Tour du Monde
Nos voisins les hommes
Deux anciens Vallonniers et amis, Fabienne Pétremand de Fleurier et Pierre Antoniotti de Saint-Sulpice, ont décidé de faire un projet en commun et hors du commun : celui de voyager, toujours plus loin, toujours plus longtemps. Cʼest le 4 novembre dernier quʼils ont décollé de Genève pour atteindre le nord du Mexique. Un premier souhait collectif : celui de descendre toute lʼAmérique latine jusquʼen Patagonie pour ensuite regagner lʼEurope et le Portugal afin de réaliser le trajet ferroviaire le plus long au monde : Porto-Hô Chi Minh. Dans notre édition du 5 mai dernier, les deux amis nous ont fait voyager au Nicaragua. Cette semaine, cʼest à Alajuela, au Costa Rica, quʼils racontent la suite de leur voyage !
Rose, Jack Jack, Lucy, Maui, Cristiano, Lily, Nina, Nacho, Felix et Bruce sont des Costariciens à part entière. Respectivement singes capucins, paresseux, ocelots, coyotes, coatis, singes-écureuils, ratons laveurs et singes-araignées, elles et ils ne sont pas nés sous la bonne étoile. Retour sur la semaine que nous avons passée au Rescue Center dʼAlajuela, non loin de San José.
Nous posons nos valises dans un véritable havre de paix pour nos petits amis qui, après avoir eu la vie dure, trouvent enfin un peu de sérénité. Beaucoup ont été des animaux de compagnie et ne peuvent plus vivre avec leurs congénères. La première matinée, nous faisons le tour du centre avec Dani, la coordinatrice principale, qui nous raconte leur histoire. Nous passerons ensuite le reste de la semaine à couper des légumes, à nettoyer les cages et à les remplir de nourriture. Des tâches qui pourraient sʼavérer ingrates pour certains mais qui, en réalité, nous apportent énormément de satisfaction.
Nous rencontrons Lucy, un paresseux qui a passé ses premières années à faire des selfies avec les clients dʼun restaurant. Sa voisine, elle, a été amputée dʼune patte après une électrocution, ce qui est malheureusement courant ici au Costa Rica. Nous rencontrons également une coati nommée Nina, qui nʼa connu que le confort dʼune maison et qui croit être un chien. On termine avec Tarzan et Bruce, deux des trois singes-araignées, à qui on a fait fumer du tabac et de la marijuana au cœur de la capitale. Les poumons de leur sœur nʼont malheureusement pas tenu le coup. On se dit que lʼêtre humain est lʼespèce la plus dangereuse de notre planète et on se donne raison.
Près du tipi où nous dormons, les vétérinaires font prendre lʼair aux bébés paresseux deux fois par jour, qui sʼexercent à escalader des arbustes. La semaine sʼécoule, bien trop rapidement dʼailleurs, et nous prenons lʼhabitude de nous arrêter pour les observer et de rendre visite à nos amis capucins plusieurs fois par jour. Jack Jack, qui maintenant nous reconnaît, colle son petit corps contre le grillage à la recherche de caresses. Rose se montre plus distante mais, lorsque le moment de les nourrir arrive, les rôles sʼinversent et Jack Jack se transforme en véritable petit démon.
Le Rescue Center dʼAlajuela, comme les nombreux autres centres du pays, ne reçoit aucune aide du gouvernement costaricien. De ce fait, il compte principalement sur les bénévoles qui, par leur participation, soutiennent financièrement le projet. Lʼaffaire est bien rodée, bien menée et nous ne regrettons pas notre implication. Nous aurions aimé y rester plus longtemps, voire beaucoup plus longtemps, mais « la Suisse de lʼAmérique centrale », comme le Costa Rica se fait parfois nommer en raison de ses tarifs exorbitants, nous pousse à continuer la descente du continent.
Pierre et Fabienne