Volleyball
Luiz Souza face à un mur
Suspendu de sa fonction d’entraîneur le 10 février 2022, Luiz Souza vient de voir sa suspension levée (le 29 mars) à la suite d’une opposition auprès de la chambre disciplinaire du sport suisse de Swiss Olympic. Mais l’enquête pour manquements à l’éthique lancée par Swiss Sport Integrity continue ! Problème, le coach incriminé n’a toujours pas eu accès au dossier pour se défendre. Bien décidé à se battre et à laver son honneur, il demande aujourd’hui à ce que les droits de la défense soient respectés. Avec son avocat Kiliann Witschi, il a également déposé une plainte pénale contre X pour diffamation et calomnie, notamment. Face à un mur, Luiz Souza réplique sans filet mais avec détermination.
La situation autour de Luiz Souza a donc récemment évolué. Le championnat du VBC Val-de-Travers étant terminé, la suspension du coach brésilien aurait perdu tout son sens selon Swiss Sport Integrity. Mais la problématique de fond persiste néanmoins. Luiz Souza se retrouve comme un alpiniste devant un mur à escalader, sans corde et les yeux bandés. Cette situation est ubuesque et kafkaïenne depuis bientôt deux mois.
Battage médiatique sans précédent
Je souhaite uniquement pouvoir apporter ma version des faits,
plaide-t-il calmement.
Je veux donc simplement faire valoir mon droit à consulter le dossier.
Mais ses demandes ont été ignorées par Swiss Sport Integrity jusquʼà ce jour. Le coach de 57 ans a la désagréable impression que son cas est en train dʼêtre utilisé comme exemple par cette fondation. Appelée « Fondation Antidoping Suisse » jusquʼau 1er janvier 2022, cette entité a changé de nom et a développé ses activités pour également statuer sur les manquements supposés à lʼéthique dans le sport suisse. à peine deux mois après cette mue, lʼouverture de lʼenquête contre Luiz Souza a mis un gros coup de projecteur sur son activité à la suite dʼun battage médiatique sans précédent autour du club.
Mon nom est sali et lié à ces accusations quoi quʼil arrive
Après deux mois de procédure, Luiz Souza demande à être confronté aux preuves recueillies ou à être relaxé.
Même libéré de ma suspension (29 jours après la fin du championnat), ma situation professionnelle dans le volley reste bloquée.
Le Brésilien tient à se battre jusquʼau bout dans cette affaire bien que, pour lui, la sanction en termes dʼimage est déjà tombée. Sur la base de quelques témoignages, trente ans dʼinvestissement personnel et de sacrifices dans ce sport ont été jetés à la poubelle. Son nom a été exposé dans plus d’une dizaine d’articles en moins de deux semaines et cela laisse des traces. Son souhait est que les protagonistes de ces accusations assument désormais leurs propos.
Chaque personne placée devant ses responsabilités
Depuis le 10 février, cʼest en silence quʼil a subi les coups les uns après les autres. Cʼest impuissant quʼil a vu sa carrière sʼeffondrer devant lui jour après jour au rythme des attaques menées dans la presse. Trop, cʼest trop ! Luiz Souza sort de sa réserve aujourdʼhui et il demande à chaque personne de prendre ses responsabilités. Il souhaite connaître concrètement ce qu’on lui reproche pour faire avancer l’affaire. Luiz Souza en a gros sur la patate, cʼest un cri du cœur et de souffrance quʼil laisse enfin sortir.
Plainte pénale pour diffamation et calomnie
Il ne joue pas et nʼa plus envie de jouer avec un avenir quʼil voit de plus en plus incertain. Dans cette optique, il a déposé une plainte pénale (contre X), fin mars, pour diffamation et calomnie concernant les propos relayés dans la presse à son sujet. La procureure en charge de ce dossier a dʼores et déjà chargé la police de procéder à divers actes dʼinvestigation. Aujourdʼhui, Luiz Souza demande des comptes pour ces atteintes à lʼimage qui lʼempêchent de travailler. Après que Luiz Souza a formé une opposition contre la décision de suspension provisoire, la chambre disciplinaire du sport suisse a ordonné à Swiss Sport Integrity de transmettre le dossier au « camp Souza » (en version anonymisée si besoin).
Swiss Sport Integrity prend la parole
Mais la fondation a refusé, par crainte de répercussions sur les personnes qui l’incriminent. Luiz Souza nʼentraînant plus et les joueuses ayant été libérées de leurs contrats, cet argument est plutôt fragile. Contactée par nos soins, la fondation indique quʼelle procède actuellement à de la collecte dʼinformations ainsi quʼà des entretiens avec différentes personnes en lien avec lʼaffaire. Elle poursuit en affirmant quʼelle déposera un rapport dʼenquête auprès de la Chambre disciplinaire du sport suisse lorsque lʼenquête sera terminée. Cʼest elle qui décidera dʼune éventuelle sanction. Dʼici là, Luiz Souza devrait avoir été entendu.
On accorde même aux pires criminels le droit de consulter leur dossier pour se défendre, alors pourquoi me le refuse-t-on pour des manquements supposés à lʼéthique ?
La question est lâchée, résonnera-t-elle dans les parois du « mur » ?
Kevin Vaucher