Un «serviteur» du Vallon va nous quitter!
David Allisson est bien connu des familles vallonnières pour ses près de 17 années passées dans la peau de l’un des quatre pasteurs du Val-de-Travers. Ce lien s’apprête à s’étirer puisque l’homme de 52 ans poursuivra son « chemin de croix » en terre majoritairement catholique fribourgeoise. S’il a l’habitude de dresser des parcours de vie dans les services funèbres qu’il célèbre, c’est lui qui passe, cette fois, de l’autre côté de la table. Il a accepté de revenir avec nous sur son « parcours de vie au Vallon ». Non, David Allisson n’est pas mort mais nous ne pouvions pas le laisser disparaître du paysage sans ce « dernier hommage ». Allons, levez-vous s’il vous plaît !
« Bénéfique pour les paroissiens et le pasteur »
Non, je plaisante, nous n’allons ni prier, ni chanter. Mais nous allons simplement revenir sur presque 17 ans de souvenirs. Il convient déjà de dire que c’est parfaitement dans la pratique qu’un pasteur passe d’un lieu à l’autre au cours de sa carrière. « Généralement, ce sont des cycles d’une dizaine d’années. Là j’ai fait un peu plus car je me suis engagé cinq ans et demi au sein du conseil synodal de l’Eren (Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel). Après cette période, j’avais un esprit créatif tout à fait intacte pour assurer ma fonction de pasteur. » Avec le temps, la créativité devient souvent routine et le « changement de paroisse » des pasteurs permet d’apporter un renouveau. « C’est bénéfique pour le pasteur et les paroissiens. » Le départ de David Allisson se fera à la fin du mois de juin de cette année. Une mise au concours a été ouverte pour trouver son remplaçant, qui devrait entrer en fonction à l’automne 2023. « Le partant » se dirigera vers Romont, dans le canton de Fribourg.
En apprentissage, deux de ses enfants resteront ici
« C’est une volonté pour moi d’intégrer une paroisse minoritaire car les protestants ne représentent que 10% de la population où je vais exercer. Cette configuration est intéressante. » Le dépaysement sera d’autant plus total que ses trois enfants se retrouveront éloignés de lui. « La plus grande est en formation à Genève et les deux autres sont en apprentissage au Val-de-Travers. Ils resteront donc habiter ici pour ne pas chambouler leurs perspectives professionnelles. Il était important pour moi de ne pas partir quand ils étaient en âge de scolarité afin qu’ils ne se sentent pas déracinés. » Lui, il s’éloignera de ses racines et du canton où il a toujours œuvré depuis son stage qu’il avait effectué à Saint-Aubin et Hauterive. Il avait ensuite pratiqué huit ans à La Chaux-de-Fonds avant d’arriver au Val-de-Travers, en 2006. Avec quels souvenirs quittera-t-il notre territoire vallonnier ?
Pasteur, une étiquette qui colle à la peau
Il serre la gorge et se redresse sur sa chaise : « Je le quitterai avec des amis que je n’oublierai pas. Je le quitterai aussi avec tous ces moments passés avec les familles d’ici. Au fil des ans, j’étais de plus en plus impliqué personnellement et émotionnellement lorsque je faisais des services funèbres par exemple. C’est prenant. » L’autre chose qui le lâchait rarement, c’est son étiquette de pasteur. « Que ce soit dans une fête villageoise ou au magasin, je restais ‹ le pasteur › dans la tête des gens. Il faut savoir faire avec cet état de ‹ représentation › permanente. Il m’est arrivé de rencontrer quelqu’un qui m’a demandé si je venais assister à un enterrement, préparé par un collègue, pour ‹ vérifier › que tout se passait bien. J’ai dû lui faire comprendre que je connaissais la défunte et que j’étais présent à titre privé. » Non, ne tendez pas l’oreille, il n’y aura pas d’orgue pour rendre les honneurs. Mais ceux qui veulent lui dire au revoir pourront se rendre à son culte d’adieu qui devrait avoir lieu le 18 juin, au temple de Fleurier (10 h).
Kevin Vaucher
Quand il délocalise Noël à… la déchetterie !
David Allisson est un pasteur qui aime prendre certaines libertés de temps en temps. Comme lorsqu’il a demandé à la comédienne Carine Martin de l’accompagner lors d’un culte télévisé pour « présenter les choses autrement ». D’autres fois, c’est carrément dans un autre lieu que l’église qu’il décidait de s’exporter. Comme ce fut le cas lors de deux célébrations de Noël organisées à la déchetterie de Saint-Sulpice. En plus d’avoir été appuyé par plusieurs personnes issues du monde du théâtre, le pasteur en avait profité pour s’inspirer du lieu dans ses interventions, faisant notamment réfléchir à la surconsommation qui pousse un grand nombre de cadeaux de Noël à terminer prématurément leurs jours à la déchetterie. Ce fut deux beaux coups gagnants pour celui qui s’est également investi au sein du comité du cinéma Colisée de Couvet.