Temple de Môtiers
Les 40 ans de l’orgue seront à l’honneur
Samedi prochain se tiendra, au temple de Môtiers, un culte musical et chanté pour célébrer les 40 ans de l’orgue. Petit historique et évocation des spécificités de cet instrument si particulier, avec l’organiste et diacre, Jean-Samuel Bucher.
Depuis leur édification au 8e siècle, les murs du temple de Môtiers, anciennement église consacrée à Notre-Dame, ont dû entendre nombre de chants, de sonorités et de musiques, de ceux grégoriens des origines, des psaumes protestants après la réforme, en passant par ceux accompagnés par un grand harmonium qui occupait la galerie au 19e siècle et enfin jusqu’aux notes des compositions qui seront jouées ce samedi pour un culte musical et chanté pour les quarante ans de l’orgue de l’édifice. « L’orgue actuel a remplacé, en 1983, le précédent qui datait de 1899 », explique Jean-Samuel Bucher, diacre et organiste. « Ce dernier était un orgue pneumatique qui ne supportait pas l’air sec et le chauffage électrique de l’époque, et qui arrivait en fin de vie déjà dans les années 1970. »
Un type pneumatique d’orgue qui a « une durée de vie limitée », et issu d’une période, 1890-1900, où ces instruments étaient produits de manière industrielle. Un vieil orgue venu des bords du lac de Zurich et de style rustique allemand, que l’organiste connaissait bien puisque c’est sur celui-ci qu’il a appris à jouer. Celui qui est également diacre se rappelle sans peine de sa « sonorité » grave et un peu dure et qui convenait plutôt aux compositions musicales allemandes. Car, Jean-Samuel Bucher nous apprend que chacun de ces instruments à «son style» de musique. « Chaque orgue a une manière de parler différente comme pour une langue », détaille-t-il. « Pour jouer, l’organiste doit s’adapter, tenir compte du style de l’orgue pour le faire chanter agréablement. » Le diacre ose même qualifier ce rapport intime à l’instrument « d’agréable soumission ».
« Réharmonisé » pour « un son plus doux »
L’orgue actuel du temple de Môtiers, datant donc de 1983, est lui de fabrication mécanique de style français classique et le fruit d’un facteur d’orgue du Val-de-Ruz, le même ayant construit l’orgue de la Collégiale de Neuchâtel. Un joli lien entre les « deux fleurons » du canton, comme les avait désignés le conseiller d’État, Alain Ribaux, lors de l’inauguration de l’église restaurée de Môtiers. Par ailleurs, le « nouvel » orgue de Môtiers conserve quelques traces de l’ancien puisque des tuyaux ont été récupérés et modifiés pour être réutilisés à l’époque. « Certes français classique, mais son buffet, soit son ramage, est plutôt suisse », note Jean-Samuel Bucher, en soulignant que sa sonorité correspond parfaitement aux compositions françaises du 17e et du 18e. Le plus étonnant est que l’orgue de Môtiers, en raison de son style « français classique », se prête plus aux œuvres catholiques que protestantes. Un détail qui peut laisser à sourire, en terres réformées.
Toutefois, la « voix » d’aujourd’hui de l’orgue de Môtiers n’est plus vraiment celle de 1983. « Il y a quinze ou vingt ans, il a été réharmonisé pour lui conférer une sonorité plus ronde, pour un son plus doux », détaille Jean-Samuel Bucher, en précisant que cette opération visait à corriger « un parti pris de l’époque ». Et, après la splendide restauration du temple de Môtiers, l’organiste est encore plus ravi de cette sonorité qui se marie parfaitement avec la nouvelle acoustique soyeuse des lieux. « Grâce aux enduits et à la peinture à la chaux, il y a une amélioration considérable. La réverbération est nettement moins violente qu’avec le béton », estime-t-il, en souriant. Quant à la question de savoir combien d’années a encore devant lui l’orgue de Môtiers, Jean-Samuel Bucher se montre très confiant. « C’est un orgue mécanique, avec de l’entretien cela peut toujours marcher ou remarcher et peut durer 400 ans », avance l’organiste en notant tout de même qu’un accordement général tous les deux à trois ans, et qu’un nettoyage total, « un relevage » dans le jargon, tous les vingt à vingt-cinq ans, doivent avoir lieu. Si c’est le cas, l’orgue de Môtiers pourra continuer d’emplir son temple de ses notes durant quelques siècles, comme cela sera le cas dès ce samedi, à 17 heures.
Gabriel Risold
11 temples, 11 orgues et 11 sonorités
Chaque orgue est unique, comme nous l’apprend Jean-Samuel Bucher. Parmi les temples de la paroisse du Val-de-Travers, quatre sont pneumatiques, Noiraigue, Travers, Buttes et Les Bayards, alors que les autres sont de conception mécanique. Le plus ancien et premier au Val-de-Travers, est celui de Couvet qui doit dater, selon le diacre, des environs de 1750 et il était « d’occasion ». Onze orgues qui ont tous leurs particularités. « Tous sont assez typés, avec des styles spécifiques », note le diacre. Selon ce dernier, certains organistes espèrent souvent « pouvoir tout jouer » sur l’instrument de Fleurier, mais ce désir ne se confirme pas toujours. « Nous avons des orgues de sortes différentes pour jouer différents répertoires », estime Jean-Samuel Bucher. Encore une fois, l’organiste rappelle que c’est l’instrument qui doit choisir la composition et dicter la manière de jouer et non l’inverse.