Triple reflet du monde !
L’Espace culturel Bleu de Chine a inauguré, samedi, sa nouvelle exposition. Une sculptrice, un peintre et un photographe ont mélangé leur art pour faire émerger un triple reflet du monde à travers trois matières différentes. Chacun transforme une réalité immatérielle en une œuvre matérielle. Avec eux, une vieille vitre se magnifie en de puissants éclats, un paysage se transforme en cri d’amour pour la biodiversité et quelques coups de pinceau, à l’aube, jaillissent comme des fenêtres vers la liberté !
« Mon travail est influencé par mon environnement, par ce que je vois et ce que je perçois. Pour mes peintures, j’ai d’abord été influencé par les fractures de goudron que je voyais sur la route. Je trouvais que ces formes avaient quelque chose de fascinant. » Vous ne seriez pas un cycliste qui est tombé sur un mauvais nid de poule, un jour, Jean-Philippe Maillard par hasard ? Il rigole : « Non, pas du tout ! Je me suis d’ailleurs très vite fasciné pour d’autres visuels tels la glace, le ciel ou les rochers. »
Travail au petit matin
Ce qui influence le travail du peintre vaudois est avant tout la lumière. Il se lève d’ailleurs tous les matins un peu avant 5 heures pour pouvoir profiter des plus belles variations. « Je les capte pendant mon trajet entre mon domicile et mon atelier où j’arrive vers 5 h 15 tous les matins. » Belle trouvaille pour éviter les bouchons sur les routes également. Durant trois heures, il transfère un maximum d’informations emmagasinées durant le trajet sur ses toiles. Puis, il rejoint l’établissement scolaire dans lequel il travaille. Prêt à mettre de la couleur dans la journée des élèves.
Clichés engagés et engageants
Refléter au mieux une émotion, un instant, un morceau de vie, c’est aussi le travail du photographe naturaliste vallonnier Thierry Ray. Cet opposant bien connu de la multiplication des parcs éoliens, dans la région, est un amoureux de la faune et de la flore. Il la représente avec tact et finesse dans ses clichés. Cet engagement influence-t-il forcément son œil au moment où il appuie sur le bouton ? « Disons que je suis sensible à la nature et à ses beautés et je n’ai pas envie que certaines espèces disparaissent. Prenez cette chouette par exemple (il montre l’une de ses photos), eh bien elle est menacée et elle vit essentiellement la nuit. Les pales des éoliennes constituent de vrais dangers pour elle. »
L’amour du naturel
Thierry Ray a également capturé, en images, plusieurs fleurs pas forcément très connues comme la fritillaire pintade (protégée) et l’orchidée sauvage. « Cette dernière mesure 3 millimètres seulement et je l’ai photographiée en prise de vue macro. » Plus loin sont exposés des paysages. À l’évidence, vous préférez voir au loin des sapins plutôt que des éoliennes. « Oui, car ils dépassent rarement 15 mètres et ne font pas de dégâts », rétorque-t-il du tac au tac. L’exposition est complétée, pour ne pas dire sublimée, par les sculptures en verre de Marie-Jo D. Corral.
Voir de l’autre côté de la vitre
Cette Vaudoise travaille exclusivement avec du verre recyclé en donnant une deuxième vie à de vieilles baies vitrées ou à des bouteilles. « Je vais le chercher moi-même puis je le travaille en fusion dans un four de verrier. C’est un travail long et délicat mais le résultat est fantastique. »
L’artiste termine de valoriser sa réalisation en la faisant épouser un support, idéal pour placer l’œuvre devant une source lumineuse. « Jouer avec la transparence et les couleurs de lumière est la toute dernière étape du processus. » Au final, c’est aux acheteurs qu’il convient de choisir quels reflets ils veulent mettre dans leur vie.
Kevin Vaucher