousiasme des spectateurs et chaque but déclenche une sacrée bronca. à l’inverse, les buts des profs sont unanimement « salués » par de copieux sifflets. Une savoureuse insolence ! Les profs en feront-ils de même lorsqu’ils remettront les prochaines notes aux élèves ?
Kevin Vaucher