une belle réussite en guise de modèle !
Fehmi Perteshi
« N’oubliez jamais que le critère le plus important de votre succès sera la façon dont vous traitez les autres – votre famille, vos amis et vos collègues –, mais surtout les étrangers que vous rencontrez sur votre route. » George W.-A. et Barbara Bush
Carte d’identité
Carte d’identité
Nom: Perteshi
Prénom: Fehmi
Né le: 5 janvier 1973, à Suhareka
État civil: Marié à Hasime, parents de Leotrim, 2000, Florian, 2005, Melissa, 2006, Laura, 2011, Leo, 2018
Profession: Employé communal, chef de groupe « Parcs & Jardins »
Domicile: Fleurier
Quel accueil ! Les bras ouverts, Fehmi et son épouse Hasime nous ouvrent leur porte, Leo dans les bras. Fehmi déroule son parcours avec transparence et réalisme, sans rien laisser paraître des émotions générées par ce parcours difficile, les accueils et les rejets, les regards tendres et les autres, peu amènes ! Regarder devant, pour lui et les siens, telle est la devise de Fehmi !
Enfance
Enfance
Au Kosovo, les familles sont nombreuses. La famille Perteshi n’échappe pas à la tradition :
Nous étions 7 enfants, mon père était cantonnier et il devait s’occuper des vignes, des arbres fruitiers, planter, tailler, cueillir ! Depuis l’âge de 7 ans, j’ai travaillé avec lui. Pays très pauvre, les fins de semaine, les familles proches se rassemblent, c’était la fête et on dormait alors à dix dans la même chambre !
Des études de paysagiste… Le contexte de l’adolescence est celui des conflits armés, raison pour laquelle Fehmi arrive en Suisse en avril 1990. Pendant ce temps, Nasime, sa future épouse, grandit à Prizen. C’est pendant la guerre, en 1998-1999, qu’ils se rencontrent :
Période très difficile, dans cette région davantage encore, tout le pays vivait alors dans la forêt, les habitations avaient été rasées !
La Suisse
La Suisse
Au Kosovo, on vante le contexte helvétique. Raison de l’exode important. Fehmi arrive à Neuchâtel par le biais de l’un de ses frères qui travaille chez Hamel. Il traverse alors le Jardin anglais :
Un pays de fleurs !
Il est engagé par l’entreprise Jehlé :
Je travaillais neuf mois durant et je rentrais trois mois au pays ! Depuis 1991, je ne suis plus parti ! C’est dans cette entreprise que j’ai vraiment appris le métier !
En 2007, une place de cantonnier s’offre à la Commune de Môtiers, Fehmi est alors engagé. Au village, il y a bien quelques questions sur les raisons pour lesquelles l’autorité a engagé un « étranger ». Vite rassurée, la population est conquise par la qualité et le volume du travail accompli, mais surtout par la gentillesse de Fehmi.
Lors de la fusion des communes, Fehmi est donc employé de la Commune de Val-de-Travers :
Les cantonniers, on est des miroirs, visibles en permanence. Si tu t’arrêtes 2 minutes et que l’on t’observe à ce moment-là, on va dire que les cantonniers ne travaillent pas. Il faut donc donner une belle image de notre métier en travaillant bien et beaucoup !
Et les enfants !
Et les enfants !
À la maison, Fehmi parle français avec ses enfants qui disposent d’un passeport suisse, et ces derniers parlent albanais avec leur maman. Ils parlent donc tous deux langues et ils ont tous suivi et suivent les cours dispensés par la communauté albanaise.
Chez nous, je fais en sorte que tous les enfants fassent du sport ! Moi-même je joue au FC Fleurier après avoir joué au FC Môtiers ! Melissa fait du volleyball et moi j’ai aussi fait un peu de karaté !
Chez les Perteshi, pas de barrières religieuses :
Chez nous, là-bas, nous sommes catholiques !
Chaque année, la communauté kosovare se réunit pour une grande fête, avec une partie spectacle animée par les membres de la communauté. Les fins de semaine, nous nous rencontrons toujours en famille.
étrangers partout !
Étrangers partout !
