La vie au Vallon
Quand Olivier D. Barrelet « sort du bois » !
« Pour vous plaire, je vous sacrifierais volontiers mon bonheur, ma santé, ma vie » W.-A. Mozart – Lettres à son père
Carte d’identité
Carte d’identité
Nom: Barrelet
Prénom: Olivier D.
Née le: 16 avril 1938 à Zurich
État civil: Divorcé
Domicile: Môtiers
Après une brillante carrière dans le monde de la haute technologie, Olivier D. Barrelet vit aujourd’hui, quelque peu retranché, à Môtiers, pour y assouvir sa double passion, la sculpture sur bois et Mozart ! À sa disposition, le bel appartement et le magnifique jardin de la cure du temple de Môtiers pour exercer son art et celui de la rencontre…
Un père, cadre administratif et officier de l’armée suisse, une mère comtesse allemande, Olivier D. Barrelet grandit « au sein d’un environnement aristocratique, sans véritable langue maternelle ! ». En effet, il converse en français avec son père, en « Hochdeutsch » avec sa mère et en dialecte zurichois avec sa sœur et ses camarades de classes.
J’étais un très mauvais élève, on ne s’est donc jamais tellement occupé de moi ! Bref, une enfance quelque peu traumatique…
Adolescence chahutée
Adolescence chahutée
J’avais un vélomoteur ! J’ai construit tout seul un moteur d’une voiture…
Considéré comme « invivable », sa mère lance un jour à son mari :
Soit il part, soit je m’en vais !
Olivier D. Barrelet est dès lors « éjecté » et s’en va vivre à Zollikon, chez une dame « adepte de Jung » ! Son père prend alors contact avec son frère de Neuchâtel, ils décident de l’inscrire à l’école d’ingénieurs « sans se demander si j’étais fait pour un monde cartésien ! ». Olivier D. Barrelet débarque donc, seul, à Neuchâtel, en 1955, rue de l’Evole 15, dans un appartement sis l’étage au-dessus de celui de sa grand-mère. S’il rencontre quelques difficultés au cours de son cursus d’études, il obtient son diplôme en 1960. Durant ces cinq années au cours desquelles la « porte zurichoise » s’ouvrait le temps des fins de semaines, Olivier D. consacre son temps à ses cours et passe ses vacances dans le chalet familial de Cortaillod ou à Gstaad et à Plan-Essert, au-dessus de Boveresse, pour skier. Il fait la connaissance de Christine, la femme qui deviendra son épouse et la mère de ses enfants, Nicolas et Stéphanie.
Brillante carrière
Brillante carrière
Diplôme en poche, Olivier D. Barrelet, au volant de sa gogomobile, s’en va découvrir l’Espagne et le Portugal. Il est engagé par Ebauche SA, en qualité de spécialiste de l’automation. Mariage en 1965, le couple réside tout d’abord à Bevaix, dans la maison familiale, avant de déménager à Longeau, car employé à Granges. Lecteur de la Technische Rundschau, Olivier D. Barrelet est attiré par une annonce de la CNMP « Entreprise française recherche ingénieur ». Il fait acte de candidature, est retenu pour s’en aller travailler au Havre :
Bien payé, avec tous les privilèges du cadre, on se fait plein d’amis !
Nous sommes alors en 1968 :
L’usine est occupée, très poliment, la grève dure six semaines ! Les magasins sont vides…
Deux années plus tard, nouvel attrait pour l’annonce d’une entreprise canadienne :
C’est le départ pour Ottawa, j’apprends l’anglais mais je sens immédiatement que le Canada n’est pas fait pour moi ! J’éprouve le besoin d’un environnement culturel plus vivifiant !
Olivier D. Barrelet lorgne dès lors du côté des états-Unis, de New York plus spécialement :
Je vis alors un rêve en arrivant dans cette ville que je survole d’abord de nuit ! Moi, petit Suisse, je vais travailler à New York !
À Waterbury, dans le Connecticut d’abord, puis à Harrisburg, Penn-sylvanie… Olivier D. Barrelet mène grand train :
Je pratique la voile, le vol à voile, je restaure des voitures de sport anglaises et je réside dans une belle maison !
Et d’ajouter encore cet événement qu’il vit de front :
Cette tragique panne nucléaire de TMI – Three Mile Island – dont tout le monde se souvient et j’ai failli tout perdre !
