La vie au Vallon
Georges-André Vuille dit Gibbi : le courage et la disponibilité d’un homme de paix !
« Avec son air bourru, c’était le meilleur homme du monde ! » Alphonse Daudet – Le Petit Chose
Carte d’identité
Carte d’identité
Nom: Vuille
Prénom: Georges-André
Né le: 3 août 1948 à Couvet
État civil: En couple avec Rose-Marie
Profession: Retraité, ancien concierge communal
Domicile: Fleurier
Gibbi, vous ne pouvez pas le rater ! À coup sûr, vous l’avez plus d’une fois dépassé sur un tronçon de route du Val-de-Travers. Le coup de pédale n’est certes plus celui qu’il avait lorsqu’il montait au haut du mont Ventoux, n’empêche qu’il ne rate jamais sa sortie quotidienne.
Enfance
Enfance
Georges-André, frère jumeau de Jean-Claude, tous deux aînés de trois sœurs, naît à Couvet, y vit deux années durant avant de grandir à Môtiers, à la Golaye :
Les copains d’alors, Michel Brunisholz et Daniel Chevré !
Une mère au foyer et un père domestique à Plancemont avant de gagner les rangs de « la Dubied », accompagnent Georges-André dans un début d’existence marqué par la maladie. De sa scolarité, Georges-André ne parle que très peu :
Une scoliose de naissance, de nombreux séjours à l’hôpital durant dix années ne m’ont pas permis de vivre une enfance normale, et encore moins en ce qui concerne l’école !
Il se souvient toutefois de Mme Petitpierre et de MM. Ulrich Studer et Jean-Claude Leuba, durant ses neuf années d’école à Môtiers. Pour ce qui concerne les loisirs, c’est pareil :
Interdit de football et de hockey sur glace, je me suis intéressé au vélo mais bien des années plus tard ! Sans compter que l’on n’avait pas la télévision à l’époque !
Choix professionnel
Choix professionnel
Après un essai d’apprentissage de facteur non abouti, compte tenu du gros retard scolaire accumulé, une autre tentative dans l’horlogerie grâce à Lucien Boéchat :
Pas possible pour toi, avec ton dos !
Georges-André tente sa chance à Tornos :
Ma mère m’a dit qu’ils cherchaient des ouvriers !
Du tournage, de la fraise et du meulage, dès 1965, Georges-André, sous la responsabilité de M. Debrot d’abord, de M. Oberbeck ensuite, y passe de nombreuses années :
Je faisais les courses depuis Môtiers à vélo !
Puis l’entreprise Tornos ferme ses portes… Chômage ! En 1983, Henri Helfer, alors conseiller communal à Fleurier, s’approche de Georges-André pour lui proposer des travaux de conciergerie durant les vacances, à Longereuse. C’est le début d’une belle aventure au sein du personnel communal, dès lors qu’il est engagé par l’administrateur communal :
Je ne te connais pas mais je pense ne pas me tromper !
J’ai fait la connaissance de beaucoup de monde, à la Fleurisia notamment !
… En 2009, son employeur devient la Commune de Val-de-Travers, il est affecté à la crèche et au temple, avant de choisir de partir en retraite.
Vie personnelle et le Val-de-Travers
Vie personnelle et le Val-de-Travers
Georges-André est d’un naturel discret. Davantage encore lorsqu’il s’agit d’évoquer sa vie personnelle. En deux phrases, il résume son mariage, en 1985, qui ne dura que deux années, à Fleurier. Quelques déménagements avant de s’installer dans le logement de fonction de l’Hôtel-de-Ville de Fleurier. En 2002, il rencontre Rose-Marie, dont il fait la connaissance grâce à ses enfants, qui vient tout droit du canton de Thurgovie. Impossible de déraciner Georges-André du Val-de-Travers :
Je suis un vrai Vallonnier !
Seuls le vélo et le hockey sur glace lui ont permis de voir autre chose, aime-t-il préciser !
Cyclisme et hockey sur glace
Cyclisme et hockey sur glace
J’ai commencé le vélo à 27 ans ! Grâce à Patrick Moerlen…
Pour des raisons de santé, ajoute-t-il ! Il intègre alors la société cyclophile dans laquelle il retrouve Roland Jeannin, Christian Martinat, Michel Brunisholz et Patrick Moerlen :
Mon premier vélo, je l’ai acheté chez Moerlen !
Autre passion, le hockey sur glace :
J’allais aux matches ! Mais c’est en faisant la connaissance de Roby Perrinjaquet, à la Tornos, alors chef du matériel de la 1re équipe, que j’ai commencé a m’intéresser de plus près au club !
