Un petit quelque chose en plus ! (1/2)
Elle s’appelle Flore Espina, c’est une Vallonnière. Elle a 36 ans, c’est une cavalière. Vous la connaissez peut-être ? À 19 ans, elle est partie vivre en Espagne pour réaliser son rêve de petite fille : devenir vétérinaire dans la douceur ibérique. Dix-sept ans plus tard, elle a un fils de huit ans et elle est cadre de l’équipe nationale d’équitation. Son rêve de petite fille, elle verra plus tard ! Pour l’heure, c’est derrière son rêve de grande fille qu’elle cavale : les Jeux olympiques de Paris en 2024. Pour y arriver, elle a un petit quelque chose en plus. Vous ne voyez pas ? Alors suivez-moi !
Ou devrais-je plutôt dire, suivez-nous ! En effet, Le Courrier va suivre Flore Espina durant toute sa quête vers les hauteurs équestres que représentent les JO. Elle devra d’abord aller chercher sa qualification dans l’équipe nationale helvétique en s’illustrant sur différents concours internationaux. Elle devra aussi se préparer mentalement et physiquement pour répondre présent lors des échéances clés. Les doutes, elle devra les balayer. Les obstacles, les dompter ! Mais ça, on sait que ce ne sera qu’une formalité grâce à ce petit truc en plus…, grâce à son petit truc en plus. Pour frapper un coup éclatant et retentissant au pays de la tour Eiffel, elle devra finalement se familiariser avec son nouveau cheval. Sa nouvelle monture de compétition, elle la doit à Valentin Hotz du garage du même nom. Une fois de plus, le Vallonnier s’est montré le plus prompt à faire preuve de solidarité envers une personne du Val-de-Travers.
Bouteille à la mer lancée sur Facebook
Même si je suis expatriée depuis plusieurs années, Valentin n’a pas hésité à me venir en aide. Cela m’a très touchée même si au fond je ne suis pas surprise par sa démarche. Je sais que c’est un peu son leitmotiv que d’apporter son soutien aux gens de sa région. Il agit souvent dans l’ombre mais il est toujours là.
Quelqu’un qui aide dans la discrétion est souvent gage de sincérité et de fiabilité. Cette fois, c’est un ancien cheval d’un cavalier professionnel que l’« as de cœur » du Vallon est allé chercher.
À la suite du décès brutal de ma jument, j’avais mis un appel sur Facebook pour retrouver un cheval à monter. Comme je n’ai pas les moyens de m’en acheter un, c’était ma seule solution pour continuer l’équitation. Valentin m’a alors répondu qu’il allait m’aider.
Non seulement ils ont cherché ensemble le meilleur cheval possible pour Flore mais ils ont aussi mis en place un partenariat pour l’accompagner au mieux vers son grand objectif des Jeux.
Le garage Hotz m’a notamment mis à disposition un véhicule et une remorque pour les déplacements. C’est du matériel indispensable tout au long de la saison pour me rendre sur les différents événements internationaux. En principe, on voyage toujours par la route pour le confort du cheval donc cela fait beaucoup d’heures de trajet en fin de compte.
En effet, avant de penser à 2024, la cavalière de 36 ans devra monter en puissance pour atteindre différents buts intermédiaires tels que les Mondiaux 2022 qui auront lieu au mois d’août au Danemark.
D’abord s’apprivoiser avant de viser haut !
La route est longue mais elle sera enrichissante. Si nous avons cet objectif des JO en point de mire, ce n’est pas uniquement pour y participer mais on veut y jouer une médaille. Ce serait le scénario parfait. Mais mon cheval et moi restons deux êtres vivants avec nos failles respectives et il y aura beaucoup de travail jusque-là. Il faudra qu’on s’apprivoise et c’est un apprentissage complexe qui démarre.
La Covassonne et son canasson de dix ans auraient sans aucun doute encore une possibilité de briller ensemble aux Jeux 2028 si un couac devait obstruer leur route vers Paris.
Ce n’est pas encore la dernière qui sonne mais nous sommes uniquement focalisés sur Paris pour le moment.
Pour avoir une chance d’être du voyage en France, elle visera une qualification par équipe. La fédération est en train de former plusieurs cavaliers afin de se donner toutes les chances de répondre aux critères de sélection.
Il manque actuellement une personne de bon niveau avec un handicap sévère pour compléter l’équipe.
Effectivement, l’objectif de Flore Espina n’est pas les Jeux olympiques mais les Jeux paralympiques de Paris en 2024 ! C’est une cavalière de handicap 5 (le plus léger). Voici son histoire actualisée avec notamment la naissance de « son petit truc en plus ».
L’accident… puis l’abandon total des « médecins » !
Vous la connaissez peut-être ? À 19 ans, elle est partie vivre en Espagne pour réaliser son rêve de petite fille : devenir vétérinaire. Mais deux ans plus tard, un accident de moto a redistribué les cartes qu’elle avait entre les mains.
L’accident en lui-même n’a pas été si dévastateur. Je me suis fait heurter par une voiture dans un rond-point et j’avais une « simple fracture ouverte » de la jambe gauche. C’est après que les choses ont dérapé. Comme nous étions en plein mois d’août et que les médecins étaient en vacances, il n’y avait que les suppléants des suppléants à l’hôpital.
Rien de très rassurant !
Ils m’ont juste réduit la fracture et ils m’ont dit qu’il fallait attendre que ça désenfle avant d’opérer. Ils m’ont posé un demi-plâtre et m’ont laissée dans une chambre durant huit jours sans faire de tests supplémentaires. Malheureusement, ils ont « attrapé » une artère principale en réduisant ma fracture et le sang n’irriguait plus ma jambe. Du coup elle s’est gangrénée.
Impuissante sur son lit d’hôpital et entourée d’une équipe médicale qui ne respire pas la confiance, Flore Espina n’était qu’au début de son calvaire. La course contre la montre de sa vie était lancée et c’est sans doute à partir de ce moment-là qu’elle a fait grandir ce petit truc en plus qu’elle a au plus profond d’elle-même : son esprit de résilience !
La semaine prochaine nous reviendrons sur les conséquences de cet accident qui a changé sa vie à l’âge de 21 ans.
Kevin Vaucher