Trop peu de larrons en foire !
Vendredi dernier, la douzaine de stands mêlant anciens et nouveaux exposants ont profité d’un temps parfait pour la foire de Travers version 2021. Tous s’accordent à dire que (trop) peu de Vallonniers se sont déplacés pour l’occasion. Dommage et compréhensible à la fois. Dommage car les vendeurs ambulants présents proposaient des produits de qualité en plus d’offrir un accueil solaire. Compréhensible car il manque certains marqueurs de ce type d’événement tels que musique, animations et surtout cantines pour attirer du monde à midi.
Lorsque je suis arrivé du côté de la rue des Mines de Travers, tout était réuni pour faire le succès de la foire. Aucun nuage à l’horizon, stands variés, exposants très avenants et produits de bonne facture sur les étals. Mais très peu de monde pour en profiter finalement. Comme s’il manquait ce petit quelque chose qui fait l’esprit même d’une foire.
On croit se souvenir que des forains ont fait le déplacement quelques années lorsque cela a été relancé en 1984 entre l’Hôtel de l’Ours et la gare. Ça manque peut-être un peu aujourd’hui
lance un couple de retraités.
Moi, ce que je trouve dommage c’est qu’il n’y a aucun stand pour manger sur place,
renchérit une femme qui filoche de stand en stand en profitant de la bonne vingtaine de degrés affichés par le thermomètre.
L’appel de l’estomac ?
Le point de vue des exposants corrobore les « manques » soulevés par les passants.
C’est très calme et c’est dommage car il y a du potentiel au Val-de-Travers quand on voit le succès de la foire voisine de Couvet. Il faudrait peut-être dynamiser les choses en attirant des familles pour manger à midi. Ensuite, une fois que les gens sont sur place, ils y restent forcément un moment. Et comme le monde attire le monde cela pourrait faire boule de neige,
pointe pertinemment Natalie Marchand de QinteSens (Dombresson). Cette spécialiste de saponification à froid notamment proposait une petite cinquantaine de savons artisanaux. Non loin de là, Valérie Aeschbacher exposait au moins autant de cartes de vœux, deuil et condoléances réalisées par ses soins (Créaval).
Une parole s’envole et un message s’efface alors qu’une carte se garde,
dit-elle sous forme de devise. Il serait pas mal que les visiteurs se massent aurait-elle pu ajouter.
Dans l’attente d’une foule moins éparse, elle a au moins pu refaire le monde avec ses deux copines des stands annexes parmi lesquels une petite brocante qui n’attendait plus qu’à être chinée. Un trio fort sympathique. Tout comme l’est Joëlle Jeanneret de La Brévine et ses douze foires de Travers au compteur. Cette ancienne femme de paysan vend des produits alimentaires sans allergènes et sans additifs d’une firme valaisanne (bouillons, sauces et épices).
Ce n’est plus autant grand qu’à l’époque mais il reste quelques fidèles. Est-ce qu’il faudrait plus de cantines parmi ceux qui sont là aujourd’hui ? Peut-être mais il faut dire qu’en période de pandémie, ce n’est pas facile de proposer de la nourriture dans les foires. Je me souviens qu’à l’époque, il y avait la soupe de midi et les grillades. C’était même possible de venir déjeuner à la foire de Travers grâce à la fanfare du village. C’est des beaux souvenirs et on aimerait évidemment les revivre,
reconnaît celle qui travaille aussi depuis douze ans à temps partiel à espaceVal.
On s’en jette un petit ?
Sur le stand d’à côté, à deux mètres précisément (mesures Covid obligent), ce sont les poteries de Myriam Torche qui s’exposent aux yeux des visiteurs. Depuis qu’elle est arrivée au village en 1990, elle n’a manqué aucune des foires de Travers.
J’ai donc vécu le déménagement de la foire de ce côté-ci du pont en 2005. C’est moins dangereux par rapport à la route mais c’est peut-être aussi un peu moins visible pour ceux qui traversent le village et ne connaissent pas cette manifestation.
Connue comme une louve blanche en tant que pilier de cette foire, elle a pu compter vendredi sur un flot constant d’habitués et d’amis autour de ses fameuses poteries de 8 h à 18 h. La Vallonnière élabore ses pièces sous les combles de son appartement situé à un jet de pierre de la rue des Mines. Après avoir pris le café dans l’une des tasses estampillées « Myriam Torche », mon regard a été attiré par un drôle d’engin duquel émanait une bonne odeur… de café justement.
Petite moustache frisée sur les côtés, marinière et tablier couleur brun soigné, Sébastien Grossrieder collait parfaitement à l’image de son stand. Euh, puis-je vraiment parler de stand ? En réalité, le Genevois a allié moyen de locomotion et moyen de travail en revisitant un side-car en stand de café mobile.
Cela me permet de me déplacer jusqu’aux lieux de foires ou d’événements, de me garer et de commencer à travailler. Concrètement, une structure avec machine à café et double moulin reste constamment fixée à la « partie passager » du side-car. Je range simplement le matériel dans une malle que j’installe à l’arrière. Et comme c’est considéré comme un bagage, je n’ai même pas besoin d’une autorisation particulière pour pouvoir rouler.
Ce barista formé à Rome a lancé son projet en 2018 après avoir été licencié de son précédent métier. Le side-car lui a coûté 15’000 francs et le matériel professionnel acheté pour commencer à vendre des cafés lui est revenu à 20’000 francs. Un investissement qui en jette !
Kevin Vaucher