Pour les grands… et les petits !
« One shot, one kill » ! En tir, il vaut mieux atteindre son objectif du premier coup pour éviter de se retrouver en situation peu favorable. Le Tir sportif Val-de-Travers le sait bien et mise sur un encadrement renforcé pour prendre soin de sa relève. La pérennité et le succès de cette société passent par là. Ce fait n’est que plus vrai aujourd’hui où les jeunes ont tendance à se disperser sur plusieurs activités sans en approfondir une. Or, le tir est une discipline symboliquement chargée de sens et de tradition. Elle demande une attention et un investissement importants. Le Vallon est encore une terre de tir respectée et il convient de continuer à former des talents passionnés pour maintenir cette réalité. Au stand de Couvet, les cours de la relève sont là pour ça chaque mardi entre 18 h 30 et 20 h. Petit arrêt au stand !
Quand les efforts se matérialisent en résultats
Certains ont déjà quelques bases et d’autres partent de tout en bas,
dessine le président du comité Philippe Pythoud. Ce mardi-là, trois des six débutants sont présents. Sur ces trois, l’un en est à sa troisième leçon seulement.
Yani Boutaleb est encore un peu hésitant mais on voit qu’il commence à prendre du plaisir. Et ça va crescendo entre 14 et 20 ans. Plus ils maîtrisent les gestes et les positions, plus ils sont précis et plus ils matérialisent leurs efforts en résultats. Ce petit jeu devient très vite addictif et certains peuvent crocher définitivement. Le but est d’amener nos Vallonniers le plus loin possible. S’ils doivent partir ailleurs, à un moment donné, pour continuer à progresser vers les meilleurs du pays, on est content pour eux. Mais soyons francs, on est aussi heureux de les conserver chez nous pour qu’ils fassent des points pour la société et pour qu’ils puissent à leur tour aider les jeunes.
Yani, Jade Vautherot, Loic Blaser, Patrice Aeschbacher, Anthony Schaer et Evan Audétat seront-ils les futurs « grands » de la société ? En tout cas, certains n’attendent pas d’avoir dépassé la quarantaine pour donner du temps et des conseils aux « nouveaux ».
Emeric Wyss, le jeune qui forme !
Le jeune tireur de la société, Emeric Wyss, fait ainsi partie de l’équipe d’encadrement des cours de la relève. En plus de l’expertise de Pierre-Alain Wyss, Raymond Zmoos et Philippe Pythoud, c’est un apport supplémentaire intéressant. Les débutants sont parfois plus à l’aise de faire part de leurs difficultés à un jeune comme Emeric. évidemment, les « anciens » gardent un rôle important d’autorité, de transmission de savoirs et d’expérience.
Il faut notamment veiller à ce qu’ils ne brûlent pas les étapes. Le poids de la carabine impose un chemin de progression naturel. Le tir à 10 mètres peut se faire dès 12 ans mais il faut attendre 14 ans avant de passer à 50 mètres avec une carabine qui pèse sept kilos. Savoir la manier ne s’improvise pas !
Ces cours spécifiques pour la relève ont été instaurés en 2013 pour structurer cette montée en puissance progressive. Sur la quarantaine de membres actuels du Tir sportif Val-de-Travers, six sont issus de cette formation interne. Le tir sportif est un sport noble, dans le sens qu’il ne laisse entrevoir aucun faux espoir de gloire ou de richesse.
Couché-à genoux-debout : le cycle de la vie
Seuls les membres de l’équipe de Suisse élite gagnent raisonnablement – mais sans excès – leur vie.
Les meilleurs sont engagés par l’armée et on est effectivement loin des sommes que l’on peut voir dans d’autres sports plus populaires comme le foot. Ce sont deux mondes différents.
Certains arrivent au tir parce qu’ils ont tiré quelques coups à l’Abbaye et ils s’imaginent que c’est facile. Quand ils viennent essayer au stand, ils comprennent vite qu’il faut maîtriser beaucoup d’éléments avant de prétendre savoir tirer. Mais généralement, c’est un challenge qui leur plaît. Il faut oser faire le pas, la porte est toujours ouverte le mardi soir.
Une fois le pas effectué, les « nouveaux » comprennent que le tir n’a rien de sulfureux. Une étiquette qui est souvent et injustement collée par certains à cette discipline. L’ignorance conduit souvent à de mauvais jugements. Il est intéressant de relever que le tireur débute sa formation couché, qu’il la poursuit à genoux et qu’il la termine debout. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Le tir, c’est la vie… pour les grands et les petits !
Kevin Vaucher