La fracture
La fracture
Un jour de 1985, son épouse lui annonce qu’elle a choisi de vivre une autre vie avec une autre personne :
Tout s’écroule ! J’en perds la voix en même temps que tous mes moyens… Je ne parviens plus à me gérer !
Olivier D. Barrelet décide de tout laisser là-bas et de rentrer en Suisse. Nouveau rejet familial :
Tu es une honte pour la famille !
Après quelques années, suite à la fermeture de l’entreprise qui l’emploie, il adresse plus de trois cents courriers :
À 53 ans, c’est extrêmement compliqué et très humiliant !
Par le biais indirect d’Antoine Grandjean, il trouve du travail au sein de l’entreprise Centredoc où il demeurera jusqu’à l’âge de 63 ans, date de son choix de retraite. Il dispense un cours à l’EPFL – « Electronic Packaging » –. Suit un véritable tournant dans sa vie…
Mozart et la sculpture
Mozart et la sculpture
La devise d’Olivier D. Barrelet, empruntée à Confucius :
Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie !
Un virage à 180 degrés l’a amené à la musique classique – Mozart notamment –, puis à la sculpture :
Pour moi, la sculpture est un voyage intérieur, un voyage au cœur de son âme, au cœur de la matière. Mais surtout, la sculpture est un dialogue entre le vide et le plein, entre l’âme de l’artiste et la matière, entre le monde végétal et ses propres profondeurs. La vie résulte finalement de la constitution d’un intérieur en relation avec un extérieur
Et Mozart ? Une impressionnante collection d’ouvrages qu’il souhaite remettre à un autre amoureux de Mozart, d’une part. Et, de l’autre, un grand nombre de conférences consacrées au musicien. Sculptant le bois dans son jardin, Olivier D. Barrelet participe, tous les jours ou presque, à « Art en plein air », événement auquel il aurait rêvé d’être associé ! Cela ne l’empêchera pas de perpétuer son désir d’exposer, grâce à Dorothea, son véritable pygmalion avec laquelle il passe beaucoup de temps, dans une belle connivence.
Résilience et reconnaissance
Résilience et reconnaissance
Établi à Môtiers depuis quelques années seulement, Olivier D. Barrelet est rapidement devenu un « personnage ». Une de ces personnes un peu secrètes qui intriguent les gens du cru !
Son large chapeau noir et sa chemise blanche ne sont toutefois pas passés inaperçus au village où on le voit peu. Pourtant, il est une personne que l’on peut aisément interpeller afin d’entamer une conversation. Intarissable au sujet de sa reconversion bienfaisante : la sculpture génère en lui une seconde vie qu’il développe grâce à Mozart également.
À son âge, cela devrait le combler de bonheur ! Presque… Car Olivier D. Barrelet ressent cet intense besoin de vivre sa passion artistique et, ainsi, acquérir cette reconnaissance qui lui permet d’exister. Une enfance chahutée sans doute. D’où cette soif d’user de la vie du bois pour en sortir une autre vie encore.
Permanente quête d’équilibre qu’il assouvit au travers de son art de la conversation. Bonheur de la rencontre qu’il agrémente d’un sens de l’humour aussi développé que maîtrisé. Si vous le croisez, arrêtez-vous ! Cela lui fera plaisir et à vous aussi.
Regards extérieurs
Regards extérieurs
Une amie de longue date, Kathleen Mojon, s’exprime ainsi :
Olivier est un personnage hors du commun, un esthète qui œuvre hors des sentiers battus. Il adore les gens. Avec lui, on ne s’ennuie jamais, je dirais même qu’il est « histrionique » car il aime se mettre en scène, et il le fait bien. Avec son originalité, son extraordinaire énergie. Il met beaucoup de fantaisie dans sa vie et celle des autres !
Jean-Samuel Bucher le connaît depuis son installation à la cure de Môtiers :
Cet homme a un parcours de vie exceptionnel. Grâce à sa force de vie, il est parvenu à sortir des normes imposées. Il est une véritable histoire d’espérance. En symbiose avec le bois, puisque dans le bois mort, il parvient à faire quelque chose de vivant. Quelle superbe résilience ! Un homme de foi qui pose des actes de vie !