Avec les anecdotes et les histoires qui demeurent en sa mémoire, Georges-André pourrait écrire un livre : chronométrage, réparation des bandes, placeur en tribune, chargé de s’occuper des mini, responsable du matériel et enfin, aujourd’hui encore, responsable des maillots des équipes du CP Fleurier :
J’ai connu les belles années, j’ai côtoyé beaucoup d’entraîneurs, je conserve un souvenir lumineux de Stu Cruikshank mais je dois immensément à Philippe Jeannin !
Il ajoute discrètement qu’il n’a jamais eu beaucoup de remerciements mais aime à se targuer de toujours être resté à sa place :
Jamais, ils n’ont dû élargir les portes pour moi !
Et cette anecdote encore :
Je me souviens du jour où un joueur m’avait envoyé ch… ! Philippe Jeannin a alors réuni toute l’équipe dans le vestiaire pour exiger de chacun le respect de ma personne ! Je n’oublierai jamais ce moment !
L’esprit du Vallon
L’esprit du Vallon
C’est vrai qu’il est un peu bourru, Georges-André ! Cependant, il s’agit de ne pas en rester là… Il convient de se fier à la douceur de sa voix plutôt qu’à la rareté de ses mots. Comme nombre d’autres, il ne parle que très peu de lui, de ce qu’il est, préférant évoquer autrui ou alors, en le poussant dans ses retranchements, le faire parler de ce qu’il a fait ! Marqué par une enfance différente, Georges-André n’a jamais manqué de courage. Il n’a donc jamais dit non aux propositions de « petits boulots ». Grâce à sa volonté d’aller de l’avant, il a su se montrer d’une disponibilité extrême. Cependant, Gibbi n’est pas dupe. Il reconnaît rapidement en qui il peut avoir confiance et de qui il doit se méfier un peu. Sans doute, les dix ascensions du Mont Ventoux lui ont-elles appris à puiser tout au fond de lui les forces nécessaires à affronter les épreuves de la vie. Pour vivre une retraite en paix !
Le Mont Ventoux et Langenthal…
Le Mont Ventoux et Langenthal…
Impossible de ne pas s’attarder sur les exploits cyclistes de Georges-André. Des idoles, il en a eu ! Dans plusieurs sports : le gardien Antonio Permunian en football, Seth Martin, gardien de hockey sur glace, Dzurilla, Nedomanski mais surtout Anquetil et Poulidor ! En 1978, il se lance pour la première fois, avec 150 coureurs, dans la course de vélo de dix jours « Bruges-le mont Ventoux ». Il vivra cette extraordinaire aventure dix années de suite. Le Tour de l’Aveyron, une semaine, en 1976, les 12 heures de Gland. Il va même jusqu’à intégrer la Cyclophile de Bruges ! Les Pyrénées, et nombre d’autres courses encore.
Lorsque Georges-André parle du CP Fleurier, il dit « on » …
Quand on a gagné à Langenthal et qu’on est monté en ligue nationale B, j’ai conservé un maillot !
Cela en dit long sur sa manière de s’identifier à son club fétiche :
J’ai eu la chance de côtoyer beaucoup d’entraîneurs : Cruikshank, Réal Vincent, Coucou et Serge Martel ! Lui était un immense joueur mais un peu emprunté comme entraîneur, il m’avait lancé une fois « Donne-moi un coup de main pour faire l’équipe !
Lorsque Georges-André sort ses cahiers de coupures de presse, soigneusement collées, c’est avec un cérémonial qui en dit long sur son amour de ce club.
Regards extérieurs
Regards extérieurs
Michel Brunisholz connaît Gibbi depuis l’âge d’entrer à l’école :
Un gars de parole, très serviable que j’ai plaisir à rencontrer. Lorsque j’ai eu des ennuis de santé, que je ne pouvais plus me lever, il était là, présent à chaque fois, pour me mettre debout. Sensible, droit, il a ses idées et il y tient ! Un peu bourru mais extrêmement gentil. On a fait bien des sorties sportives ensemble, du vélo – Bruges-le mont Ventoux –, aux matches de football et ce fameux séjour à Grenoble, en 1968, lors des Jeux olympiques. Avec Gibbi, c’est une solide amitié qui s’est nouée !
Jean-Claude, frère de Georges-André, s’exprime ainsi :
Mon frère, c’est un homme de principes. Il s’est beaucoup investi dans le sport sans pouvoir le pratiquer ! Pour le CP Fleurier, Gibbi c’est une encyclopédie… Un type fiable, toujours de service, donnez-lui rendez-vous à 8 heures, il sera présent 15 minutes avant ! Mon frangin, c’est la règle des 3 singes : rien vu, rien entendu, je me tais !