Tir: l’élite de la relève cartonne à Couvet
L’équipe de Suisse juniors avait posé sacs et carabines dans le stand de tir de Couvet le week-end dernier. Une petite vingtaine de tireurs ont participé à un camp de vendredi à dimanche passés. En fait, le terme « tireuses » serait plus juste car il n’y avait que deux garçons dans le lot. Le Courrier en a profité pour aller à la rencontre de ces jeunes athlètes qui brillent de plus en plus tôt sur la scène mondiale. Les exemples de triomphe précoce se multiplient dans le tir helvétique. Comment l’expliquer ?
Nous ne pouvons pas évoquer le parcours et le palmarès des 19 tireurs présents. Alors celui des deux sœurs Jäggi servira d’exemple. Emely a 14 ans et elle vient de remporter la médaille d’argent lors des championnats du monde juniors en Corée du Sud. Sa sœur Vivien a 17 ans et c’est elle qui est allée chercher l’or sur cette compétition. Précision utile : la catégorie juniors regroupe les tireuses jusqu’à 21 ans. Ce qui signifie donc que les Jäggi peuvent allégrement songer à alimenter le tiroir à médailles familial avant de passer chez les élites.
Plus fortes, de plus en plus tôt
En réalité, les jeunes tireuses suisses sont tellement précoces qu’elles n’attendent pas d’avoir l’âge pour concourir avec les adultes. La Jurassienne Audrey Gogniat (20 ans) s’est par exemple hissée à la 6e place des Mondiaux élites de Bakou dans la catégorie du tir à 10 mètres (debout). Associée aux sœurs Jäggi, elle a également ramené l’or mondial chez les juniors.
Bref, vous avez compris où on voulait en venir. « Aujourd’hui, les tireuses arrivent à un niveau proche de l’élite de plus en plus tôt. On a une meilleure formation, plus poussée et plus professionnelle », analyse l’œil d’expert d’Olivier Schaffter.
Audrey Gogniat, 20 ans, et à 100% pour le tir
Ancien tireur et entraîneur de la relève suisse depuis mars 2022, Olivier Schaffter n’oublie pas de corréler cette précocité gagnante avec l’investissement personnel des athlètes. « Si vous voulez viser haut, vous devez faire des choix. À un moment donné, la charge de travail devient tellement grande que les meilleures décident de se concentrer uniquement sur le tir. » Audrey Gogniat a fait ce choix il y a tout juste une année. « J’ai mis mes études entre parenthèses car je me trouve à un moment décisif de ma carrière sportive. J’aborde ma dernière année chez les juniors et je veux me donner un maximum de chances de réussir », confie-t-elle.
Rio, Munich, Bakou…
Le revers de la médaille, dont on parle moins, ce sont les sacrifices consentis pour aller attraper ces fameuses médailles mondiales. « Une fille comme Audrey n’a pas passé deux semaines consécutives chez elle depuis le mois de mai. Elle est sans arrêt en entraînement, en camp ou en compétition », explique Olivier Schaffter. La Jurassienne vit à Bienne et fréquente le Centre national du sport de Macolin. Dans le cadre des manches de coupe du monde, elle se rend à Rio, à Munich, à Bakou ou encore au Pérou durant la saison. « Je participe également à des camps de perfectionnement avec l’équipe nationale. Ce week-end, j’étais avec les juniors à Couvet. Et le lundi, je rejoignais le cadre adultes pour un autre camp d’entraînement. »
Où sont les grands bouquetins du Creux du van ?
Généralement, l’équipe de Suisse juniors effectue une dizaine de camps d’entraînement par année. « C’est toujours le week-end car certaines tireuses sont encore en études. On les effectue prioritairement à Bienne et à Macolin mais on va parfois un petit peu plus loin comme au Val-de-Travers, ce week-end. » Le stand de tir de Couvet a la chance de répondre aux normes internationales contrairement à bon nombre d’autres stands helvétiques. « C’est l’une des raisons qui nous poussent à venir ici », poursuit Olivier Schaffter. « Sans oublier que le chalet du ski-club de Couvet est très accueillant et la nature idéale pour nos séances de sport. Je n’ai qu’un seul regret : j’avais promis à un de mes collègues qu’il verrait les grands bouquetins du Creux du Van mais on a croisé que des petits spécimens. » Il faut croire que les bouquetins aussi font dans la précocité…
Kevin Vaucher