Tennis de table
L’improbable au cœur de l’improbable
Noiraigue, petit village discret, à l’ombre de l’immense popularité du Creux du Van. S’y retrouver un jour est déjà une expérience improbable pour beaucoup de non-Vallonniers. Tennis de table, sport à la renommée silencieuse sur la scène sportive helvétique. En jouer un jour relève de l’utopie pour bon nombre de non-initiés. Improbable au cœur de l’improbable, imaginez-vous qu’un club de tennis de table vit à Noiraigue depuis 2001. Nous avons rencontré ses plus fervents adeptes.
« Certains de nos adversaires font un peu la tête lorsqu’ils doivent se déplacer jusqu’à Noiraigue. Ils nous disent que c’est tout un périple de se déplacer dans notre réserve d’Indiens », évoquent avec amusement Stephan Goeckler et Victor Mendes. Le premier est le président du CTT Néraoui et le second est le capitaine de la première équipe. Bien qu’il existait déjà un club de tennis de table au Val-de-Travers (CTT Aurora Fleurier, retiré des compétitions depuis plusieurs années), Stephan a décidé de créer un nouveau club à Noiraigue lorsqu’il est arrivé au village en 2001.
L’âge d’or au début des années 2000
« Je souhaitais faire vivre quelque chose dans ce village. Cela avait été positivement accueilli par la population », se souvient-il. Dès le départ, une quinzaine d’écoliers néraouis se prennent au jeu. Le club compte rapidement une trentaine de membres dont une bonne frange de juniors. Avant leur disparition, les ACO permettaient de donner de la visibilité à la discipline dans les écoles. Tout allait bien pour le tennis de table néraoui. « Et puis un jour, les jeunes de 20 ans décident de quitter le club (études, armée,…). On se rend compte que la relève n’est pas là et on se retrouve alors entre anciens. »
Le virage du régional
Le CTT Néraoui ne pose pas la raquette pour autant. Il y a une douzaine d’années, le club décide de se retirer du championnat suisse pour poursuivre sa vie sur le paisible chemin du GCTTNE (Groupement corporatif de tennis de table de Neuchâtel et environs). « Ce virage était nécessaire pour limiter les déplacements tout en permettant à nos deux équipes (mixtes) de poursuivre la compétition en 1re division régionale. » Ce choix porte ses fruits aujourd’hui puisque la première équipe a failli remporter le championnat la saison passée (première ex aequo, battue à la confrontation directe). Cette année, le CTT Néraoui 1 est premier et le CTT Néraoui 2 est troisième du classement.
Tennis de table ou ping-pong ?
Le club compte encore sur 17 membres actifs (et 3 passifs). Le plus âgé approche les 70 ans et le plus jeune est une femme de 24 ans (Marine Robert). « Nous avons trouvé notre équilibre sans juniors même si les jeunes sont les bienvenus pour jouer avec nous », détaille Victor Mendes (54 ans). Lui est arrivé au club en 2008 après avoir fait ses armes avec le Centre portugais de Neuchâtel. Ce fut un tout bon renfort grâce à son classement individuel. Il est classé « 6 » sur une échelle qui va de 1 (débutant) à 20 pour le tennis de table. Oui, on parle bien de tennis de table et non de ping-pong. Quelle est la différence ?
Un entraînement : 16’000 pas
Les deux hommes vont vous le dire et mieux vaut ne pas vous y tromper, croyez-nous : « Cela n’a rien à voir. Le ping-pong est une pratique de loisirs, un peu légère. À l’inverse, le tennis de table est un sport avec des règles, des championnats et des enjeux. » En Suisse, une poignée de joueurs de ligue nationale parviennent même à en vivre. À Noiraigue, le principal est ailleurs. « C’est une activité qui permet de faire travailler le mental, les réflexes et le physique. Même si j’ai un peu de ventre, je vous promets qu’on bouge pendant un entraînement ou pendant un match », frappe Stephan dans un éclat de rire. Renseignement pris, 1 h 30 de tennis de table équivaut environ à 16’000 pas.
Pourquoi la raquette a deux faces de couleurs différentes ?
Pour les entraînements, c’est le mardi, entre 20 h et 22 h, à la salle de spectacles de l’école. « Et les matches ont lieu la semaine, principalement le jeudi soir. C’est idéal pour garder ses week-ends libres. » L’investissement se limite à l’achat d’une raquette, disponible dès 50 francs. Comptez 3 à 4 fois plus si vous accordez de l’importance au bois et au type de matériaux utilisés. « Un bois tendre aura un bon amorti mais peu de vitesse. C’est idéal pour le jeu défensif. » De même, l’épaisseur du caoutchouc et de la mousse fera varier la réactivité de vos balles. Les deux faces d’une même raquette présentent d’ailleurs des spécificités différentes pour permettre l’offensive d’un côté et la défensive de l’autre. Savez-vous pourquoi les deux faces ont deux couleurs différentes ? Pour que votre adversaire puisse identifier la face avec laquelle vous frappez la balle et, ainsi, anticiper vos coups. Improbable ? Non, incollable maintenant…
Kevin Vaucher