Village modèle pour les 30 km/h
À Boveresse, on lève le pied !
On ne sait pas si les conducteurs lèveront les bras pour féliciter les initiants de ce projet mais ils devront en tout cas lever le pied lorsqu’ils traverseront Boveresse. ça, c’est certain ! Effectivement, Boveresse devient le premier village où il faut désormais rouler à 30 km/h au Val-de-Travers. Une limitation de vitesse en ce sens existait déjà depuis longtemps sur certaines de ses rues. Celle-ci est désormais généralisée à la suite du passage en « zone 30 » des quelques centaines de mètres qu’il restait à transformer. Une partie des habitants du village appelait notamment à cette finalisation.
Cibler les besoins réels
Boveresse devient donc le village modèle du Vallon pour le projet de « zone 30 », soutenu par le Conseil communal. Ce projet prévoit une large introduction du 30 km/h dans les autres villages dans les prochains mois ou dans les prochaines années. Môtiers, Travers et Noiraigue devraient être les prochains à basculer, en 2023. Les axes principaux, telle la H10, et d’autres rues ou une telle introduction ne s’impose pas, lui échapperont et resteront en « zone 50 ». « Notre stratégie est de cibler les réels besoins de changement de limitation. Il faut être logique et conserver les principaux axes de passage notamment », développe le conseiller communal Benoît Simon-Vermot.
Les Grand’Rue, cibles prioritaires
Dans un second temps, les plus grands villages seront aussi concernés par le projet du Conseil communal. On pense évidemment à Couvet et à Fleurier. Dans ces villages, une étude approfondie de l’utilisation des routes devra conduire à une introduction réfléchie des zones limitées à 30 km/h. Il ne s’agirait pas d’engorger des voies où passent un trafic conséquent tous les jours. L’idée est plutôt de prioriser les besoins du terrain en tenant compte du passage quotidien et de certains lieux « sensibles » (crèches, écoles…). « Ce sont les rues vivantes où la vie se fait dense qu’il faut songer à faire passer en zones 30, en concertation avec la population. Il serait peu judicieux pour les Vallonniers d’instaurer cette limitation à la rue du Temple de Fleurier par exemple. En revanche, cela pourrait faire sens d’y penser pour la Grand’Rue de Couvet ou celle de Môtiers. »
Le coup de pouce du Conseil fédéral
La Grand-Rue de Fleurier, notamment le secteur qui relie le giratoire du Snack à la Migros, pourrait aussi basculer vers une limitation. « Rien n’est définitivement établi, on est encore en phase d’étude. Les procédures de création de zones 30 km/h devraient être accélérées dès le premier janvier à la suite d’une décision du Conseil fédéral qui abolit l’obligation d’expertise pour les axes non principaux. » En d’autres termes, et selon l’interprétation du Conseil communal, il ne serait plus obligatoire de lancer une longue et coûteuse procédure avant de faire la transition vers une zone 30. Les communes seront donc beaucoup plus libres de procéder à leur mise en place.
Pas d’aménagements urbains coûteux et inutiles
Par ailleurs, cette transition progressive et réfléchie ne devrait pas déboucher non plus sur la réalisation d’aménagements urbains coûteux et bien souvent peu utiles en pratique. « Les routes sont déjà passablement étroites au Val-de-Travers. On ne va pas chercher à réduire la chaussée pour agrandir les zones piétonnes à outrance. Il s’agit surtout de mieux cohabiter. Il y a 60 ans, tout avait été pensé en fonction de la voiture. Il s’agit maintenant d’adapter nos infrastructures aux vélos et aux autres moyens de mobilité », poursuit Benoît Simon-Vermot. Les projets de rénovation des différentes gares vallonnières s’inscrivent aussi dans cette vision globale du futur.
Éviter les poches de zones 50
Pour revenir sur nos routes, il faut rappeler les objectifs principaux du projet « zone 30 ». Outre augmenter la qualité de vie de la population, il s’agit d’augmenter la sécurité, d’agir contre la pollution et de lutter contre les nuisances sonores. Réduire la vitesse est autrement moins coûteux que de poser du bitume phono-absorbant. « Nous voulons aussi simplifier la circulation au cœur des villages et éviter que des poches de zones 50 soient perdues au milieu de zones 30. » Un Vallonnier, comme un touriste, doit pouvoir s’y retrouver facilement grâce à un fil rouge commun dans chaque village.
Les zones 30 ne sont pas des places de jeux
Le Conseil communal entend finalement profiter des aménagements cantonaux qui arrivent dans nos villages pour repenser efficacement l’espace. Tout en restant dans le domaine du raisonnable. « Nous sommes sensibles aux discours de chacun et on cherche les meilleurs compromis. Les familles doivent aussi comprendre qu’une zone 30 n’est pas l’équivalent d’une zone 20. Les véhicules restent prioritaires et les enfants ne peuvent pas prétendre jouer sur la route par exemple. » Bref, il faudra que chacun avance à la même vitesse vers le bon sens pour que tout roule un peu mieux encore.
Kevin Vaucher