Comme un cri du cœur, lorsqu’ils sont en vacances au Kosovo, les enfants se réjouissent toujours de rentrer en Suisse :
Chez nous !
ajoute Laura. Et Fehmi de compléter :
C’est vrai que les enfants n’ont pas trop de copains là-bas. Et pour ma part, quand je rentre de vacances, je me sens chez moi ici ! Je ne pourrais plus retourner vivre au Kosovo !
D’ailleurs, comme c’est le cas pour nombre de représentants d’autres communautés – Italie, Espagne et Portugal –, Fehmi avoue se sentir un peu étranger autant au Kosovo qu’en Suisse ! Une perte d’identité dans son pays d’origine et une identité pas encore complètement affirmée en Suisse. D’ailleurs, Fehmi le dit :
Trouver du travail là-bas est seulement possible dans les villes. Car en campagne, tout est encore détruit !
Le pays est en reconstruction depuis de nombreuses années. Car, dès les années 90, le contexte économique terriblement mauvais et les discriminations ont généré un fort courant d’émigration. Ainsi, la population albanaise du Kosovo en Suisse a joué un rôle important dans la reconstruction et en faveur de la reconnaissance du pays.
Un exemple !
Un exemple !
Un exemple, en même temps qu’un ambassadeur ! Exemple d’homme travailleur, toujours devant, sans jamais tricher. Un homme vrai, un homme bon, Fehmi ! Mais il est un ambassadeur également. Lorsqu’il se rend dans son pays natal, même s’il s’y sent un peu étranger, il évoque sa région d’accueil avec bonheur tant il s’y sent bien.
Et lorsqu’il est en Suisse, à Fleurier, chez lui, il est un digne représentant de son pays tout neuf, en pleine reconstruction, extrêmement reconnaissant de ce que ce Val-de-Travers lui a permis de construire. Il est, là encore, un digne représentant de sa communauté, soucieux d’éduquer ses enfants selon ses convictions et ses règles, fier de leurs parcours respectifs au plan professionnel, parfaitement intégrés dans la vie régionale.
Oui, Fehmi peut être fier de son parcours. Il est une belle personne, immensément reconnaissant envers les personnes qui lui ont permis de s’installer. Lorsque, au volant de son véhicule, il vous fait signe, c’est toujours avec conviction. Avec le sourire.
Regards extérieurs
Regards extérieurs
Son premier patron au Val-de-Travers, Philippe Jehlé, apporte son témoignage :
Fehmi, un sacré bon type, immense travailleur, quelqu’un à qui on pouvait faire entière confiance. Parfois, un tantinet sanguin, il s’entendait bien avec tout le monde. Au travail, toujours devant !
Un membre de l’autorité de Môtiers de l’époque s’exprime ainsi :
Déjà au cours de l’entretien, nous avions senti que l’on tenait vraiment la bonne personne ! Dès les premiers jours, Fehmi démontrait que nous ne nous étions pas trompés. Un travailleur infatigable, toujours de bonne humeur et souriant. Une perle !
À la Commune de Val-de-Travers, son ancien collègue Jean-Robert Rub le cite en exemple :
J’ai bossé cinq ans avec Fehmi. Un type honnête, fiable sur qui tu peux compter en permanence. Avec lui, tout est toujours très clair, jamais de sous-entendu. J’ai souvent ressenti un climat de confiance plus prononcé avec lui qu’avec d’autres collègues ! J’ajoute encore que Fehmi est une personne qui tient un rôle majeur au sein de sa communauté. Il gère parfois le tempérament de certains. Non, vraiment, un modèle !
Enfin, un autre de ses collègues actuels, David Pallizzi :
Un chef extraordinaire, le meilleur que je n’ai jamais eu ! Devant, qui montre l’exemple ! Jamais personne ne le conteste tant il se montre l’homme responsable qu’il doit être ! C’est vraiment lui qui m’a tout appris, il m’a pris sous son aile, pour moi, c’est comme un grand frère ! Tu as un problème, tu peux aller vers lui pour discuter. Il demande toujours l’avis des membres du groupe. Avec lui, le temps passe vite, on travaille beaucoup, souvent en rigolant ! Un homme vrai !