Trois jours dans les baskets d’un pro
Depuis qu’il a été créé en 1994, sous le nom du trail de l’absinthe, le Swiss Canyon Trail n’a cessé de prendre du galon et de l’importance dans la vie sportive du Val-de-Travers. Cette épreuve de trail a également vu sa renommée grandir en dehors de nos frontières, attirant les meilleurs trailers du monde aujourd’hui. Le parrain de la course, Benoît Girondel, a remporté deux fois la Diagonale des Fous par exemple. Le week-end dernier, les organisateurs ont lancé leur petite nouveauté 2023, un stage de 3 jours où des amateurs ont la chance de vivre en immersion avec des athlètes pro, entourés par des professionnels du sport et de la santé. Nous y étions !
Avant le début du week-end, le président du Swiss Canyon Trail, Patrick Christinat, m’a envoyé le programme détaillé du stage « dans la peau d’un pro au Val-de-Travers ». En un coup d’œil, j’ai compris la qualité et l’intensité des trois jours qui attendaient la quinzaine de « stagiaires» de cette première volée (qui en appellera assurément d’autres). L’accueil des participants, le vendredi à 14 heures, se faisait déjà en tenue de course. La première activité du stage consistait à la reconnaissance des 12 premiers kilomètres de la distance reine du Swiss Canyon Trail (111 bornes). En fil rouge de ce week-end, les sportifs et sportives ont ainsi pu découvrir, tronçon après tronçon, le parcours qui les attendra le 3 juin prochain.
Un encadrement 100% professionnel
Ceci constituait déjà un beau menu au programme. Mais c’était loin d’être suffisant pour le Swiss Canyon Trail qui avait préparé bien d’autres surprises à ses hôtes. En plus de la découverte de la région à travers les reconnaissances, ils bénéficiaient de l’accès aux différentes installations d’espaceVal (welness, piscine,…) pendant leur temps libre. Les journées étaient par ailleurs rythmées par différents cours donnés par des professionnels comme Cristel Morel pour le yoga. La professionnelle Gladys Tharin intervenait, quant à elle, pour délivrer ses massages sportifs en toute fin de journée. Généralement, la séance de massage était agendée juste avant l’heure du coucher qui était fixé à 22 h 30.
Réveil à 7 h, coucher à 22 h 30
Avant le massage, la soirée était notamment égayée par des conférences sur des thèmes spécifiques. Anne Rita Bertschi est venue parler de l’aspect mental de la préparation et du coaching. Le lendemain, c’est Olivier Bourquin (entraîneur élite de Swiss Olympic) qui est venu parler nutrition. Le programme de la journée de samedi révèle à lui seul la richesse des activités et des connaissances qui étaient proposées aux stagiaires (réveil à 7 h et coucher à 22h30 avec six à sept cours, séances ou conférences durant la journée). En plus de se préparer à la course et de côtoyer des trailers de renom comme Girondel, Emilie Maroteaux et Jean-Philippe Tschumi, les stagiaires ont donc engrangé tout un tas d’informations sur leur façon de « mieux courir » et de mieux appréhender tous les aspects d’une performance.
En immersion dans le cours de Franco Pisino
« Je vous donne des clés sur le fonctionnement de votre corps et à vous de trouver les bonnes serrures dans lesquelles les mettre pour qu’elles vous soient utiles en course à pied. » Ces mots, ce sont ceux de Franco Pisino. Ce préparateur physique bien connu et reconnu a distillé un « super circuit » à la quinzaine de trailers du stage. L’entraîneur national de karaté a livré un cours énergique où on a largement perçu son envie de transmettre son savoir. « Le sport, c’est du physique mais c’est aussi de la conscience. Apprendre à connaître comment son corps fonctionne et réagit est un facteur très important de la performance. En trail, vous êtes seul face à l’effort. Mais dans des disciplines comme le karaté cela permet aussi d’analyser le comportement de l’adversaire pour savoir ce qui va le déstabiliser. » En deux-trois exercices et tests de motricité, Franco Pisino a pu donner à chacun des indications sur sa façon de fonctionner.
Vous scannez l’environnement ou vous le pixélisez ?
« Angélique, tu as un déséquilibre car tu cours principalement en utilisant la chaîne motrice arrière. À l’inverse, tu cours essentiellement sur ta chaîne avant Jean-Jacques. Toi, typiquement, il faut que tu travailles la force car c’est ce qui va te faire avancer plus vite et plus longtemps. » Puis, il a évoqué le processus de prise d’informations. « Savoir où poser le regard est primordial dans le trail pour éviter les racines ou anticiper une côte. Certains sont capables d’identifier chaque détail d’un environnement en un coup d’œil, comme s’ils scannaient une image. D’autres ont besoin de maintenir un visuel avec leur environnement pour identifier chaque information. Un peu comme s’ils devaient rassembler tous les pixels de l’image avant qu’elle devienne nette.» On ne sait pas si cela va permettre à chaque stagiaire d’aligner les pixels et les planètes le jour de course. Mais il est certain que ce stage a mis en place tout le matériel nécessaire pour tirer la plus belle image possible de cette aventure, le 3 juin prochain.
Kevin Vaucher