Un intérêt national teinté d’une touche sociale
Le Tribunal fédéral rejette, pour l’essentiel, les recours contre les projets du « Parc éolien de la Montagne de Buttes » dans le canton de Neuchâtel. Une vraie démocratie demanderait d’un Tribunal fédéral une indépendance beaucoup plus stricte.
Il existe un mythe qui parle des cyclopes, ces grands demi-dieux avec un seul œil au milieu du front. « Seuls les cyclopes morts sont des bons cyclopes ». Les êtres humains les ont exterminés.
Depuis cette époque-là, nous avons vécu quelques siècles sans ces monstres qui mangeaient aussi des hommes ; nous avons eu la paix…jusqu’à ce que les industriels aient découvert que ce on-dit pourrait avoir aussi un autre sens : les cyclopes d’autrefois ne sont pas renouvelables. Mais on peut les reconstruire, en beaucoup plus grand et de manière à ce qu’ils deviennent vraiment « bons », c’est-à-dire utilisables économiquement ; ils apportent de l’argent aux riches.
Il y a juste un petit problème : on doit les planter… Au premier moment, les gens sont curieux et ces demi-dieux mécaniques ont une grandeur de quelques dizaines de mètres, on les accepte. Mais ces machines produites industriellement deviennent de plus en plus grandes et sont plantées partout : dans les prés, dans les forêts, sur les crêtes, dans les mers, partout, partout, en masse et sans respect pour la nature.
Et ces cyclopes gigantesques, d’une hauteur de deux cents mètres, ne savent faire qu’un seul mouvement : leur nez avec les trois pâles d’une longueur de huitante mètres chacune tournent en rond jour et nuit, comme une panthère en cage ; et leur seul œil émet un signal stroboscopique rouge dans le noir qui les entoure.
Les mortels, nom des Grecs pour les êtres humains, ont trouvé le moyen de renouveler des monstres exterminés avec lesquels ils peuvent jouer lucrativement, sans qu’ils courent le risque d’être mangés : les cyclopes morts ne mordent plus.
Et nous, les mortels, pouvons vivre comme dans le paradis sur terre, si on ne regarde pas les expulsés, ceux qui s’enfuient de leurs habitations, ceux qui se noient dans les mers : on ne les veut pas, on les chasse, on ne veut pas leur donner les moyens pour vivre ; ils sont de trop, ils dérangent notre vie dans ce paradis sur terre. L’économie et les industries vont triompher. Pensons national avec une teinte sociale !
Heinz Salvisberg, Buttes