Une fenêtre sur le monde de bébé (2 sur 2)
La semaine dernière, nous avons plongé une première fois au sein des consultations infirmières petite enfance, qui ont lieu tous les mercredis matin, dans les locaux fleurisans du Cora (9 h à 11 h). Après cette présentation générale, on se penche aujourd’hui sur des témoignages de parents qui expliquent comment ce service de la Croix-Rouge neuchâteloise les aide au quotidien. Cet endroit plaît car il est neutre, rassurant et les enfants peuvent jouer avec d’autres bambins de 0 à 4 ans. Le travail de l’infirmière petite enfance, Céline Pellaton, est également salué.
« On se sent écoutés et libre de dire les choses sans peur d’être jugés et de passer pour de mauvais parents », commence par exposer Marie-Laure. Cette maman des Verrières n’a pas de famille au Val-de-Travers et est très heureuse d’avoir trouvé un lieu à l’écoute où Ismaël (2 ans) et Zacharie (4 ans) peuvent venir jouer avec des copains. « Comme les grands-parents ne peuvent pas garder nos enfants de temps en temps, ce moment est aussi l’occasion de nous décharger de la charge mentale permanente qu’engendrent des enfants en bas âge », ajoute-t-elle.
« J’avais constamment peur que son cœur s’arrête »
« Cette peur de passer pour une mauvaise mère ou un mauvais père parce qu’on est fatigué ou à bout est un sentiment très répandu. C’est parfaitement normal mais il faut savoir faire la part des choses. Il faut rester dans la rationalité et ne pas trop se mettre de pression lorsqu’un bébé arrive », tente d’apaiser Céline Pellaton. Pas facile, à en croire le retour d’expérience d’Océane qui a vécu la fameuse dépression post-partum : « Lorsque j’ai accouché de Nao, j’ai eu l’impression que ma vie s’arrêtait et que tout allait tourner autour de lui. Je ne pensais qu’à travers lui et j’étais toujours en panique pour lui. S’il respirait un peu différemment, j’avais peur que son cœur s’arrête. S’il dormait mal, j’avais peur qu’il s’arrête de respirer. Bref, j’étais constamment angoissée. »
Certains dépriment et d’autres pètent la forme
Or, l’arrivée d’un enfant est déjà épuisant et « prenant », s’angoisser en le surprotégeant ne fait qu’ajouter de la fatigue à la fatigue et c’est comme ça qu’intervient le baby blues (induit par les changements hormonaux de l’accouchement et la fatigue). « Rien que le fait de savoir que d’autres parents vivent les mêmes préoccupations que nous participe à nous rassurer. C’est aussi cet échange entre parents qui est agréable », rapporte Marie-Laure. Être parent suffit à créer ce premier lien qui agit comme brise-glace. Ainsi, Océane a découvert que d’autres parents réagissaient tout à fait différemment à la naissance de leurs enfants. Prenons le cas de Jean-Louis par exemple. Ce père de famille travaille en semaine. Il accompagne son fils Maxime aux consultations gratuites de la Croix-Rouge neuchâteloise seulement quand son emploi du temps le permet.
L’importance des « 2 mondes »
« Cette fois, je suis en vacances donc c’est moi qui l’accompagne volontiers ici. Quand j’entends parler de dépression post-partum, je dois dire que c’est une notion totalement inconnue pour moi. Personnellement, j’ai plutôt eu l’effet inverse. D’abord un gros stress avant la naissance puis un énorme coup de boost depuis qu’il est né. Si je ne dors pas ou je ne suis pas au travail, je n’ai qu’une priorité, c’est de passer du temps avec Maxime. » Ceci peut trouver une explication dans le phénomène de sas de décompression. Céline Pellaton développe cette idée : « Le fait de travailler permet de passer de l’environnement du bébé à un autre environnement, composé d’autres personnes. L’esprit n’est donc pas focalisé toute la journée sur son enfant. Passer d’un monde à l’autre permet de décompresser et de souffler un peu. »
Entre deux rendez-vous pédiatriques, beaucoup de questions naissent
Jean-Louis abonde en ce sens et conçoit « que la maman de Maxime s’en occupe plus souvent en journée et qu’elle doit sûrement faire face à plus de fatigue et plus de questions pratiques. » À cet âge, les questions autour d’un bébé, qui plus est le premier, sont nombreuses et les rendez-vous pédiatriques à fréquence fixe ne sont pas idéaux pour y répondre. « C’est vrai que beaucoup de questions émergent entre les rendez-vous et c’est compliqué de ne pas avoir de réponses. Personnellement, ne pas savoir comment interpréter des pleurs et comment y répondre était quelque chose d’horrible à vivre. Je me sentais démunie », confirme Océane. Voilà en quelques échanges pourquoi les consultations du mercredi matin du Cora sont si importantes pour les jeunes parents. On referme la fenêtre, bébé dort…
Kevin Vaucher